Le Nintendo Direct diffusé ce 28 juin a mis en évidence un phénomène : la Switch se tourne définitivement vers le passé. Si quelques indés ont pu intriguer (Blanc, Lorelei and the Laser Eyes, entre autres), ce qui a surtout marqué les esprits, ce sont les portages et le retour de légendes du jeu vidéo.
Ainsi, la Switch accueillera (enfin), comme le Game Pass, la trilogie constituée de Persona 3 Portable (2011), Persona 4 Golden (2013) et Persona 5 Royal (2020). NieR: Automata (2017) est aussi porté sur la petite Nintendo, tout comme les jeux Portal (2007) et Portal 2 (2011) réunis au sein d’une compilation.
On pourrait presque dire que c’est un line up qui sent la poussière, s’il n’était pas constitué de titres aussi brillants. Une série de sorties un peu (beaucoup) rétro qui s’accompagne du retour de héros de légende. Et quand on dit « de légende », on veut dire qu’ils sont là depuis très, très longtemps. Jugez plutôt : Pac-Man, apparu en 1980, qui est ici au générique d’un remake d’un jeu de 1999 ; Mega-Man, un personnage qui fête ses 35 ans d’activités et qui sera le héros du portage d’une série de jeux débutée en 2001 ; et encore Bomberman, avec une nouvelle itération de la formule qu’on connaît depuis 1983 !
Et comme si ce plongeon dans le passé ne suffisait pas, les nouveautés aussi étaient teintées d’un certain esprit d’antiquaire, avec d’un côté Mario + Les Lapins Crétins: Sparks of Hope, suite d’un jeu de 2017, ou encore l’exclu temporaire Return to Monkey Island, qui nous ramène trente ans en arrière, à l’âge d’or du point’n’click…
Vous nous répondrez que la Switch n’est pas la seule à investir dans la vieille pierre. Avant elle, Microsoft a beaucoup communiqué sur la rétrocompatibilité, et Sony essaie de nous vendre en ce moment même son abonnement PS Plus à grands renforts de son catalogue classique, issu des publications PS1, PS2 et PS3…
La différence, c’est qu’à la concurrence, ces fonctionnalités sont une sorte de bonus proposé aux joueurs. En ce qui concerne la Switch, on a de plus en plus l’impression que c’est son cœur de métier… Ce n’est pas nouveau : dès les premières années, on s’amusait du phénomène but on Switch, et de tous ces jeux qu’on possédait déjà et qui ressortaient sur la console hybride.
L’hybride, justement. C’est cette fonctionnalité qui risque de cantonner la machine dans le « oldies but goodies ». Plus les machines de nouvelle génération s’installent, plus les développeurs les prennent en main, aussi, et plus le fossé se creuse avec la console de Nintendo, qui se veut aussi console de salon. Ce fossé est désormais infranchissable. Le portage de The Witcher III s’était déjà fait dans la douleur, alors comment imaginer les jeux de 2023 portés sur Switch ? En mode docké, les différences entre les titres Switch et ceux qui tournent sur PS5/ Xbox Series vont être de plus en plus douloureuses…
Bien entendu, Nintendo a toujours été un peu à la traîne techniquement, et cela ne l’a jamais empêché ni de fonctionner commercialement – et même avec une certaine insolence ! – ni de proposer de très bons jeux. Nous verrons dans quel état sortira Breath of the Wild 2. Les commentateurs ne se priveront pas de faires les comparaisons presque obligatoires avec un certain Elden Ring. Le premier BotW avait servi de transition entre la Wii U et la Switch. Le deuxième épisode marquera-t-il le départ en retraite de la console hybride ? À moins que le serpent de mer Switch Pro ne refasse parler de lui…