Le principe de gagner va de paire avec l’idée de jouer. Que l’on parle de sport, de jeu de société, ou de jeu vidéo, s’il y a plusieurs joueurs, il y aura la plupart du temps un gagnant. Pourtant, ce concept n’était pas évident à la naissance du jeu vidéo.
Au commencement était le scoring
Les premiers grands succès des salles d’arcade que furent Space Invaders, Pac Man ou Asteroids proposait des boucles presque infinies qui se répétaient, augmentant leur difficulté, jusqu’à ce que le joueur perde… On pouvait donc évidemment perdre, mais pas gagner ! L’unique but était de faire gonfler le score.
Le motif de satisfaction était d’abord le dépassement de soi : aller plus loin que lors de la dernière partie était une sorte de victoire personnelle ; mais aussi le dépassement des autres, en gravant son nom au tableau des scores. Cependant, on ne pouvait pas vraiment dire « j’ai gagné », mais plutôt, « je suis le meilleur ». Jusqu’à ce qu’un autre joueur vienne battre ce score.
« How long to beat… ? »
C’est avec l’apparition de scénarios dans les jeux vidéo que la possibilité de « finir » un jeu est arrivée. Vaincre le tyran dans Ninja Princess (SEGA Ninja) ou Golden Axe met fin à la partie, et peut être considéré comme une victoire du joueur. Encore aujourd’hui, le fait de « finir un jeu » est ce qui se rapproche le plus de l’idée de la victoire dans un jeu scénarisé. Cependant, le sentiment de victoire sera différent d’un joueur à l’autre.
Les jeux en open world, par exemple, proposent encore du contenu après que le scénario principal a été complété. Il reste toujours quelques missions secondaires à terminer, des objets à collectionner… Alors, où est la fin ? Le jeu se termine-t-il avec la dernière grande cinématique, ou seulement quand les 100 % ont été atteints ? Certains joueurs ne considèrent pas qu’ils ont fini un jeu tant que tous les trophées, et le précieux Platine de l’écurie PlayStation, n’ont été remportés…
PVP
Même si les jeux vidéo ont commencé par être multijoueurs (Spacewar ou Pong), cette fonctionnalité a vite été oubliée avec le développement commercial de l’arcade, pour revenir ensuite avec des titres comme Street Fighter II, où les notions de jeu, de victoire et de défaite se rapprochent de ces mêmes concepts appliqués au sport. Ce qui entraînera d’ailleurs par la suite la naissance de l’esport, au confluent du sport et du jeu vidéo.
Gagner à Street Fighter II, ou à n’importe lequel des jeux du genre, contre un adversaire ou contre la machine est beaucoup plus clair, d’autant que l’écran le décrit assez simplement : « You Win ! ».
Money, money, money
L’idée de gagner est assez évidente également en ce qui concerne les jeux de casinos : machine à sous, black jack ou video poker en ligne… Aura gagné simplement celui qui repartira avec une somme d’argent plus importante que celle avec laquelle il était arrivé !
Cependant, comme pour les jeux en open world, la victoire pourra être appréhendée différemment selon les joueurs : est-ce qu’une poignée d’euros constitue une victoire, ou est-ce qu’il faut réussir à en remporter plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines, pour se considérer comme gagnant ?
Vers la fin des fins ?
L’eldorado des éditeurs est aujourd’hui le jeu-service. Sony, bien qu’ayant largement reculé depuis, avait fait du genre sa priorité quand Warner, devant l’échec de Suicide Squad: Kill the Justice League, menace de se concentrer sur le jeu-service à destination du mobile… Le principe du jeu-service ? Qu’il ne finisse jamais !
En ajoutant sans arrêt du contenu, les éditeurs espèrent garder les joueurs captifs, et leur extirper, micro-transaction par micro-transaction (pas si micro que cela, souvent, d’ailleurs…) bien plus d’argent que pour la vente d’un jeu solo scénarisé. Dans ces conditions, on ne finit plus jamais un jeu, on remporte bien des matchs, contre d’autres joueurs, mais un chapelet de petites victoires en forme de top 1 n’entraîne pas le même sentiment d’accomplissement que le « Thank you for playing » glissé par les développeurs à destination de ceux qui sont allés au bout d’un jeu.
(En collaboration avec jackpotbob.com)
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