C’est l’un des sujets les plus chauds du moment, le prix des jeux PS5 (et Xbox Series X) qui passeront de 70€ à 80€ pour la plupart. Et bien entendu, quand on touche au porte-monnaie des joueurs, la grogne monte assez vite. À une heure où de plus en plus de services dématérialisés proposent de jouer pour pas un rond, cette nouvelle hausse des prix n’est-elle pas un argument nous poussant tout droit vers une future guerre des abonnements ?
Tout d’abord, qu’on se le dise, le jeu à 70€ ne date pas d’hier. En effet, déjà à l’époque de la SNES, s’offrir un jeu coûtait la bagatelle de 449 francs (69€ environ). Ainsi, malgré une baisse temporaire du prix des jeux autour des 50€ à l’époque PS1/PS2, on est mine de rien assez vite revenu au coût initial du secteur. Un historique qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs.
Par exemple, à l’époque de la NES, et ce, malgré des ventes de consoles « moyennes » comparées à aujourd’hui (61 millions), Nintendo profitait d’un quasi-monopole, incluant donc une libre tarification sur ce qui était à l’époque une avancée technologique de taille. Une politique de prix que l’on retrouvera d’ailleurs pour l’époque SNES/Megadrive, les constructeurs (SEGA notamment) préférant sacrifier le prix des consoles plutôt que de leurs jeux.
Mais c’est avec l’âge d’or de la PS1 et de la PS2 que le véritable changement en termes de prix arrivera. Cela s’explique notamment par le nombre de consoles de salon que Sony réussira à installer dans les foyers du monde entier. Un boom sans précédent qui fera de ces deux PS les consoles de salon aux jeux les moins chers de l’histoire, où certains jeux neufs pouvaient se trouver à 30€ sans problème !
Une baisse de prix qui s’explique alors par la démocratisation des moyens de concevoir un jeu, avec les débuts d’une certaine forme d’automatisation. Ceci, couplé avec un potentiel client doublé par rapport aux générations précédentes, nous offre tous les ingrédients nécessaires pour avoir des prix plutôt canons.
« Hélas », la gen’ actuelle signera le retour des jeux à 70€ avec comme raison principale la hausse des coûts de développement. En effet, un jeu comme GTA V a réclamé plusieurs centaines de développeurs afin de sortir cette icône de l’industrie, là où, il y a quinze ans à peine, une équipe d’une vingtaine de développeurs pouvait sortir un Banjo-Kazooie, ou un Goldeneye. Ainsi, l’économie d’échelle semblerait être rattrapée par les charges fixes des studios.
Et puis, autre détail très (trop) souvent négligé : l’inflation. En effet, 70€ d’hier ne valent pas 70€ aujourd’hui. Imaginez donc un peu l’impact de l’achat d’un jeu sur les salaires de l’époque (on le rappelle, les SMIC entre 1980 et 1990 étaient d’environ 670€). Ainsi, on peut affirmer sans trop se mouiller que jamais le jeu vidéo n’aura été aussi accessible que lors de cette dernière décennie.
Au vu des éléments cités plus haut, il paraît donc compréhensible que le prix des jeux vidéo augmente à un moment ou un autre. Néanmoins, un échange rapide avec Hugues Ouvrard, l’ancien directeur de Xbox France, nous apprend que le prix d’un jeu n’est pas toujours raisonné par des raisons purement objectives (comme les coûts de production).
Prenons un exemple tout bête d’un autre secteur : la voiture. Il n’y a (selon les modèles) parfois aucune différence entre le matos présent dans le ventre d’une Audi et d’une Volkswagen. Pourtant, la première va vous coûter une plus grande surface de peau des fesses que la seconde. Pourquoi ? Pour le positionnement « premium », tout simplement. Et on retrouve le même « vice » de forme dans notre industrie préférée.
En ce moment, nous sommes à un croisement de générations, et commercialement parlant, on n’envoie pas forcément les bons messages si l’on place des jeux PS4 et des jeux PS5 au même prix. Ici, la volonté d’augmentation de prix est en partie pour appuyer cette notion de nec plus ultra instinctive dans l’esprit de certains consommateurs. Mais, parce qu’il y a un mais, ce n’est malheureusement pas la seule raison qui peut pousser à une hausse des prix.
Pour la faire courte, nous sommes en période de test. Tous les éléments tendent d’ailleurs à le prouver. Nouvelle génération, nouveaux services, nouvelle technologie sont d’autant plus de « vraies-fausses » raisons d’augmenter le prix afin de voir si le grand public l’acceptera. Parce qu’évidemment, si malgré l’augmentation du prix des jeux PS5, les ventes continuent de cartonner, à quoi bon s’embêter à baisser les prix pour quelques Gaulois réfractaires ?
Et puis, il y a aussi les nombreux services d’abonnements qui risquent de sévèrement gagner en popularité, avec par exemple le Game Pass de chez Xbox, ou bien encore le tout nouveau pari d’Amazon avec Luna, sa plateforme de cloud gaming. Une tentation à logique économique à laquelle beaucoup risquent de succomber, amenuisant potentiellement les ventes des titres n’étant pas sous un giron tel que celui de Microsoft.
Quoi qu’il en soit, il nous appartient toujours, à nous, consommateurs, d’acheter en âme et conscience, sans forcément dire oui à tout ce que l’on nous sert.