Alors que la France se prépare à un vaste mouvement social ce jeudi 19 janvier en opposition à la réforme des retraites voulue par le gouvernement, la grève est aussi d’actualité chez Ubisoft. Si les salariés du plus gros employeur français du secteur vidéoludique sont appelés – comme tout le monde – à ne pas travailler demain, un autre préavis a été déposé pour le 27 janvier, et concerne uniquement l’entreprise.
Les salariés sont en effet très remontés contre le communiqué d’Yves Guillemot (notre photo, ci-dessus) dont nous nous faisions l’écho le 12 janvier dernier, et par lequel le propriétaire d’Ubi annonçait, entre autres, le report de Skull & Bones, ainsi qu’un revirement stratégique de la société. Nous le disions, le communiqué semblait écrit essentiellement pour rassurer les investisseurs et, très souvent dans le monde de l’entreprise, flatter les actionnaires se fait au détriment des salariés. C’est exactement ce que dénonce Solidaire Informatique, le syndicat à l’origine de l’appel à la grève :
« Si la demande aux employé•es d’être « ultra vigilants et stratégiques sur toutes vos dépenses » est ironique au regard de la stratégie éditoriale de l’entreprise ces dernières années, elle ne prête pourtant pas à rire. Quand M. Guillemot parle « d’attrition naturelle » et « d’ajustements organisationnels », cela signifie : réductions d’effectifs, fermeture discrète de studios, compression salariale, licenciements déguisés, etc. À plusieurs reprises, M. Guillemot tente de se déresponsabiliser (une fois encore) sur les employé•es ; il attend de nous d’être mobilisés, de donner « le meilleur de nous-même », d’être « les plus efficaces possibles ». Ces mots ont une signification : heures supplémentaires, pressions managériales, burnout, etc.” – extrait du communiqué de Solidaire Informatique
Le syndicat réclame ainsi une hausse de salaire de 10%, la mise en place de la semaine de quatre jours (qui semble avoir été en discussion depuis un moment chez Ubi), mais aussi plus de transparence sur « les évolutions d’effectifs » et « un engagement ferme contre les licenciements déguisés et une condamnation contre les politiques managériales abusives qui poussent les salarié•es à la démission ».
Un nouveau signe qu’Ubisoft ne va pas bien, un de plus depuis les affaires de harcèlement sexuel qui avaient défrayé la chronique à l’été 2020. On a l’impression que depuis, la société est un peu un canard sans tête, et court dans tous les sens sans savoir où elle va. On avait lu, toujours dans ce communiqué du 12 janvier, qu’Yves Guillemot semblait regretter qu’Ubisoft ne soit pas plus investi dans les jeux-service, alors même que la société à débranché Hyper Scape, leur Fortnite-wannabe, en moins de dix-huit mois, et que Rollers Champions, qui semblait taillé pour l’e-sport, n’est pas spécialement mis en avant. Des rumeurs d’arrêt des serveurs sont même apparues à peine quelques semaines après la sortie du jeu.
Après avoir annulé quatre projets cet été, ce sont trois autres jeux qui ont eux aussi été abandonnés comme on l’apprenait la semaine dernière. Pas moins de sept titres ont donc été tués dans l’œuf en quelques semaines. Et avec eux, ce sont autant de ressources, de temps, de travail… qui sont jetés par les fenêtres. Alors oui, on comprend la colère des salariés quand leur direction leur demande d’être « ultra vigilants et stratégiques sur toutes [leurs] dépenses » ! Et on ne parle même pas de l’aventure avec les NFT…
Ubisoft ne semble pas s’être remis de la fermeture du département éditorial, particulièrement mis en cause dans les affaires de harcèlement et d’agression. Il serait temps que l’entreprise se retrouve un véritable cap, sans se chercher des excuses, surtout si celles-ci consistent à charger les salariés, très souvent premières victimes d’un management défaillant.
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