Final Fantasy IX où le retour du merveilleux, récit d’un amour d’adolescence.
J’ai découvert Final Fantasy IX le jour de sa sortie européenne sur PlayStation le 16 février 2001. J’avais alors 15 ans et avais déjà un petit vécu J-RPG derrière moi, ayant auparavant parcouru différents univers proposés par des licences comme Dragon Quest, Mana, Chrono, Tales of et donc aussi forcément Final Fantasy. Mon premier n’était autre que le sixième épisode sorti sur Super Nes et que j’avais dû faire en anglais à l’époque puisque aucune sortie européenne et donc de traduction française n’était parue dans le commerce. Ce fut pour moi une véritable révélation. Oui, j’avais aimé Mana, Dragon Quest VI (fait aussi en anglais) ou encore Secret of Mana, mais ce Final Fantasy VI changea ma façon d’aborder le J-RPG qui deviendra pour moi l’un des genres qui ont façonné ma vie de joueur.
En 1997, je découvre ainsi en français, en 3D et sur PlayStation, un certain Final Fantasy VII. J’ai été ébloui et émerveillé par cet épisode aussi généreux que grandiose, nous proposant de parcourir un monde riche et vaste porté par un scénario profond et touchant. J’ai pleuré, souri, été en colère, mais jamais déçu. Il est pour moi encore aujourd’hui l’un des jeux inégalés par ses pairs, une révolution technique et narrative qui inspira tous les J-RPG et plus globalement les Asian RPG qui suivirent. Une pièce maîtresse pour le genre qui trouva en ce Final Fantasy VII son représentant le plus marquant qui grava en majuscule son nom dans l’histoire du jeu vidéo.
Vint ensuite en 1999 un huitième épisode que l’on attendait tous encore meilleur et qui divisa finalement comme jamais. Si on ne peut que reconnaître un bon bagage technique indéniable, beaucoup n’ont pas apprécié les personnages et le système de jeu délicat à apprivoiser. Ce fut pour moi encore un voyage incroyable, certes qui m’a moins marqué que les deux précédents, mais qui réussit tout de même à me captiver des centaines d’heures durant. Mais oui, je n’y ai pas trouvé la magie des titres passés et me suis même tourné vers d’autres IP comme Suikoden, Wild Arms et en 2000 sur la claque Vragrant Story et un certain Saga Frontier 2. J’avais aussi replongé dans la saga Mana avec Legend of Mana.
Je ne m’attendais pas alors à me prendre une tarte en pleine poire qui me ferait l’effet d’une bombe dans le caleçon. Final Fantasy IX sortit donc le 16 février 2001 et j’avais fait le choix d’attendre une sortie européenne pour me le procurer.
Parce que oui, FF VIII était passé entre mes mains dans sa version japonaise de manière pas très légale, je l’avoue, mais il y a prescription aujourd’hui, et bien que je pusse en faire de même avec ce neuvième opus, j’avais décidé de passer mon chemin. Jouer à un J-RPG dans une langue à laquelle on ne comprend rien est un exercice que je ne recommande finalement à personne, car si j’avais été au bout de deux disques tout de même des aventures de Squall, je n’avais tout simplement quasiment rien compris au scénario pourtant si important dans un jeu du genre. J’ai donc attendu la sortie française et grand bien m’en a pris.
Final Fantasy IX clôtura la trilogie FF (canonique) sur la PlayStation et plus généralement sur 32bits. Du haut de mes quinze ans, il me fit replonger dans mon enfance et me renvoya à mon premier amour qu’était Final Fantasy VI. J’y retrouvai là des personnages attachants, du jeune héros roublard et charmeur Djidane, à la touchante princesse Grenat en passant par le bourru Steiner et l’orpheline invocatrice Eiko. Mais le personnage qui m’a probablement le plus marqué n’est autre que le petit magicien Bibi à l’histoire tellement triste qu’elle m’avait fait verser quelques larmes. Le casting était plus étoffé que cela, et l’antagoniste principal, dont je ne dévoilerai pas le nom ici, car il fait partie des twists principaux du jeu, est aussi un beau morceau.
Comme le scénario d’ailleurs, très simpliste dans un premier temps et qui se complexifie par la suite de manière assez incroyable. Il faut dire que Squaresoft (eh oui, la belle époque) était revenu aux sources de la saga dans les différents choix de design. On retrouve l’ambiance très héroïc fantasy des épisodes 1 à 6, avec toujours une présence technologique avancée et donc anachronique pour cette époque. Cela se ressent forcément dans le visuel des très nombreux environnements que nous explorons, mais aussi dans le character design des personnages, jusqu’aux armes qu’ils utilisent.
Square avait décidé de mettre de côté l’aspect réaliste des personnages de FF VIII pour revenir à quelque chose de plus enfantin, sans que cela ne soit rédhibitoire à apprécier pour un adulte, bien au contraire. Grâce à tout cela, j’ai replongé en enfance et me suis retrouvé face à un jeu qui me parlait et faisait parler un vécu et une nostalgie, il faut bien l’avouer, d’une époque qui me manquait peut-être, celle des découvertes de ce qui allait me définir en tant que joueur.
Mais ce n’est pas qu’une question de nostalgie. L’aventure était prenante, fluide, bien rythmée, les thèmes qu’elle abordait, adultes et profonds. Le système de jeu bien pensé et renvoyant là aussi aux anciens FF avec le retour des jobs, sauf que tout ici était plus moderne et mieux pensé. La musique… parlons-en de la musique.
Ce fut la dernière bande-son réalisée par Uemastu pour la saga, en tout cas intégralement, et le compositeur livre ici ce qui est pour moi sa pièce maîtresse, son adieu splendide et merveilleux à une saga qui l’a défini en tant qu’homme et artiste. Elle est plus onirique que jamais, met de côté le réalisme froid des deux précédents épisodes pour nous offrir un voyage d’émotions en tout genre. En exemple, je ne peux que vous conseiller l’écoute de Stolen Eyes, You’re not Alone ou encore The Dark Messenger et forcément la version japonaise de la chanson Melodies of Life.
Final Fantasy IX n’est pourtant pas l’épisode que j’ai le plus refait, préférant garder ma nostalgie le concernant intacte. Il est pour moi, avec les sixième et septième épisodes, celui qui m’aura le plus émerveillé et fait voyager. Y repenser fait rejaillir en moi tout un tas de souvenirs partagés entre joies et peines qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire, mais aussi dans mon cœur. Il fut fondateur pour moi, aussi bien en tant que personne que joueur. Il illustre à lui seul le savoir-faire et la maestria de personnes dont le seul but était de nous faire rêver et nous faire vivre une aventure grandiose et humaine.
Je n’ai plus jamais retrouvé cela dans aucun jeu de la saga par la suite et je regrette amèrement que ce Final Fantasy IX ne soit pas reconnu pour ce qu’il est, un chef-d’œuvre, car noyé entre un huitième épisode qui divisa et un dixième au succès incroyable et pourtant bien moins puissant, à mon sens, dans ce qu’il est et propose.
Merci, merci Squaresoft, d’avoir été le studio que vous étiez, d’avoir réuni des personnes talentueuses qui ont créé pendant une dizaine d’années des jeux qui m’auront bercé et fait découvrir tant de choses dont je ne soupçonnais l’existence. Votre plus grande réussite fut la dernière, mais c’est là votre plus beau message, celui d’un adieu qui n’est qu’un au revoir, car vivant à jamais dans nos cœurs. Merci Hiroyuki Itô, Nobuo Uematsu, Hironobu Sakaguchi et encore tant d’autres d’avoir mis votre imaginaire et votre créativité au service des autres.
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