Avec Fantasy, après être entré au musée, le jeu vidéo se fait une place à la bibliothèque.
Les loisirs vidéo-ludiques ont beau avoir près de 70 ans, les médias généralistes continuent vent debout à répandre sur la discipline des clichés éculés (pèle-mêle : violence, désocialisation, addiction…). D’un autre côté, le monde de la culture semble avoir depuis quelques années compris le phénomène. De plus en plus d’expositions sont consacrées aux jeux vidéo, qui servent aussi les thérapeutes ou les conseillers en orientation professionnelle (via les serious games).
Alors que le Centre Pompidou s’apprête à lancer un jeu vidéo pour sensibiliser à ses collections d’art contemporain (le titre est attendu pour février), cette saison, ce n’est rien de moins que la BNF (Bibliothèque Nationale de France) – institution prestigieuse s’il en est – qui met le jeu vidéo à l’honneur au sein de son cycle consacré à la fantasy. Aux côtés de l’expo Tolkien (toujours d’actualité), c’est donc le genre fantasy dans son ensemble qui sera mis en avant à la BNF tout l’hiver (jusqu’à mars 2020). Un site internet, une large sélection documentaire, de fiction ou non (évidemment), des conférences, et… un jeu vidéo inédit !
Car il eut été compliqué d’évoquer le genre en faisant abstraction de l’un des territoires où il se développe le plus : le jeu vidéo. Ainsi, ce sont notamment les exemples de Dark Souls et de World of Warcraft qui sont particulièrement évoqués, mais aussi Skyrim, dans sa version VR, ou encore des jeux des premiers âges, comme Gauntlet ou Dragon’s Lair.
Au-delà de ces titres bien connus des aficionados, un jeu inédit a été développé pour l’occasion. Le Royaume d’Istyald, c’est le titre du jeu en question, est une sorte de point’n’click lorgnant sérieusement du côté du visual novel. Jouable en ligne directement dans son navigateur web, le jeu a été développé par ThePixelHunt, le studio responsable de l’aventure narrative Enterre-moi, mon Amour (développé avec Arte), qui évoquait la guerre en Syrie et le destin d’une réfugiée. Le Royaume d’Istyald est une sorte d’album richement illustré, prétexte à découvrir les canons du genre fantasy, de ses décors aux créatures qui les habitent.
Toujours autour des jeux vidéo, notons quelques conférences qui seront particulièrement intéressantes pour nous, gamers. D’abord, le 30 janvier, “World of Warcraft, l’incarnation d’un genre”, conférence accompagnée d’une performance live de concept art par Florian Devos. Une Conférence de Marine Macq, directrice et commissaire de la galerie d’art vidéoludique Pixel Life Stories et Jean Jouberton, du master en muséologie des nouveaux médias de l’Université Sorbonne Nouvelle. Mais aussi, la masterclass autour du Royaume d’Istyald, le jeu créé pour l’événement, animée par Florent Maurin et Anato Finnstark, respectivement game designer et creative illustrator du jeu, le jeudi 6 février. Puis, le 25 février, une “Play Conférence” intitulée “Créer un univers Fantasy”. “L’exemple de The Witcher 3: Wild Hunt”, une conférence qui “permet de questionner la manière dont jeu vidéo et littérature s’approprient l’Histoire et se répondent dans la création d’un univers fictionnel”, animée par Romain Vincent, chercheur associé du département de l’Audiovisuel de la BNF, Tony Fortin, journaliste, et Justine Breton, maîtresse de conférences en littérature française à l’Université de Reims.
Enfin, côté expo, outre l’accès naturel à divers matériaux (films, livres…) à la bibliothèque, il sera possible de jouer sur une borne d’arcade installée à la BNF pour l’occasion, mais aussi d’admirer certaines pièces présentées sous vitrines devenue littéralement de véritables pièces de musée, telles que la version japonaise originale de The Legend of Zelda (NES, 1986) ou encore un exemplaire d’Ultima III (1986)…
L’ensemble de la programmation ainsi que les ressources disponibles en ligne et le jeu Le Royaume d’Istyald sont à retrouver sur la page internet de l’événement Fantasy.