Le HoYoFair, un programme spécial mettant à l’honneur les créations de fans autour de Genshin Impact, dispose cette année d’une édition de printemps, qui sera diffusée ce 15 avril vers quinze heures. Il mettra à l’honneur diverses illustrations et vidéos de fans à travers le monde, comme à chaque édition.
Ayant habituellement lieu une fois dans l’année, pour célébrer l’anniversaire du jeu, le HoYoFair est l’occasion de mettre en avant divers créateurs de contenus habitués à produire des illustrations et/ou de la musique, inspirées des personnages de Genshin Impact. Il s’agit là d’une des spécificités de la relation entre Hoyoverse et les créateurs de contenus autour du jeu : plutôt que de faire la chasse à l’enfreinte aux droits d’auteurs, l’entreprise reconnaît la force publicitaire des créations indépendantes autour de leurs personnages et leurs univers.
Il s’agit en effet d’une situation grise : nous avons l’habitude, en nous baladant sur les réseaux ou en convention, de trouver des illustrations créées par des artistes indépendants, non affiliés à la marque. Cette pratique du fan-art est quelque chose de relativement admis comme acquise du point de vue de spectateurs non-initiés tant elle est répandue. Pourtant, c’est loin d’être le cas : si nous sommes plus habitués à voir ces débats autour de contenus vidéos avec des plateformes sévères comme YouTube, le fan-art n’est pas une pratique qui va de soi pour tous les studios. Cela dit, c’est une pratique déjà plus acceptée en Asie, notamment grâce à des événements d’envergure tels que le Comiket au Japon, où les créations dérivées de licences connues ont la cote.
Il s’agit cependant d’un milieu très codifié, avec des règles admises à demi-mots, et une auto-régulation assez stricte de la part des créateurs. Hoyoverse, entreprise chinoise à forte influence japonaise, a concrétisé les règles du milieu vis-à-vis de Genshin Impact à travers le programme des Créateurs de Contenu. S’il a ses défauts, ce programme a le mérite de reconnaître l’existence des créateurs qui ne sont pas affiliés à la marque, mais qui produisent des contenus qualitatifs.
Le HoYoFair découle également de cette logique : plutôt que d’étouffer les créations de fans, Hoyoverse, à travers ce programme, fait d’une pierre deux coups. L’entreprise se fait une belle publicité sur le moment et s’assure, par la suite, de rester une valeur sûre pour les créateurs de contenu dérivé, qui se savent valorisés. Pour les spectateurs, c’est l’occasion d’en prendre plein les yeux : animation traditionnelle, stop motion, illustrations, musiques… Contrairement aux programmes traditionnels de mise à jour, qui doit se concentrer sur les personnages qu’il faut vendre sur le moment, le HoYoFair permet de mettre le projecteur sur des personnages plus discrets, ou de créer des interactions très désirées par les fans.
En somme, le HoYoFair est l’exemple d’un fan-service bien accompli, qui donne le micro au public pour s’exprimer, plutôt que de lui imposer une image que l’entreprise estime être celle attendue.
Cependant, tout n’est pas rose dans ces programmes : en effet, ces dernières années, ce genre d’initiatives s’est vu critiqué par divers acteurs du milieu. Si ce n’est pas forcément le cas de Hoyoverse, certains voient d’un mauvais œil cette tendance à profiter des créateurs de contenu en ligne. En effet, ce serait un moyen, à travers des concours de fan-art par exemple, de ne pas avoir à payer un artiste pour faire des visuels pour une publicité.
Dans le cas de Hoyoverse, il y a une ligne claire : le programme des Créateurs de Contenu et le HoYoFair sont des initiatives strictement pour les fans. Il y a des incitations pour y participer, telles que des primogemmes dans le jeu, des prix plus concrets pour les fan-arts gagnants des divers concours. Il reste évident que les créations des artistes de ce programme résultent plus d’une passion pour le jeu, que d’un réel intérêt pour les récompenses à la clé.
Ces événements sont séparés des créations sponsorisées, clairement commissionnées par Hoyoverse, telles que les illustrations officielles des personnages publiées sur les réseaux sociaux de Genshin Impact, ou les diverses créations réalisées pour maintenir le nom de la licence dans l’espace médiatique plus généralement, comme les clips musicaux commandés au groupe Starrysky.
La pratique des créations de fans, avec la prééminence actuelle des réseaux sociaux, est désormais monnaie courante. En soi, les studios ont, pour faire simple, trois réponses possible : l’interdire entièrement, le tolérer, ou en faire une force. Si certains restent encore réfractaires, d’autres studios profitent du fait d’avoir une main-d’œuvre investie, déjà habituée à l’univers de leur jeu, et vont même jusqu’à recruter certains de ces créateurs. Contre toute attente, mais tout de même de manière marginale, nous pensons notamment à The Pokemon Company : RJ Palmer, un artiste spécialisé dans le design de Pokémon réalistes, avait été embauché pour créer les visuels des bébêtes.
Plus largement, le jeu Sonic Mania est le résultat même d’un travail collaboratif entre SEGA et un groupe de passionnés de la licence externe au studio : projet passion de Christian Whitehead, déjà connu de la communauté pour avoir créé plusieurs fangames (= des jeux non-officiels) de Sonic, le projet Sonic Mania sera produit avec son aide et celle d’autres fans. C’est un succès sans conteste, puisque lors de sa sortie, le jeu est plébiscité par les fans et la critique avait été généralement très positive.
Pour ce qui est du HoYoFair, il nous semble toujours être une action bienvenue : au-delà du fan-service et du contenu facile pour Hoyoverse, ce genre d’événements est réellement l’occasion de créer du lien avec les joueurs créatifs. Beaucoup des créations présentées à l’événement sont le résultat de collaborations entre plusieurs artistes, qui n’auraient jamais vu le jour sans les actions de Hoyoverse, qui crée ces occasions.