Le scalping est au jeu vidéo ce que le Saumur Champigny est au vin rouge, une immondice qui n’aurait jamais dû voir le jour. Résultat de pseudo-traders souhaitant se faire quelques écus sonnants et trébuchants sur le dos des gamers, le scalping consiste à anticiper une rupture de stock d’un produit ou service très demandé, en achetant ce dernier en quantité dans le but de le revendre de 1.5 à XX fois le prix. Une pratique que l’on pourra qualifier de dégueulasse et qui a évidemment connu son heure de « gloire » lors de la sortie des PS5 . Fort heureusement, la Loi, la vraie, semble décidée à se mettre en œuvre pour empêcher la manœuvre.
En effet, en Écosse, le député du Parti National écossais Douglas Chapman a récemment présenté un projet de loi d’initiative parlementaire visant à interdire la pratique du scalping. Sky News rapporte d’ailleurs que le projet de loi s’intitule « Gaming Hardware (Automated Purchase and Resale) Bill 2019-21 », et qu’il fonctionnerait de la même manière que l’interdiction de revente de tickets mise en place il y a quelques années dans le même pays. Des achats menés essentiellement par des bots, programmés pour acheter et revendre au potentiel maximum, qui dépassent de loin les simples agissements tout aussi honteux de votre voisin qui aurait acheté deux PS5 pour se faire un peu de blé avec la seconde.
Des bots véritablement efficaces puisque ces derniers auraient (toujours en Écosse) réussi à s’emparer de 3500 consoles auprès des détaillants en ligne. Un coup « d’éclat » qui aurait poussé Chapman à demander une législation qui interdirait la revente de consoles à des prix « largement supérieurs au prix de détail recommandé par le fabricant ».
Toutefois, ne nous emballons pas, puisque le projet de loi est encore loin d’aboutir, comme le reconnaît Chapman lui-même. Pour l’instant, il s’agit surtout de forcer le gouvernement à prendre ses responsabilités sur une dérive du marché liée aux acheteurs privés. Un coup de com’ en quelque sorte pour faire connaître la vile manœuvre qu’est le scalping à tout un pays, ce qui pourrait potentiellement forcer la main à des politiques un peu frileux sur la question, même si pour l’instant, Caroline Dinenage, la ministre d’État chargée du numérique et de la culture, a répondu que « les fonctionnaires discutent de cette question avec l’association professionnelle de l’industrie des jeux vidéo. »
Néanmoins, même si les politiques se penchent dessus, il reste un sacré morceau à traiter : les délimitations qui rendraient la loi efficace. Eh oui, imaginez, on limite la hausse de prix à la revente d’un produit et c’est potentiellement le milieu de la collection que l’on met en danger (exit les Dracaufeu à 500 000€ par exemple). D’un autre côté, une loi trop souple laisserait l’espace aux plus malins des scalpers pour continuer leurs affaires.
Et puis, au-delà de cet aspect technique, il y a mine de rien le principe des libertés individuelles qui serait potentiellement questionné ici. En effet, tout à chacun est censé être libre de disposer de ses biens comme il l’entend, et une telle loi, si elle est mal dosée, pourrait mettre à mal les droits des consommateurs.
Néanmoins, qu’une réflexion se pose sur le sujet est déjà une première étape appréciable. Un débat que l’on espère bientôt voir en France, avec une année 2021 qui comportera son lot de rupture de PS5, ces dernières arrivant au compte-gouttes tout au long de l’année.