Il y a quatre ans, le projet Contraband s’annonçait dans les volutes poussiéreuses d’un court teaser. Un coffre s’entrouvrait dans un entrepôt clandestin, sur fond de soul vintage, promettant contrebande, coopération et aventure dans un monde ouvert rétro-futuriste. Mais voilà, quatre années plus tard, Microsoft referme le couvercle d’un projet devenu un véritable fantôme. L’éditeur a donc mis fin au développement actif du jeu, laissant Avalanche Studios en suspens.
Ce qui devait être une exclusivité ambitieuse pour la marque rejoint une pile grandissante de projets avortés, évanouis dans le sillage d’une stratégie éditoriale de plus en plus opaque.
Un projet aussi prometteur que nébuleux
Révélé durant l’E3 2021 au Xbox & Bethesda Games Showcase, Contraband portait une promesse alléchante : celle d’un jeu en coopération à monde ouvert, plongé dans les années 70, autour du thème séduisant de la contrebande. Aux manettes : Avalanche Studios, à qui l’on doit la série Just Cause et le jeu Mad Max de 2015, des jeux connus pour leur approche explosive du bac à sable.
Le directeur créatif Omar Shakir évoquait alors « le projet le plus ambitieux » du studio suédois, fruit de près de deux décennies d’expérience dans la construction de mondes vastes, détaillés et dynamiques. Mais très vite, cette belle promesse s’est transformée en un silence total. Aucune image de gameplay, aucune information concrète, aucune fenêtre de sortie n’a suivi. Le projet s’est mué en arlésienne, son absence criante devenant un sujet récurrent d’inquiétude pour les observateurs.
Et le 7 août 2025, l’annonce tombe : Contraband est mis « en pause ». Le communiqué d’Avalanche Studios, laconique, précise :
« Le développement actif est désormais arrêté, le temps d’évaluer l’avenir du projet. »
Une déclaration diplomatique qui, dans le langage feutré de l’industrie, équivaut bien souvent à un certificat de décès en bonne et due forme. Contraband semble ainsi rejoindre le cercle, de moins en moins fermé, des jeux annoncés trop tôt à grands renforts de trailers CGI clinquants, avant de sombrer dans l’oubli ou l’annulation pure et simple.
L’ombre d’une restructuration bien réelle
Contraband n’est pas malheureusement un cas isolé. Depuis des mois, Microsoft semble refermer brutalement les portes sur plusieurs projets de longue haleine. En juin, la firme procédait à une vague de licenciements significative. Peu après, la mort d’Everwild, pourtant en développement chez Rare depuis des années, était confirmée. Même sort pour Perfect Dark, pourtant vitrine symbolique du studio The Initiative. Dans le même souffle, Microsoft réaffirmait publiquement vouloir « simplifier sa structure managériale » et « renforcer son agilité ». Une rhétorique managériale qui contraste avec l’ampleur des pertes créatives.
Dans ce contexte, Contraband fait ici figure de dommage collatéral d’une politique de rationalisation brutale. L’ironie n’est pas anodine : un jeu sur la contrebande, perdu dans les limbes du jeu vidéo légalement publié. Une production ambitieuse, certes, mais dont le silence radio prolongé trahissait depuis longtemps un développement cahotique. Une issue qui, sans surprise, fait planer une ombre inquiétante sur d’autres projets au parcours similaire, à commencer par le Wolverine d’Insomniac ou le très attendu remake de Knights of the Old Republic, dont on désespère d’avoir le moindre signe de vie.
Des signaux avant-coureurs
L’annonce ne surprend que modérément. Depuis son annonce, Contraband brillait surtout par son absence. Le projet, censé être une vitrine technique, n’était plus qu’un nom parmi tant d’autres sur la liste des projets dormants.
En 2024, Avalanche Studios avait vu une partie de ses employés se syndiquer, signe parmi d’autres de tensions internes dans un studio pourtant reconnu pour sa stabilité. À ce jour, aucune vague de licenciement n’a été officiellement confirmée dans le sillage de l’annulation de Contraband, mais il est permis de s’inquiéter pour les équipes mobilisées depuis plus de cinq ans sur un projet désormais orphelin.
Même les joueurs les plus optimistes avaient fini par perdre espoir, comme si Contraband n’avait été qu’un mirage, une promesse marketing sans substance concrète. Une tendance malheureusement symptomatique de l’ère actuelle chez Xbox.
Xbox, un éditeur sous perfusion d’IA, en quête de sens
En parallèle de cette cascade de coupes, Microsoft continue d’afficher sa volonté de recentrer ses efforts sur l’intelligence artificielle, domaine désormais prioritaire pour la firme. Phil Spencer, patron de la division gaming, l’affirme : il faut « suivre le cap stratégique de Microsoft ». Traduction ? Les jeux qui ne répondent pas à des objectifs de rentabilité ou de convergence technologique ne sont plus viables, peu importe leur ambition ou leur potentiel.
Le paradoxe est cruel. Car Microsoft n’a jamais eu autant de studios sous sa bannière, de Bethesda à Activision Blizzard, et pourtant, l’impression qui domine est celle d’un désordre diffus, d’une politique éditoriale sans cap clair. Les joueurs se retrouvent peu à peu orphelins d’un catalogue exclusif qui s’effrite, victime de décisions toujours plus dictées par la rentabilité que par la créativité. Et les quelques titres jadis estampillés Xbox n’y restent souvent que de passage, avant de migrer, quelques mois plus tard, vers la console concurrente de Sony.
Contraband, Everwild, Perfect Dark : trois projets attendus, trois visions singulières pour, au final, trois promesses envolées. Un triste symbole d’une industrie qui peine à faire cohabiter ambition artistique, contraintes économiques et pression actionnariale. Un coffre qui s’est refermé avec fracas, bien qu’il semble n’avoir jamais contenu le moindre trésor.
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