Aujourd’hui, nous sommes tombés sur un article de Polygon (cité en source plus bas) mettant en avant le jeu Timberborn et sa volonté de rester en accès anticipé (ou plus communément early access) « jusqu’à ce qu’il mérite vraiment son label 1.0 ». Testé par les joueurs depuis 2018.
Mechanistry se fait confiance et avance au pas
Évidemment, premier réflexe : râler. Un jeu pas fini vendu plein pot ? 34 € ! Et puis on va jeter un œil aux commentaires pour nourrir un bon vieux biais de confirmation… sauf que personne ne râle. Alors on file sur Steam, histoire de vérifier tout ça : 95 % d’évaluations positives sur ces années en ligne.
Premier jeu du studio, déjà récompensé et manifestement en bonne voie pour devenir rentable, le statut d’early access a clairement permis à Mechanistry de faire grandir Timberborn dans les meilleures conditions possibles. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde…

Cette lecture nous a donné envie de passer un petit coup de plumeau sur les douze années qui ont ponctué l’histoire de Steam depuis l’apparition de ce système, censé prévenir les utilisateurs qu’un produit est vendu « en construction » tout en garantissant une certaine transparence : pourquoi l’early access ? Combien de temps ça va durer ? Est-ce que le prix va évoluer ? Autant de questions dont les réponses varient…
Pour reposer un peu le contexte : le programme early access de Steam a été lancé le 20 mars 2013. L’idée ? Permettre aux joueurs de payer un peu moins cher pour soutenir un projet en cours de développement, tout en offrant aux développeurs un coup de pouce financier avant la sortie officielle.
Une forme de troc moderne entre confiance et économie. Attention toutefois à ne pas confondre avec cette pratique bien plus cynique qui consiste à vendre « quelques jours d’avance » à ceux dont le seul mérite est d’avoir un peu plus d’argent que les autres. Ici, on parle (en principe) d’un vrai partenariat joueur-développeur.
Il serait tentant de résumer cette phase à une arnaque bien ficelée, mais ce serait faire preuve de mauvaise foi. Oui, acheter un jeu en accès anticipé est une prise de risque. Mais en quoi est-elle fondamentalement différente de l’achat d’un jeu dit fini, vendu plein pot, parfois tout aussi bugué et bancal ? C’est à chacun de définir sa tolérance en fonction de son budget, de ses attentes et de sa patience.
La réalité, c’est qu’il existe peu de développeurs (surtout indépendants) dont l’unique but est de vous soutirer de l’argent. En revanche, il y a beaucoup de studios qui, faute de moyens et de temps, n’ont tout simplement pas les ressources pour terminer leurs jeux s’ils ne commencent pas par lever des fonds. L’early access, dans bien des cas, c’est un pari mutuel, pas une escroquerie.
Savoir s’informer, apprendre du passé
Mais voilà, même en sachant repérer les bons élèves, les déceptions existent. Prenons les early access interminables : certains y verront un point positif : un jeu suivi pendant des années, à la manière d’un MMORPG sans abonnement. D’autres y verront un éternel chantier, un produit jamais vraiment fini, et l’impression de tourner en rond sans fin. Project Zomboid est un bon exemple : pionnier du système, il est là depuis les débuts de l’early access, et malgré de nombreuses mises à jour ambitieuses… la version 1.0 se fait toujours attendre.
An Ankou est un autre bon exemple, mais cette fois du versant plus amer du système. Un très bon jeu, au concept solide, à la direction artistique marquée et à un contenu tout à fait respectable pour un prix d’entrée modique (5 €). Mais malgré ses qualités, l’early access a raté sa cible. Voilà maintenant un an et demi qu’aucune mise à jour n’a vu le jour, et il n’y en aura plus. Le studio breton Alkemi, à l’origine du projet, a été liquidé. Un beau potentiel, fauché en plein vol.
Et puis, évidemment, difficile de ne pas penser à No Rest for the Wicked de Moon Studios. Un titre ambitieux, oui, mais aussi un exemple frappant d’un dialogue à sens unique. Tandis que le directeur du studio enchaîne prises de parole sans aucun sens et postures d’auteur, il continue d’ignorer ostensiblement les retours de sa communauté. Une attitude d’autant plus regrettable quand on choisit ce modèle, censé reposer sur une écoute active et une co-construction avec les joueurs.
Heureusement, dans la majorité des cas, ça se passe bien. Les jeux en early access qui réussissent ne sont plus des perles rares. On évoquait Timberborn plus haut, mais on pourrait tout aussi bien citer Hades, Witchfire, V Rising, ou le mastodonte Baldur’s Gate 3. Autant de titres qui ont su maintenir l’intérêt des joueurs grâce à des mises à jour régulières, pensées non pas pour réparer à la va-vite, mais pour enrichir intelligemment l’expérience, en prolongeant leur durée de vie sans en dénaturer le cœur.
Alors oui, acheter un jeu en early access, quand on est consommateur, demande une démarche un peu plus consciente. Il faut regarder de plus près, lire, comparer, se demander si l’on est prêt à soutenir un projet encore en chantier. Et dans le doute, restez fidèle à la règle d’or : n’achetez que si le jeu vous plaît déjà dans son état actuel.
Early Access – La perversion du système au nom de l’argent
Poulet
Baldur’s Gate 3 – Une date pour la mise à jour finale
broccomilie
[Gamescom 2021] Timberborn – Vis ma vie de castor !
New Game Plus