Attention titre trompeur, pas de cuisine en vue avec Cookie Cutter. Encore une fois, on fait face à un Metroidvania. Genre dans lequel s’est justement illustré il y a peu Rogues Games avec la courte exclusivité Xbox The Last Case of Benedict Fox (bientôt disponible sur PS5). Avec ce Cookie Cutter, l’atmosphère est totalement différente. On veut plutôt nous emmener dans un monde déjanté dans lequel sont mis des personnages qui ne le sont pas moins. Et l’un des principaux objectifs véhiculés, c’est de proposer un périple ponctué par une violence prononcée et un humour déplacé. Alors, pari réussi ?
(Test de Cookie Cutter réalisé sur PlayStation 5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
Mon amour de docteur
Cookie Cutter, c’est l’histoire d’un robot humanoïde nommé Cherry. Et à l’instar d’un être humain, elle ressent l’amour. Un amour qu’elle dirige tout droit vers sa créatrice, le professeur Shinji Fallon. De forts liens qui ont néanmoins été bousculés de manière fort brutale : la docteure a été enlevée, et Cherry sauvagement massacrée façon Kill Bill. Réparée et disposant d’un tout nouveau corps (ou du moins totalement modifié), notre androïde se lancera donc à la poursuite du malfaiteur.
Une mise en bouche qui donne le ton : avec ces effusions de sang dont on est témoin, Cherry étant apparemment constituée de choses pareilles à des organes, le périple promet effectivement d’être violent. Et, en plus de cela, en se fiant à la dégaine des protagonistes, il y a bien ce côté décalé que l’on pouvait attendre d’un tel jeu.
Dans ses couleurs chaleureuses ou dans son apparence plus globalement, Cookie Cutter a une stature digne de bande dessinée. Et évidemment, ce n’est nullement à destination du tout jeune public. Il suffit de diriger notre regard vers notre personnage principal pour s’en rendre compte. Son allure est somme toute sexualisée. Pour cause, Cherry est fille bien en chair dotée d’une jupe bien courte laissant facilement entrevoir les sous-vêtements. Mais bon, on reste tout de même loin d’une 2B de Nier Automata…
Tout cela est en adéquation avec la tonalité du jeu, au même titre que les dialogues eux-mêmes ou le langage est peu châtié et l’humour grossier. De cette manière, il est facile de penser que l’on puisse avoir affaire à des échanges verbaux caractérisés par leur lourdeur. En vérité, laissons cela à la sensibilité du joueur et à sa capacité à tolérer « l’humour gras ». Une fois cela accepté, il est possible de prendre un petit plaisir à suivre, dans certains moments, les différentes répliques. Ces dernières ne sont certes pas particulièrement transcendantes, mais peuvent prêter à sourire, quand, bien entendu, elles ne résument tout simplement pas qu’à un tas de banalités sans saveur.
Et, chose agréable pour le suivi, on a bel et bien une traduction française. Enfin, il existe quand même une petite exception : l’introduction du jeu, qui a donc pour objectif de nous mettre dans le bain en nous présentant l’univers justement, a le fâcheux défaut d’être prononcé en anglais seulement, sans aucun sous-titre pour nous clarifier la situation. Une absence qui, vous en conviendrez, ne facilite pas l’immersion. Mais bon, rien ne dit que cette petite lacune restera telle quelle, une mise à jour pouvant vite y remédier.
Un chemin semé d’embûches
Ceci étant, c’est en compagnie de Cherry et de sa compagne d’aventure, une intelligence artificielle nommée Regina (à l’apparence ambigüe), que le joueur sera donc amené à visiter une sorte de complexe industriel. Dès lors, l’environnement est principalement fermé. Cela peut se résumer à des grottes, des usines ou encore à des mines. Et, dans l’ensemble, c’est beau.
Alors oui, visuellement, Cookie Cutter semble se caractériser par une espèce de simplicité, mais cela n’enlève en rien sa qualité graphique. Car, même si parfois il y a effectivement comme une sensation de vide par-ci, par-là (avec de longs couloirs très sobres), et une grande ressemblance de lieux, on fait aussi face à des panoramas assez bluffants, lesquels brillent souvent par leur grandeur.
Nous avançons donc dans des lieux plutôt agréables. En revanche, la progression peine parfois. Et c’est à la fois un défaut et une qualité. En fait, tout dépend de l’intentionnalité. À certains moments, et on le comprendra, on a une difficulté voulue, servant à instiller une dose de défi et donc à éviter une sorte de monotonie. Mais, à d’autres instants, c’est bien plus compliqué, plus confus. Il y a, là encore, cette notion de difficulté. Cependant, contrairement à ce que l’on vient de dire, cela ne semble nullement maîtrisé.
Et, pour cause : il existe des combats qui mettent nos nerfs à l’épreuve. Ce n’est pas particulièrement ardu, mais délicat à jouer. Ainsi, des ennemis, qui semblent accessibles dans un premier temps, arrivent en nombre, s’enchevêtrent les uns sur les autres et rendent très vite la situation illisible. Dans ces cas-là, on n’arrive plus à voir où se situe notre héroïne. Dès lors, on se perd bien souvent, d’autant qu’il s’agit d’affrontements obligatoires, sans quoi on est bloqué dans notre cheminement. En un mot, le sentiment que l’on retient, c’est de la frustration.
En vérité, il apparaît (du moins, on le croit) que c’est en quelque sorte la recette même du jeu. Et c’est au fur et à mesure que l’on découvre petit à petit les intentions des développeurs, du moins celles qui semblent s’imposer à nos yeux : c’est que ce Metroidvania a des allures de die & retry évidentes. Des allures moins présentes au début de l’aventure, mais très prégnantes par la suite, notamment visibles avec des phases de plateformes plutôt infernales. C’est plutôt douloureux, surtout que, bien souvent, on est amené à refaire un chemin assez conséquent pour revenir sur les lieux de notre défaite.
Une balade mortelle, mais agréable ?
Mais, malgré cela, peut-on réellement prendre du plaisir à ce Cookie Cutter ? Eh bien, à cette question, notre réponse ne peut être que mesurée. Ce n’est pas qu’il soit mauvais. Il est sympathique, mais d’un autre côté, il apporte avec lui une touche de déception et de frustration que l’on ne peut nier. C’est que, en effet, le jeu arrive difficilement à maintenir une espèce d’entrain et l’ennui peut ainsi vite s’installer. On en fait rapidement le tour. Et dans cela, dans ce rythme descendant, la musique a une part de responsabilité.
En effet, contrairement aux effets visuels, la composition musicale, elle, est sujette à de nombreux points négatifs. D’une part, elle semble trop en retrait, et est même banale. Et puis, ensuite, il semble qu’elle soit un peu trop redondante. Redondante à l’image même de la structure du titre. Car oui, il nous est bien souvent demandé d’effectuer les mêmes actions ou de passer par des situations similaires. Prenons un exemple : les combats obligatoires totalement injustes sus-mentionnés.
Ces derniers peuvent se succéder sans laisser un temps de répit, ne pouvant être séparés les uns des autres par quelques tableaux seulement, ce qui constitue une sorte d' »omniprésence » tout à fait malvenue. Cela crée logiquement de l’agacement, et ancre le jeu dans une sorte de monotonie. C’est un peu comme si on pouvait déceler dans tout cela une espèce d’aveu d’échec ; un échec à apporter une variété suffisamment importante pour singulariser le titre. La tentative est louable, mais le résultat un peu moins remarquable. Cette volonté à instiller de la nervosité échoue.
À cela s’ajouteront d’autres petits soucis qui, une fois réunis, donnent un peu plus d’amertume. On relèvera ainsi un manque de variété du côté des ennemis, lesquels ne semblent se distinguer que par un changement de couleur et de taille seulement, des boss sans réel challenge (enfin, la plupart du temps) ou encore de véritables longueurs. Et le plus problématique, c’est qu’il ne respecte même pas la promesse faite au joueur.
Cookie Cutter laisse un arrière-goût insipide difficile à ignorer. Son univers n’est pas exploité et se délite. La violence existe bel et bien, comme nous le montrent les nombreuses animations d’exécutions, lesquelles sont par ailleurs bien appréciées, mais il est faussement décalé. Il tente d’emprunter les codes, le style, mais n’y parvient pas. Au final, le jeu ne reste qu’un simple Metroidvania qui n’arrivera pas à se démarquer des autres.
Cookie Cutter est un jeu honnête et beau. Malheureusement, plusieurs défauts viennent ternir l’expérience. Il n’est, en fin de compte, qu’un Metroidvania quelconque qui aura du mal à se distinguer. Certes, il accomplit son rôle : c’est labyrinthique, les évolutions et armes à récupérer sont plaisantes, etc. Néanmoins, il échoue à proposer un véritable univers. Loin d’être fun et déjanté comme il semble le promettre, Cookie Cutter est malheureusement un titre sans panache qui souffre atrocement d’un problème de difficulté mal gérée.