Peu de jeux ont réussi à s’illustrer dans le registre du jeu de guerre pacifiste. Si le jeu vidéo a si mauvaise presse au sujet de sa violence, c’est que d’un point de vue cathartique, un jeu est toujours plus grisant quand on peut dégainer une arme et vider le chargeur sans réfléchir, et certainement plus facile à vendre aussi. Pourtant, des jeux comme Spec Ops: The Line (2012) ou bien encore Bioshock (2007) interrogent le joueur sur ses actions et notamment son rapport à la violence. Mais est-ce que Helldivers 2 fait partie de cette liste ?
Si le jeu vidéo ne possède que quelques exemples, qui figurent un peu comme des exceptions qui confirment la règle, le cinéma, lui, regorge de films de guerre pacifistes ou au moins avec un discours anticonformiste sur le sujet. Avec la cinématique d’introduction, Helldivers 2 nous avait bien tapé dans l’œil, car le jeu semblait emprunter la voie du jeu de guerre antimilitariste. Avec ses différentes vidéos diffusées, le jeu empruntait énormément à une œuvre extrêmement satirique envers l’impérialisme américain : Starship Troopers (1997).
Dans la cinématique d’introduction notamment, où la tonalité ne fait aucun doute, on aura également pu remarquer une caricature de l’élévation du drapeau d’Iwo Jima (cf. les images ci-dessous), une banlieue américaine extrêmement bien agencée qui rappelle toujours le malaise qui couve dans la société américaine (un Edward aux mains d’argent (1990) ou bien encore un A Serious Man (2009) ne nous démentiront pas), mais nous verrons que le jeu emprunte encore d’autres symboles.
Starship Troopers est une influence esthétique et morale qui semble dépasser les seuls trailers et autres communications autour du jeu. Le jeu transpire Starship Troopers. Si vous n’êtes pas familier de l’œuvre de Paul Verhoeven, sachez que la causticité du hollandais envers l’Amérique n’en est pas à ses débuts. Robocop (1987) mettait déjà à mal certaines dérives politiques américaines comme la privatisation du service de police, l’impunité des grands financiers et des politiques pratiquant des arrangements plus ou moins (très souvent moins) reluisants.
Il faut savoir que le Hollandais Violent (il s’agit de son vrai surnom) n’en est pas à son coup d’essai dans l’adaptation de SF à tonalité politique. Son Total Recall (1990) est en effet une adaptation de Souvenirs à vendre de Philip K. Dick (1966), auteur culte de SF.
Avec Starship Troopers, Verhoeven utilise le matériau de base de l’excellent Robert A. Heinlein (il fait partie des Big Three, avec à ses côtés Isaac Asimov et Arthur C. Clarke, excusez du peu !) pour faire une critique du fascisme, de la banalisation de la haine de l’autre, du mépris envers les faibles, et aussi de la célébration de la violence. Tout un programme… Dans Helldivers 2, vous incarnerez un fasciste bas du front cherchant à coloniser un maximum de planètes possibles, la ressemblance est assez frappante.
Helldivers 2 est une œuvre satirique qui emprunte également à d’autres films, peut-être un peu moins connotés politiquement, quoique. Si vous ne croisez pas que des insectes de forme arachnide, vous pourrez tomber nez à nez avec des robots qui n’auront rien à envier à l’esthétique de Terminator (1984). Après l’achèvement de certains objectifs, une musique excessivement épique viendra ponctuer vos succès, ces musiques s’inspirent grandement de bandes-son que l’on pourrait retrouver dans un Marvel par exemple, les capes des Helldivers étant un indice de plus.
Tout ceci étant dit : est-ce que Helldivers 2 couve un réel discours pacifiste et antimilitariste ou s’agit-il seulement d’une enveloppe marketing ? Avec des soldats particulièrement moqués : les plongeons ratés, l’accoutrement, les démembrements, les phrases dénuées de tout sens des priorités, le jeu ne se départit jamais de son ironie et moque allègrement l’impérialisme de Super Earth. Là encore, en matière de mégalomanie et d’inventivité, les choses se décantent d’elles-mêmes.
Et nous arrivons sur ce qui est selon nous le point fort du titre, à savoir qu’il fait réfléchir à l’acte de violence de manière détournée et intelligente. Car si le friendly fire est extrêmement punitif, réduire à néant une autre espèce de vie, organique comme synthétique, fera partie de votre routine. Mais là encore, le jeu choisit de vous mettre dans la peau, en atteste le passage à la troisième personne par rapport au premier jeu qui est beaucoup plus immersif, d’un combattant ayant du mal à connecter ses quelques neurones et à mettre un mot sur ce qu’il fait : un génocide. Comment mieux parler de propagande ?
Si vous aimez l’odeur du napalm au petit matin et que vous glisser dans la peau d’un Bro (vous savez, ceux que l’on retrouve dans Broforce) est votre rêve depuis tout petit, nul doute, Helldivers 2 est fait pour vous. Mais d’un autre côté, si le rêve américain ne vous parle pas vraiment, vous avez aussi trouvé chaussure à votre pied.
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