Si vous avez un compte Twitter, si vous suivez des vidéos sur YouTube, si vous avez un compte Facebook, vous aurez probablement découvert la violence et la haine qui se déversent sur l’avenir de la licence de Pokémon. Si on a pu observer cette licence chère à de nombreux joueurs se faire démolir violemment ces dernières semaines, c’est surtout dû aux dernières interventions des membres du studio.
On citera pour le coup Junichi Masuda et l’annonce en particulier de l’absence de l’intégralité du roster de créatures dans les versions à venir. Couplée avec la pauvreté de l’animation des combats et du monde dépeint. Les fans ont forcément fait une gigantesque levée de bouclier face aux prochains volets de la franchise mais est-ce vraiment le seul problème actuellement ? Le problème ne serait-il pas à observer du côté de chez Game Freak ? C’est le sujet de réflexion que nous souhaitons dérouler avec vous aujourd’hui.
Pokémon ? Kézako ?
Alors non, rangez votre venin et gardez-le pour plus tard. Il y aura d’autres raisons de le cracher plus loin dans ce dossier. Si vous êtes ici, nous le savons tous, c’est que vous connaissez la licence. En même temps, il ne doit pas y avoir grand monde qui n’en a JAMAIS entendu parler. Les monstres de poche sont partout depuis 1996, date de sortie du premier duo de cartouches sur l’archipel nippon (versions rouge et verte). Et rien ni personne n’a jamais réussi à les déloger de leur place au sommet. Pourtant, de nombreuses autres bestioles ont tenté leurs chances : Digimon, Medabots, Yo-Kai Watch ou même Inazuma Eleven… Rien n’y fait, les créatures de Game Freak sont toujours là et se portent bien.
Très bien même ! Effectivement, elles se tiennent même à la 2ème place des franchises les plus prolifiques du médium (plus de 340 millions d’unités écoulées) et seul le plombier de Nintendo leur tient la dragée haute (chiffres wikipedia).
Et en même temps, tout a démarré par ce simple soft de 1996. Appuyé par un marketing agressif, l’engouement général a pris et depuis les Pokémon se sont illustrés sous toutes les formes. Séries animées, films d’animations, mangas, films « live-action », produits dérivés… L’engouement est tel qu’il y a d’immenses chances que vous, lecteurs qui lisez ces lignes, ayez visité un Pokémon Center si vous vous êtes rendus au Japon. Et c’est normal, en particulier si vous approchez ou avez tout juste dépassé la trentaine. Le rouleau compresseur publicitaire des premiers épisodes a marché !
Seulement, tout ceci n’empêche pas la grogne autour des épisodes à venir, que dis-je, celle qui entoure tous les derniers épisodes, en fait. Parce que oui, si en soi jusqu’ici chacun des lancements était une fête, on a toujours eu quelques choses à reprocher à cette licence. En particulier depuis les premiers épisodes sur DS.
De fait, ajouter du relief, même si on peut insuffler de la vie à des sprites avec des mouvements, ralentit considérablement le cours de l’action. Si notre cerveau permettait de donner du relief à une licence quand les écrans bi-chromatiques ne permettaient de l’afficher, ce n’est plus le cas depuis ces dernières années.
Ajoutons ensuite le manque d’inspiration que semblent décrier les fans sur ces dernières générations puis la disparition du Pokédex international dans les versions Soleil et Lune et voilà sur quelle base partent les dernières moutures. Les colères qui entourent les volets Switch cristallisent par ailleurs cet état de fait. À moins que… à moins que depuis le début, le problème ne vienne d’ailleurs…
Game Freak, des paresseux et des escrocs ?
Oui parce qu’à en écouter les gens qui râlent, c’est ce qui découle des derniers trailers. Mais au final, si c’était le problème de Game Freak déjà à la base. N’avez-vous pas par hasard déjà tenté de voir ce qu’est le studio ? Parce que oui, reconnaître Pikachu et ses potes, c’est vrai que c’est déjà un pas, une preuve du succès de l’éditeur, mais avez-vous déjà consulté sa page Wikipedia par exemple ?
Car le constat est là : ils n’ont au final pas fait grand chose de plus et ne sont reconnus que pour ce travail-là. Pourtant le studio ne date pas d’hier et n’a pas toujours été rattaché qu’à Nintendo. Si les premiers titres qu’ils aient jamais publiés étaient bien des jeux NES, Game Freak a également développé pour la Mega Drive, PC ou même pour des consoles plus récentes comme la PlayStation 4 et la Xbox One. On pensera notamment à Giga Wrecker Alt. que nous avons testé tout récemment pour vous.
Seulement, ces logiciels-là n’avaient rien de brillant, bien au le contraire. Tembo: The Badass Elephant était un platformer intéressant mais sans plus, Giga Wrecker Alt. proposait des idées mais ne les exécutait que très sommairement (ou piètrement), et HarmoKnight, sans être transcendant, était rafraîchissant sans pour autant être une gemme… Il semble donc bien que ces dernières années passées à ne publier que des jeux sur un format relativement similaire n’a pas aidé le studio à mûrir… D’autant plus sur une console aussi pauvre en puissance que le couple DS/3DS… Et tristement, le problème est peut-être là.
Parce que oui, nos bonnes vieilles consoles portables ont dû bien aider la licence Pokémon avec du recul. Habitués à devoir économiser de l’espace, c’est dans le recyclage que le travail de Game Freak se reconnaît le plus. Avec la Switch, le souci de hardware n’est plus le même. Créer des jeux plus exigeants devient par conséquent plus simple… sauf si on ne sait pas le faire à la base.
Alors, on se retrouve avec des logiciels intermédiaires, avec de nouveaux gimmicks mais une approche paresseuse du visuel, une approche qui ne demande par conséquent pas énormément de travail, récupérant les sprites et animations des anciens volets pour se focaliser sur le peu de nouveautés ajoutées à l’épisode (qui disparaîtront inexorablement comme l’ont fait les Méga-Évolutions ou les Capacités Z).
Puis on copie des textes, issus des anciennes versions pour combler et boucler l’ensemble. Enfin, on ajoute des textures, pas trop fouillées pour ne pas saturer le travail humain et celui de la machine et on se retrouve avec un titre à mi-chemin, à l’opposé de celui dont les joueurs rêvaient et qui résulte en la colère des plus virulents sous la forme de messages assassines, de menaces stériles sur Twitter ou de pouces vers le bas sur YouTube.
Mais pourquoi ?
La question est plutôt « Pourquoi pas ? ». Oui, en marge de l’E3, dans le peu de temps qui a suivi le Pokémon Direct de mai et le début de l’E3, un employé de Game Freak a révélé un grand secret, un secret alors inconnu des fans à ce jour et qui justifie pourtant très bien ce qui se passe pour la franchise tant aimée des fans : Pokémon n’est plus une priorité pour le studio ! Ohla, range donc ton arme l’ami et écoute ! Effectivement, ces mots blessants pour les fans que nous sommes sortent de la bouche de Masayaki Onoue, membre de l’équipe 1 de développement du studio. L’équipe 1 ? Celle derrière Pokémon ? Oh que non…
Effectivement, Game Freak est composée de deux équipes de développement. Celle derrière la franchise de la souris électrique est la seconde et est spécialisée sur un seul type de machine, la DS/3DS jusqu’à présent alors que l’autre est en fait celle à qui nous devons Pocket Card Jockey, HarmoKnight et Giga Wrecker. Ce système était à l’origine mis en place pour permettre aux membres de l’équipe de s’amuser à créer de nouveaux jeux et concept mais aussi pour sortir de l’engrenage Pokémon, bon pour éviter de créer le tant redouté burn-out des familles.
Mais depuis, quelques temps maintenant, comme nous pouvons le constater, les développeurs s’attellent à créer plus de titres externes à la franchise avec plus ou moins de succès (pour l’instant, très faible si on considère que le titre le mieux vendus du studio hors Pokémon est un titre mettant en scène Yoshi sur GameBoy). Les priorités ont donc bel et bien changé.
Oui, Game Freak a décidé de donner la priorité au studio Gear (équipe 1) afin de permettre aux équipes de s’essayer à de nouvelles expériences et de les insuffler à leur franchise star. En d’autres termes, c’est réellement dans le but de créer de nouvelles inspirations que ce changement à lieu. Cela justifie également l’autre titre qui mijote dans ses bureaux : Town, dont le trailer de présentation, présenté en septembre l’an dernier, semblait bien plus beau et travaillé que tout ce que nous avons vu sur Pokémon Épée et Pokémon Bouclier jusqu’à présent. Seulement, il s’agit aussi d’un pari risqué qui pourrait lui coûter très cher…
Pour conclure, nous souhaitons vous demander votre avis. Que pensez-vous de cette situation ? Pokémon Épée et Bouclier sont-ils selon vous un échec avant même leur sortie ? Allez-vous vous offrir un des titres tout en sachant qu’aucun changement ne sera apporté à ce qui nous a été proposé ?
Et enfin, que pensez-vous de Game Freak ? Parce qu’avant de juger le jeu, il y a avant tout les hommes et les femmes qui sont responsables de la licence ! Souhaitez-vous leur laisser la chance de s’exprimer même s’ils réduisent le nombre de créatures de nos aventures ? Même s’ils s’arrachent à nous proposer un monde magique à découvrir à chaque épisode ?
Nous, si nous ne sommes pas comblés par tout les choix pris, on reste au moins prêt à voir ce qu’ils nous auront préparé pour ce prochain voyage, que nous attendons armés de doute mais que nous attendons tout de même. Profitons-en pour souhaiter bonne chance à Town.