Le secteur du journalisme spécialisé dans le jeu vidéo traverse une crise existentielle d’une ampleur inédite. Selon des données récentes, plus de 1 200 journalistes couvrant l’industrie vidéoludique à travers le monde ont déserté les médias au cours des deux dernières années sans revenir à des postes similaires. Ce chiffre, qui grimpe à plus de 4 000 si l’on inclut les pigistes et les contributeurs à temps partiel, n’est pas seulement une statistique démographique, mais le symptôme d’une industrie de l’information en profonde mutation, confrontée à la crise économique, aux changements d’algorithmes et à l’essor de l’intelligence artificielle.
L’étude menée par Press Engine, un outil majeur utilisé par les éditeurs et développeurs pour la distribution de leurs communiqués et codes de presse, révèle que le bassin mondial de journalistes travaillant pour des publications de « tier 1 » (sites majeurs, spécialisés ou généralistes, avec des audiences dépassant le million) a chuté de 25 % en seulement deux ans. La majorité de ces départs provient de sites spécialisés de premier plan tels qu’IGN, Polygon ou GameSpot.
Génère moi du journalisme en 200 mots
Comment expliquer cette hémorragie de talents ? Les experts du secteur pointent du doigt une confluence de facteurs qui ont déstabilisé le modèle économique traditionnel du journalisme de jeu vidéo.
Comme le jeu vidéo le fameux COVID-19 a été dévastateur, La pandémie avait engendré un pic de consommation et d’investissement dans le secteur. La normalisation du marché a été suivie d’une vague de licenciements massifs, frappant des entreprises médias majeures comme IGN, Fandom, Gamer Network et Valent. L’impact le plus dévastateur vient des changements d’algorithme du moteur de recherche. Les mises à jour de Google, notamment la « Helpful Content Update » et l’introduction des résumés générés par IA, détournent une part importante du trafic organique qui alimentait auparavant les sites. Ces changements favorisent le contenu très généraliste ou, paradoxalement, les agrégateurs d’information, rendant la visibilité des articles de fond et des critiques spécialisées de plus en plus difficile.
L’intelligence artificielle n’est pas seulement un outil de résumé ; elle est aussi perçue comme un moteur de remplacement potentiel des rédacteurs. Parallèlement, le marché se tourne de plus en plus vers des médias dits « fan-led » (dirigés par des fans), où la passion et la rapidité l’emportent sur le professionnalisme, au détriment de l’analyse critique et du journalisme d’investigation.
Gareth Williams, co-fondateur de Press Engine, souligne que « la non-diversification du contenu et des dépenses publicitaires, conjuguée aux changements de Google et à l’IA, a coûté au journalisme vidéoludique certains de ses plus brillants talents. »
Douce France, bercée de tant d’allégeance…
La situation est loin de se cantonner aux États-Unis. En France aussi, nous connaissons des problématiques similaires, auxquelles s’ajoute un groupe d’individus qui s’acharne à acheter l’intégralité des porte-voix disponibles pour diffuser, au mieux une information « fast-food » presque sans intérêt, au pire une couleur politique qui fut longtemps bannie des médias traditionnels, tant son fond peut être considéré comme dangereux pour la société.
Évidemment, ces rachats reposent également sur l’efficacité du clic et la démultiplication de la marge publicitaire, inclinant ainsi nos sites préférés à faire proliférer des articles sponsorisés quotidiennement et à élargir leur spectre d’activité dans des domaines qui ne les concernent pas.
On ne vous le répètera jamais assez : tout moyen est bon pour soutenir la presse indépendante. Nous pensons évidemment à NewGame+, mais aussi à tant d’autres petits sites qui tentent, de près ou de loin, de vous faire parvenir une information de qualité avec un œil critique, vous permettant de vous forger votre propre avis. Une information qui ne se contente pas de vous prémâcher une opinion sous prétexte qu’elle plaît au patron.

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ElMama

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