Oyez, oyez, braves gens ! Final Fantasy VII Remake est maintenant disponible dans toutes les bonnes échoppes du pays, et ce, depuis quelques jours déjà puisque Square Enix a accepté la distribution en avance de son jeu, sûrement à cause des événements liés au Covid-19. De notre côté, le jeu est en cours de test et en attendant de pouvoir vous en proposer la lecture, on a souhaité vous offrir un petit tour d’horizon de ce qu’était Final Fantasy VII à l’époque et ce qu’il est encore, c’est-à-dire une œuvre culte.
Final Fantasy VII – Le J-RPG d’une génération
Tout d’abord, il serait bon de rappeler ce qu’est Final Fantasy VII. Il s’agit d’un J-RPG sorti pour la première fois en 1997 sur la première PlayStation et qui récolta immédiatement des critiques élogieuses de la part de la presse mondiale, car tous s’accordent à reconnaître les grandes qualités du titre. Que ce soit de par son scénario profond et aux riches thématiques, ses personnages charismatiques, son système de combat bien pensé avec les matérias, ou encore sa bande sonore incroyable, FF VII brillait de mille feux sur la planète vidéoludique.
Sa plus grande révolution fut néanmoins visuelle. En effet, il démocratisa l’utilisation d’images de synthèse dans le jeu vidéo, accomplissant des prouesses techniques aussi sur le plan de la 3D. Grâce à Final Fantasy VII, la saga entra aussi dans une nouvelle ère, celle de la distribution mondiale, et la saga et le J-RPG dans son ensemble profitèrent de ce large succès critique et commercial (près de 10 millions de ventes !) pour s’exporter plus facilement vers le marché occidental.
Il fut donc à la fois une révolution et un précurseur, car même si d’autres J-RPG étaient déjà sortis dans nos contrées auparavant, jamais aucun n’avait rencontré un tel succès. On peut donc remercier Squaresoft et Sony, car sans eux, nous n’aurions peut-être pas connu cet âge d’or du jeu de rôle à la japonaise qui s’installa pour quelques années à la suite de ce FF aujourd’hui considéré comme le plus culte des épisodes par la communauté de fans, loin devant les sixième et dixième épisodes.
On le doit à Yoshinori Kitase et forcément Hirobu Sakaguchi qui en était producteur, mais aussi au talent de Nomura, Najima, Naora et Uematsu. On a pu vivre l’une des aventures les plus incroyables qui soit.
C’est l’histoire d’un type
Final Fantasy VII nous place dans la peau de Cloud, un ex-membre d’élite du Soldat de la compagnie Shinra, une multinationale qui régit un peu tout ce qui se passe dans l’univers du jeu. On est en face d’une sorte de dystopie dans laquelle le monde est dirigé non pas par des chefs d’État, mais bien par une société aux intentions troubles qui pense avant tout à son profit plutôt qu’au bien-être de la population mondiale. Aujourd’hui, notre jeune héros aux cheveux d’or propose ses services au plus offrant et est donc devenu un mercenaire.
Le jeu débute d’ailleurs alors que l’on aide une organisation dite terroriste du nom d’Avalanche qui souhaite détruire l’un des réacteurs Mako alimentant la ville de Midgar en énergie. Elle est dirigée par un gros balèze du nom de Barett qui possède une grosse arme greffée à son bras droit. Son idéal est de sauver la planète, car il pense que la Shinra est en train de la tuer à force de puiser en son sous-sol des quantités phénoménales d’énergie.
La grande force de FF VII, c’est aussi de nous proposer un casting de choix avec des personnages, amis ou ennemis, très charismatiques. Bien entendu, il y a Cloud, mais aussi Tifa, Barett, Vincent, Aerith, ou Sephiroth, qui est probablement l’un des meilleurs antagoniste de l’histoire du jeu vidéo. Et encore plein de figures hautes en couleur (remember the Don) qui marquent de leur emprunte cette épopée riche en dialogues. Final Fantasy VII puise sa force autant dans ses personnages que son histoire, un récit qui parle de vie et de mort , de notre rapport à la nature, à ce qui nous entoure et nous met face à nos responsabilités concernant le traitement que l’on accorde à la planète.
Le jeu adopte aussi un ton plus mature que ses prédécesseurs, et est plus violent psychologiquement avec le joueur. Tout le monde se souvient de la fin du premier CD, n’est-ce pas ? Et personne n’y a été insensible. Sont-ce là les premières larmes du jeu vidéo ? Le clonage et la manipulation génétique sont aussi au centre de ce scénario grandiose qui mêle fantastique et science-fiction.
Un univers unique
Mais pour raconter une histoire, il ne suffit pas d’avoir que de bons personnages et un grand scénario, il faut aussi construire un univers visuel et sonore de grande qualité. Il faut ancrer ces personnages dans des environnements qui racontent eux-mêmes une histoire. Il faut les ancrer dans une réalité, certes imaginée, mais qui se doit d’être crédible pour que l’on réussisse à s’immerger totalement dedans. Et c’est exactement ce qu’ont réussi à faire Yoshinori Kitase et ses équipes.
Ils ont créé un monde cohérent, qui connaît aussi ses limites, car très jeu vidéo finalement, avec sa ville-plage, sa ville-parc d’attractions, sa ville minière ou encore sa ville qui renvoie au Japon traditionnel, mais cela fonctionne. Notamment parce que chaque lieu est l’occasion de découvrir de nouvelles choses qui feront avancer le scénario ou qui vont tout simplement nous émerveiller. Final Fantasy VII, c’est le plaisir de la découverte constante de nouvelles personnes, lieux et coutumes, ainsi que d’innombrables petites histoires à apprendre dans chacun des endroits que l’on visite.
D’autant plus que tout cela ne se fait pas d’une traite. Chaque ville ou endroit clé est souvent séparé par de longues heures de marche dans des lieux plus communs et non habités, comme des cavernes, montagnes ou encore une ancienne mine. Des donjons émaillent aussi notre avancée, ce qui fait qu’à chaque nouveau port, on savoure comme il se doit, et découvrir un nouvel environnement devient alors un peu la récompense de nos exploits armes en main.
Parmi les lieux les plus marquants, tout joueur qui s’est adonné à ce Final Fantasy VII se souvient forcément de Midgar. Elle est le symbole de la décadence de la société, une ville qui sépare ses pauvres et ses riches, condamnant les premiers à vivre dans des taudis, sous la citée, comme pour les cacher et ne pas s’en soucier. La terrible organisation Shinra est derrière tout ceci, les politiciens n’étant que des potiches qui sont présentes pour donner l’illusion du choix et de la démocratie au peuple. Midgar est un symbole, une ville froide et grise dans laquelle même la végétation ne pousse plus. Elle est d’ailleurs entourée par une sorte de no man’s land dans lequel plus rien ne pousse et plus rien ne vit.
Ce qui frappe, c’est que le monde extérieur est tout autre. Fleuri, plein de vie et de vert. Y habitent une faune et flore importantes qui ne vacillent que lorsque l’homme est présent, notamment dans les endroits où la Shinra a installé des réacteurs puisant du Mako dans le sous-sol terrestre. Des petits villages comme Canyon Cosmos à des villes plus imposantes telles que Junon et son canon, Final Fantasy VII nous invite à vivre un véritable tour du monde créatif, puissant et magnifique.
Mais tout ceci ne serait rien sans les magiques thèmes musicaux composés par Nobuo Uematsu qui signe encore une fois une BO de qualité, certes plus électrique et moins onirique que par le passé, mais incroyable à l’écoute. One Winged Angel, Red XIII’s Theme, Jenova et bien évidement le fameux Aerith’s Theme…
Un système de jeu prenant
Qui dit J-RPG des années 90 dit presque forcément système de combat au tour par tour avec bien évidemment la jauge Active Time Battle pour rythmer nos coups d’épée. Notre article n’étant pas un test dans le sens strict du terme, nous n’allons pas revenir sur tout ceci en détail, mais c’est assez classique dans les déroulés des combats. On peut attaquer, utiliser magie et invocations ou encore des objets qui peuvent être de soin ou d’attaque par exemple. Les personnages jouissent aussi de plusieurs limit break qu’ils peuvent déclencher sous conditions et qui donnent parfois lieu à de superbes animations et effets.
C’est d’ailleurs le cas pour la quasi-totalité des attaques magiques et invocations. En 1997, on n’avait jamais vu ça, il faut bien le comprendre. Les effets à l’écran pour les premières sont souvent incroyables, alors que les secondes donnent lieu à de véritables petites vidéos réalisées avec le moteur du jeu qui envoyaient sévère à l’époque. De même que pour éviter de nous retrouver face à des combats trop mous en termes de mise en scène, car on le rappelle il ne s’agit pas de temps réel, les développeurs ont eu la bonne idée d’utiliser différents mouvements de caméra pour dynamiser la chose. Le rendu est tout simplement bluffant et le système de combat, bien que classique, totalement réussi.
Le tour de force du système de jeu est aussi l’abandon des jobs pour un peu plus de souplesse dans la construction de nos combattants. Les armes, armures et accessoires permettent d’apporter effets bénéfiques et bonus à nos personnages, mais aussi la possibilité de sertir des matérias nous permettant d’utiliser des magies en tous genres. Des sorts de soin aux invocations en passant par les magies élémentaires, tout est présent et on se doit alors de gérer tout un tas d’aspects pour optimiser au maximum notre équipe. C’est tout simplement l’un, si ce n’est le meilleur système de magie et d’équipement de la saga. Suffisamment complexe pour les férus d’optimisation et simple de prise en main pour ceux ne souhaitant pas se prendre la tête.
Le J-RPG linéaire, mais pas trop
L’un des gros reproches qui est parfois fait à certains Final Fantasy aujourd’hui, c’est leur linéarité. FF XV, par exemple, est certes un gros sandbox, il ne le reste pas tout du long et nous propose dix dernières heures en ligne droite histoire de se recentrer sur son scénario. Ne parlons pas des treizième et dixième épisodes, même si c’est à relativiser pour le dernier. Dans le cas de Final Fantasy VII, on est en présence d’un J-RPG qui se calque encore sur le modèle 16 bits de la chose dans son game design. Si la première moitié dans Midgar est très linéaire, une fois sortis, soit après 5-6 heures de jeu, cela s’ouvre déjà un peu plus, mais on reste coincé dans le carcan du scénario.
Non, il faut attendre bien plus longtemps et la fin du premier CD du jeu pour se retrouver déjà plus libre de nos mouvements, une fois la voiture, le sous-marin, le haut-vent (l’aircraft du jeu) en notre possession, mais aussi quelques Chocobos spéciaux nous permettant de traverser les rivières, etc.
Le souci, c’est qu’à l’époque, les limitations techniques des consoles ne nous permettaient pas d’avoir une map comme aujourd’hui, et on s’en sert plus pour aller d’un point A à un point B que pour explorer. L’exploration passe donc par les villes, villages, cavernes, et autres donjons dans lesquels on peut souvent retourner à l’envie passé un certain cap. En ce qui concerne les quêtes, par contre, il n’y a pas non plus énormément de choses à faire hors histoire.
Quelques missions annexes interviennent ponctuellement, mais c’est plutôt aux joueurs de chercher quelques secrets dans son environnement que le jeu qui va le mettre sur une quelconque piste. Pour exemple, les Armes qui apparaissent en fin de jeu sont un passage obligatoire pour le 100%, mais il faut les chercher et les affronter soi-même.
Cependant, la découverte est comme on l’a dit l’un des moteurs du jeu. On peut parler à tous les PNJ, en apprendre énormément ainsi sur l’univers interne au jeu, sur le lieu dans lequel on se trouve et FF VII fait avant tout appel à notre curiosité, il demande de s’investir complètement, sinon on peut passer à côté de nombreuses choses très intéressantes et notamment de personnages annexes pouvant rejoindre notre équipe et qui sont Yuffie et Vincent.
Aussi, entendons-nous bien, il y a tout de même plein de choses à faire dans ce Final Fantasy VII, énormément d’activités, et Squaresoft a su varier ses situations de jeu pour que l’on ne s’ennuie jamais, des combats lambda à ceux des boss, certains étant épiques, en passant par ce que l’on doit faire pour progresser dans l’aventure. Tout est réfléchi, pensé, pour que le joueur soit constamment surpris.
Enfin, faites donc un tour au Gold Saucer. Non seulement il réserve quelques secrets, mais il est en plus rempli de nombreuses activités à effectuer. Du jeu arcade, de la course de Chocobos, des combats en arène, il y a plein de choses à faire et voir dans cet endroit qui était un rêve devenant réalité à l’époque, un véritable parc d’attractions numérique qui enterre sans sourciller celui du treizième épisode.
Final Fantasy VII : Une épopée culte
Vous l’aurez compris, Final Fantasy VII fut une révolution à son époque. Peut-être que tout ce que vous venez de lire ne vous a pas plus surpris que cela, mais il faut se remettre dans le contexte de l’époque. On sortait à peine de l’ère 16 bits (même si des consoles 32 et 64 bits existaient déjà, mais étaient soit ratées, ou trop chères et pas assez fournies en jeux) et la 3D n’en était qu’à ses balbutiements. Et là nous arrive un jeu qui prouve ne serait-ce qu’avec son introduction qu’une nouvelle ère s’ouvrait à nous.
Final Fantasy VII a été un précurseur en termes de story telling, de game design, et notre façon d’interagir avec un jeu vidéo s’en est retrouvée changée à jamais. Il propose une épopée longue et riche d’une centaine d’heures de jeu si on le souhaite. Il est encore un monument que même le meilleur des remakes ne pourra détruire, il est unique et éternel, il est Final Fantasy VII.