Le septième art fut, au cours de sa très longue histoire, marqué par toutes sortes de films, réalisateurs, acteurs et actrices, ou encore de sagas cinématographiques. D’ailleurs, c’est précisément une saga qui nous intéresse ici, l’une de celles qui redéfinissent un genre, qui est aujourd’hui entrée dans la culture populaire et qui continue d’exister aussi bien au cinéma que sur divers autres supports.
On entend par là des bandes dessinées, des comics, des mangas, des jeux vidéo, des romans, des courts métrages, on en passe et des meilleurs. Un univers qui ne cesse de s’étendre, se voyant même mélangé à d’autres, comme celui de Blade Runner (les deux franchises cinématographiques se déroulant supposément dans le même univers ) ou encore Predator. Eh non, on ne parle pas ici de Star Wars, mais de quelque chose de beaucoup plus sombre et inquiétant : Alien.
Nous vous conseillons de lancer cette OST avant de vous lancer dans la lecture du dossier.
Sommaire du dossier :
Alien, une oeuvre culte
Sans revenir sur toute cette dernière, sachez que le premier épisode de cette franchise cinématographique, sobrement intitulé Alien (sous-titré Le Huitième Passagers chez nous), est sorti en septembre 1979. Réalisé par Ridely Scott, le film est un survival horrifique de science-fiction se déroulant sur le Nostromo, un immense cargo spatial. On y suit les péripéties de l’équipage alors qu’une entité étrangère pénètre dans le vaisseau et les élimine les uns après les autres. Premier grand rôle au cinéma pour une certaine Sigourney Weaver qui incarne Ellen Ripley, Alien fut un véritable phénomène à sa sortie, rapportant plus de dix fois son budget, et ce, malgré des critiques presse parfois acerbes.
Le film brille encore aujourd’hui par sa réalisation sobre et lente, instillant une tension presque palpable qui monte et monte au fur et à mesure que les minutes passent jusqu’à atteindre un seuil critique en fin de récit. La bande originale, signée Jerry Goldsmith, est une petite perle et le scénario de Dan O’Bannon et Walter Hill bien plus complexe et profond qu’il n’y parait. L’univers imagé de la série, à commencer par le design du Xenomorph, est issu de l’esprit incroyablement génial et tordu d’un seul homme et artiste, H. R. Giger, malheureusement décédé aujourd’hui.
Il affiche un casting parfait d’acteurs comprenant entre autres Ian Holm qui joue l’inoubliable androïde H ou encore John Hurt et Veronica Cartwright. Porté par une réalisation sans fausse note, un univers visuel dit de » futur usé » mêlé au génie de Giger pour tout ce qui touche à l’imagerie extra-terrestre, Alien est une oeuvre intemporelle qui fait encore mourir d’effroi les personnes le découvrant aujourd’hui.
Suite à ce succès, une suite tout aussi bonne, bien que très différente vit le jour, Aliens, le retour de James Cameron en 1986. Puis vint ensuite en 1992, et après de gros problèmes de production, Alien 3 de David Fincher, dont ce fut le premier long métrage, pour finir par le très incompris Alien, la Résurrection réalisé par le français Jean-Pierre Jeunet.
Depuis 2012, et la sortie de Prometheus de Ridley Scott, la saga Alien s’est relancée au cinéma, le dernier épisode en date étant Alien Covenant toujours dirigé par le metteur en scène britannique. Décriés par les fans de la première heure, ces prequels apportent tout de même leur pierre à l’édifice et font autant partie de la mythologie construite autour de l’oeuvre originale que les autres films.
Enfin, Il s’avère que la licence comprend aussi d’autres films qui sont directement liés à l’univers, les deux Alien vs. Predator. Inutile de revenir sur ces derniers et si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur les films cités, nous vous encourageons à découvrir la rétrospective (toujours en cours de réalisation) de Guillaume Cassar dont le premier épisode est visible ci-dessous.
Une saga horrifique / action unique
L’une des particularités de la saga Alien, c’est qu’elle offre la possibilité de proposer plusieurs jeux de genres différents restant néanmoins en adéquation avec l’oeuvre cinématographique. Cela pour une raison ou plutôt grâce à un homme, James Cameron.
Réalisateur du second volet de la franchise, il transforma le survival purement horrifique de Ridley Scott en survival action, sans pour autant trahir les origines du mythe. Cameron voulait faire un film de guerre et d’horreur en mettant le suspense et la tension sur le devant de la scène et c’est ce qu’il réussit à faire d’une main de maître. Aliens est aussi culte que son aîné et est probablement le long métrage le plus apprécié des fans.
Ceci influença aussi beaucoup les jeux sortis autour de cette saga. Aussi, il était notamment plus simple à l’époque et au vu des limitations techniques des consoles de sortir des titres avant tout action. Même si bien souvent les différentes ambiances et atmosphères explorées étaient admirablement travaillées. Reste que certaines entrées ne minimisaient pas non plus le côté horrifique de la saga, s’appuyant avant tout sur le modèle Cameron, avec le bip du sonar notamment, pour créer la peur et de la tension.
On vous propose de découvrir tout cela au travers de notre passage en revue des différents jeux de la franchise Alien, en mettant de côté, même si on leur consacre un petit aparté, les titres issus de la licence Alien vs. Predator.
Alien, une histoire ancrée dans les eighties
Maintenant que nous sommes revenus sur la saga filmique, il est temps d’en venir à ce qui nous intéresse, la place de la licence Alien dans le jeu vidéo. Car si les plus jeunes connaissent surtout les dernières sorties comme Alien Isolation, Aliens Colonial Marines ou encore le AVP de 2010, bien d’autres jeux ont vu le jour, et ce, depuis presque 40 ans.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, sachez que l’on ne va traiter ici que des jeux se déroulant dans l’univers étendu strictement réservé à l’Alien, vous trouverez alors en fin de dossier un petit encart réservé aux titres mêlant cette licence à une autre bien connue, avec la série de jeux Alien vs. Predator. Il faut aussi savoir que c’est la Fox qui possède forcément les droits d’exploitation, mais qu’ils ont été cédés plusieurs fois à d’autre éditeurs tels qu’Activision, Electronic Arts, Konami et plus récemment SEGA, tout en gardant un droit de regard derrière.
La première apparition du Xenomorph dans notre medium préféré fut sur Atari 2600 VCS en 1982. Tout simplement intitulé Alien, ils s’agissait là d’un PacMan-like dans lequel Ripley remplaçait la boule jaune, et les créatures, les fantômes. Rien de bien marquant en somme, surtout qu’il est dans l’ensemble plutôt mauvais et sans grand intérêt.
Il faut donc attendre 1985 et le jeu Alien de Concept Software sorti sur Amstrad CPC, Commodore 64 et ZX Spectrum pour voir apparaître une véritable adaptation. En effet, il s’agit là d’un jeu de stratégie nous demandant de contrôler l’équipage entier du Nostromo juste après la naissance du Xenomorph et donc la mort de Kane. On doit alors éliminer la forme de vie étrangère, tout en prenant garde aux androïdes nous barrant la route.
On contrôle tout ce joli monde via divers menus nous permettant d’effectuer quelques actions comme ramasser, déposer ou utiliser un item, voire encore nous déplacer dans les 35 pièces qui composent le Nostromo. Ayant forcément vieilli aujourd’hui, le jeu n’en reste pas moins intéressant et rencontra un certain succès en son temps.
Un an après la sortie de la suite des aventures de Ripley au cinéma dans Aliens, le Retour, les développeurs de chez Software Studios nous offrent l’opportunité de replonger dans l’horreur avec Aliens: The Computer Game. Édité par Electric Dreams Software, il sort en 1987 sur Amstrad CPC, Apple II, Commodore 64 et ZX Spectrum.
Il s’agit là d’un jeu d’action / stratégie à la première personne plutôt réussi qui nous offre même la première véritable introduction mettant en scène des personnages du film. Il nous propose de diriger une escouade de Marines alors que cette dernière cherche à éliminer la menace Xenomorph. Le but final étant de rejoindre la chambre de la Reine en ayant le maximum de personnages encore en vie.
Possédant un gameplay plutôt riche, nous permettant de contrôler directement un soldat ou de donner des ordres aux autres via le MTOB – vous savez, le tank du long métrage -, il est aussi difficile que détaillé, car il est le premier jeu a mettre en place le système d’acide rendant les cadavres des monstres tout aussi mortels que s’ils étaient encore vivants. De notre point de vue, il est le jeu le plus réussi de cette décennie.
En 1987, une sorte d’ovni débarque au Japon sur la MSX. Développé par Squaresoft (oui, vous avez bien lu), Aliens: Alien 2 est un shooter en scrolling horizontal nous permettant d’incarner Ripley sur une planète infestée de Xenomorphs. Jamais sorti en Europe et même aux États-Unis, il s’agit là d’un jeu assez singulier qui ne connut pas forcément le succès qu’il méritait, notamment parce qu’il n’est pas sorti de son sol.
Mais rassurez-vous, la prochaine itération japonaise autour de la saga Alien connaîtra, elle, un joli succès.
Alien, l’âge d’or des années 90
Pour beaucoup, les années 90 sont l’âge d’or des jeux vidéo et c’est aussi le cas pour la licence Alien qui livrera là plusieurs de ses meilleurs jeux avant une période moins faste. On commence dès 1990 avec Konami qui nous livre sa vision du deuxième film en nous proposant un tonitruant Aliens sur arcade. On est très loin du survival ou de l’horreur, mais la qualité graphique, ainsi que le dynamisme du gameplay, poussé par une bande-son dingue et la variété des situations rencontrées donnent un très bon jeu.
Point positif aussi, la variété des ennemis, ce qui n’était pas gagné, même si certaines inventions organiques tranchent un peu avec le reste de l’univers. Les couleurs criardes et le fait que Ripley soit blonde n’aident pas non plus à s’y retrouver. Cependant, quelques séquences issues directement du film de Cameron et retranscrites dans le jeu, comme le fameux affrontement entre l’héroïne et la Reine, établissent un lien solide avec le long métrage.
Suivra en 1992 ce que l’on peut considérer comme étant la première très grosse entrée de la licence dans le monde du jeu vidéo. Cette année-là sortait d’ailleurs le troisième épisode au cinéma, alors quoi de plus normal d’accueillir Alien 3 développé par Probe Software sur Megadrive, GameGear, Master System, Commodore 64 et Amiga.
Ne suivant pas exactement le scénario dépeint dans le long métrage, on y incarne une Ripley arrivant sur la planète Fiorina « Fury » 161 alors infestée de Xenomorphs. Elle a à sa disposition un équipement complet de Marines Coloniaux pour se sortir de ce mauvais pas. Le jeu demande de sauver des personnes capturées par les créatures dans des niveaux assez labyrinthiques, tout en nous imposant un timer. Alien 3, développé par Probe Software pour Arena Entertainment, est une vraie réussite, surtout dans sa version Genesis (Megadrive) et sera suivi l’année suivante par des versions Nintendo.
Nous sommes donc en 1993 et le jeu Alien 3 n’a pas fini de faire parler de lui, puisque Probe Software nous propose en cette année des versions Super Nintendo, NES et Game Boy, éditées cette fois-ci par LJN.
La version NES tout d’abord est similaire à la version proposée sur les consoles SEGA, mais en beaucoup moins aboutie. Sur Game Boy on se retrouve avec jeu en vue du dessus dans lequel on doit se frayer un passage sur Fury en éliminant les Xenomorphs présents, tout en résolvant des puzzles. Assez brouillonne dans l’ensemble, c’est loin d’être la meilleure adaptation, même si ce n’est pas non plus une catastrophe, par contre le jeu est très moche.
Venons-en maintenant à la version Super Nintendo de ce Alien 3. Totalement différente de son homologue MegaDrive, on est ici en présence d’un véritable metroidvania dans l’univers d’Alien divisé en plusieurs niveaux. Comme sur Genesis, on doit aussi libérer des prisonniers, sauf qu’ici d’autres missions peuvent se substituer à cette dernière, comme réparer des fusibles, souder des portes ou encore détruire des œufs contenant des Face Huggers.
Peut-être plus aboutie que la version Megadrive sur ses graphismes et sa bande sonore, la première garde tout de même notre préférence, car plus homogène et moins confuse. Niveau gameplay, il y a très peu de différence entre les deux versions, voire quasiment aucune, puisque les armes sont les mêmes et qu’il est toujours possible de se soigner via des kits de soin. Seuls quelques ennemis changent, ainsi que comme remarqué le game design et les objectifs.
Mais l’année 1993 n’est pas que synonyme de sorties consoles pour la franchise, puisqu’un certain Alien 3: The Gun fait aussi son apparition sur borne d’arcade. Il est jouable à deux joueurs ou en solo et est un shooter demandant d’utiliser des répliques de Pulse Rifle pour être joué.
On y incarne deux Marines se rendant vers le Sulaco après les événements de Aliens, le Retour. Malheureusement, ils se crashent sur la planète pénitentiaire Fury 161 et se retrouvent confrontés à des hordes de Xenomorphs et Face Huggers, mais pas que. Ils vont devoir se frayer un chemin en éliminant toute menace, tout en sauvant les quelques prisonniers encore en vie et en évitant les pièges de la Weyland-Yutani.
Pour y avoir joué sur borne arcade, nous pouvons vous dire que l’expérience est une franche réussite. Aussi fun que nerveux, Alien 3: The Gun fera date dans l’histoire du jeu d’arcade et marque le premier vrai succès mondial de la licence sur ce support, même si le Aliens de Konami en 1990 avait déjà ouvert la voie.
Près de trois ans après le succès des jeux Alien 3, un petit ovni débarque dans la série avec Aliens: A Comic Book Adventure sorti sur PC en 1995. Développé par Cryo Interactive, société française a qui l’on doit Dune ou encore la série de jeux Atlantis, il s’agit là d’un point-and-click lié aux comics de Dark Horse Comics, Aliens: Labyrinth.
On nous embarque ici à bord de l’USS Sheridan dans la peau du Lieutenant Colonel Henry Hericksen, un ex-Colonial Marines. Accompagné d’un équipage réduit, notre mission est d’investiguer sur un appel de détresse provenant de l’avant-poste terrien B54C. Planète minière, il va nous falloir faire la lumière sur les étranges et horribles expérimentations qui s’y sont déroulées, tout en évitant de finir ad patres, car comme on le devine, B54C est infesté de Xenomorphs.
Très sincèrement, le jeu n’est pas une réussite. Plutôt moche, il a pour lui un scénario réussi, ainsi qu’un univers bien respecté. Le gameplay est quant à lui franchement mauvais lors des séquences d’action, et les puzzles sont à des années-lumière de ce que le genre nous offre de meilleur. Néanmoins, il reste un titre à découvrir si l’on est fan de la licence Alien.
Venons-en maintenant à l’un des tout meilleurs jeux de la saga, Alien Trilogy. Nous sommes en 1996 et le DOOM-like commence à connaitre un bel essor et sortir de la confidentialité PC. Développé par Probe Interactive, Alien Trilogy s’inscrit dans cette volonté d’émancipation du genre en proposant un shooter diablement efficace, sans être dénué de défauts. Il reçut d’ailleurs un bon accueil presse sur console, alors que la version PC fut, elle, bien plus controversée.
Censé suivre le déroulé des trois premiers films, il n’en prend en compte véritablement que deux, le deuxième et le troisième. On incarne Ellen Ripley alors qu’elle se rend sur la planète LV-426 pour secourir une colonie terrestre en difficulté. Accompagnée par une escouade de Colonial Marines qui se fait décimer dès leur arrivé sur place, il ne reste plus qu’elle et l’androïde Bishop pour terminer la mission. Mission qui les mènera d’ailleurs jusqu’à la planète pénitentiaire de Fury 161.
Beau pour l’époque, solide dans son gameplay et possédant une ambiance réussie, tout comme le sound design d’ailleurs, Alien Trilogy est une petite merveille qui fit son effet aux fans de la saga lors de sa sortie. Les Xenomorphs ne sont d’ailleurs pas les seuls ennemis, puisque Ripley aura aussi à faire aux employés de la Weyland, à des Face Huggers, des androïdes ou encore aux Reines des créatures. Seul gros reproche que l’on peut faire au jeu, un level design très brouillon et labyrinthique parfois agaçant. Aussi la version PC est une catastrophe, privilégiez les opus PlayStation et Saturn.
1998 fut une année faste pour la licence Alien, puisque son premier jeu massivement multijoueur voyait le jour sur PC avec Aliens Online développé par Mythic Entertainment et Kesmai Corporation. Édité par Fox Interactive, il s’agit là d’un FPS jouable uniquement en ligne utilisant une version altérée du moteur d’époque de Mythic, et était accessible via feu le portail GameStorm (la belle époque).
Aliens Online permettait à près de deux cents joueurs de s’affronter sur différentes maps. Une équipe était constituée de Marines alors que l’autre incarnait les Xenomorphs. Pour ces derniers, nombre d’entre eux étaient dirigés par l’IA et à tout moment un joueur pouvait en prendre le contrôle, d’où le nombre quasi illimité de joueurs à l’époque sur le jeu. Car il s’agissait pour une petite escouade de Marines d’affronter un nid entier de ces bestioles, donnant donc aux Aliens l’avantage du nombre et aux Marines l’avantage des armes.
Un système d’expérience était en place, avec la possibilité d’acquérir différents types de bonus plus on montait. Plusieurs types de Xenomorphs et de Marines pouvaient être contrôlés.
Un système de ticket régissait le tout, alors que de nombreux modes de jeu et maps sont venus se greffer à la proposition de départ pour nous offrir au final un épisode online très réussi qui possédait une véritable communauté active. Le seul souci, c’est qu’il n’est jamais officiellement sorti de sa bêta, malgré être allé jusqu’à sa version 2.21, et en 2000 Electronic Arts, qui racheta GameStorm en 1999, décida de fermer purement et simplement tous les serveurs du jeu, ce fut la fin pour Aliens Online.
Alien, les années 2000 et le règne de AVP
Après une décennie faste, voici qu’arrivent les années 2000 et avec elles une licence qui va se faire bien plus discrète, hormis si on prend en compte une autre franchise plus présente durant cette décennie, celle de Alien vs. Predator. Le Xenormorph partage donc la tête d’affiche avec un autre monstre sacré du cinéma de genre et les titres le mettant en scène seul vont se faire un peu plus rares.
Cependant, la première entrée de la saga qui nous intéresse a quelque peu révolutionné le genre FPS sur console. Il s’agit du jeu tiré du film et possédant le même nom, Alien : La Résurrection. On y incarne Ellen Ripley, Call, DiStephano et Christie qui comme dans le long métrage doivent s’échapper du vaisseau USM Auriga alors envahi par des Xenomorphs.
Le scénario est donc semblable à celui exploré par le film de Jean-Pierre Jeunet et on y retrouve les thématiques fortes soulevées par ce dernier comme le clonage. Réussi, aussi bien en termes d’ambiance que de game design, Alien : La Résurrection est un bon jeu que les fans se doivent de faire. D’autant plus qu’il est le premier FPS à proposer un gameplay prenant en compte deux sticks analogiques, un pour se déplacer et l’autre pour bouger la caméra, chose jugée fantasque à l’époque et depuis devenue standard.
Finalement, seule la difficulté parfois abusée pourra faire rager dans les chaumières, hormis cela et des graphismes un brin vieillots, même pour l’époque, on ne peut que vous conseiller le jeu. Développé par Argonaut Software, il est sorti en 2000 uniquement sur PlayStation.
Vient ensuite en 2001 un jeu tout aussi bon, mais bien plus confidentiel puisque sorti uniquement sur Game Boy Color. Aliens: Thanatos Encounter de son nom est un jeu d’action vu du dessus, véritable hommage aux shoot’em’up d’antan, développé par Crawfish Interactive.
On y retrouve un groupe de Marines rentrant d’une mission d’entrainement et réveillé d’hyper sommeil sur le chemin du retour alors que leur vaisseau capte un signal de détresse provenant d’un bâtiment de la Weyland-Yutani, le Thanatos, à la dérive dans l’espace. Une fois sur place, il découvre alors que les Xenomorphs ont pris le contrôle de l’appareil et décimé la population locale.
On est face là à un jeu d’action et de tir dans la plus pure tradition du genre, pourtant quelques particularités demeurent. A la manière de Tortues Ninja sur Nes, lorsque l’on perd un Marines, un autre prend le relais, ainsi on peut réitérer l’opération jusqu’à cinq fois. Ils ont tous d’ailleurs des particularités spécifiques. Le jeu nous laisse aussi l’opportunité d’utiliser deux armes différentes en même temps, une à chaque main.
Aliens: Thanatos Encounter est fun, plutôt varié, malgré son genre, et dynamique. Dommage alors qu’il n’affiche pas des graphismes au niveau et que le scénario soit si conventionnel.
En 2003, Sorent nous offre l’occasion de découvrir la première entrée de la franchise sur mobile, Aliens: Unleashed. Bien accueilli à sa sortie à l’époque, autant dire qu’il n’a plus aucun intérêt aujourd’hui, du fait de son gameplay totalement dépassé et de ses graphismes qui le sont tout autant.
On y incarne un Marines en devenir qui doit se défaire d’Aliens synthétiques et d’androïdes devenus fous dans un camp d’entrainement spécial destinés à préparer les soldats aux futurs conflits face aux Xenomorphs. Rien de bien fou à se mettre sous la dent côté scénario, d’autant plus que la narration uniquement textuelle est pauvre, mais pouvait-on en attendre plus au vu du support et de l’année de sortie ? Probablement pas.
Le gameplay s’articule lui autour des touches du téléphone. Lorsque l’assaillant apparaît à l’écran, un chiffre apparaît à l’écran et il faut alors appuyer sur la touche correspondante pour l’attaquer et le tuer. Il y a tout ceci dit tout un système d’upgrade en place, ainsi que neuf armes différentes et c’est tout de même pas mal. Il a en fait juste extrêmement mal vieilli, avec sa succession de tableaux assez laids de nos jours et son gameplay trop statique, même si quelques bonnes idées sont présentes.
Aliens: Extermination arrive ensuite sur notre liste. Un jeu développé par Global VR et sorti uniquement sur borne arcade en 2006. Il s’agit d’un shooter de type rail shooter jouable donc avec des répliques de Pulse Rifle comme Alien 3: The Gun en son temps. Mention spéciale à la borne qui est juste magnifique.
On y incarne ici un Marines faisant partie d’un commando retournant sur LV-426 des années après les événements d’Aliens. La mission est simple, éradiquer toute forme de vie Xenomorph, tout en bataillant contre un système de défense défaillant. Bien évidemment, le jeu prend place à Hadley’s Hope, la petite ville coloniale qui sert de décors au film de James Cameron. Rien de particulier à dire ici, car il reste très classique, même si diablement efficace. Voyez plutôt.
Alien, l’ombre et la lumière des années 2010
Cette nouvelle décennie nous réserve bien des surprises, entre par exemple un jeu qui fut l’une des plus grosses déceptions de la génération PlayStation 3/Xbox 360 et un autre qui s’avère être probablement le meilleur titre de la franchise.
On commence avec Aliens Infestation, une véritable bonne surprise signée WayForward Technologies et avec la participation lointaine de Gearbox Software. Le titre est sorti sur Nintendo DS en 2011 et est un metroidvania pas mal réussi. Pour la petite histoire, il devait à la base être le portage de Aliens: Colonial Marines, mais au vu de l’arlésienne qu’il fut et aurait dû rester, le développement fut dans un premier temps arrêté avant que le titre ne revienne sous le nom de Aliens: Infestation.
Dû au fait qu’il était de base un portage de Colonial Marines, Infestation se veut similaire sur son scénario de départ à ce dernier. On est donc un Colonial Marines envoyé à bord de l’USS Sulaco pour investiguer les lieux. Cette similitude entre les deux titres s’arrête là puisque l’histoire part dans une toute autre direction et que les protagonistes ne sont pas les mêmes. Aussi, Infestation est de bien meilleure qualité.
Graphiquement solide, l’univers représenté est de toute beauté, mais déçoit dans le fait que le Sulaco est très différent de celui présenté dans Aliens. Hormis cela, le character design, les animations et la direction artistique sont de très bonne facture. Le gameplay est solide et s’articule donc autour du concept du metroidvania avec des allers-retours possibles entre les différentes parties du Sulaco et il faut donc trouver de nouveaux items pour sans arrêt débloquer de nouvelles coursives.
Des boss pimentent le tout ponctuellement et la feature la plus intéressante vient du fait que l’on peut incarner plusieurs Marines et que si l’on succombe avec l’un d’eux, il meurt définitivement. Ainsi, on peut reprendre notre progression avec pas moins de cinq personnages, mais rassurez-vous, on croise de nouveaux soldats prêts à nous rejoindre durant l’aventure. Oui, Infestation n’est pas simple et aussi imparfait, mais il vaut franchement le détour.
Nous sommes donc maintenant en 2013, plus précisément le 12 février 2013 et sort enfin dans le monde entier l’une des arlésiennes les plus attendues de l’histoire du jeu vidéo avec Aliens: Colonial Marines. On s’attaque ici à l’un des jeux les plus controversés de ces dix dernières années, puisqu’il est l’objet d’un mensonge et de la mauvaise gestion du projet par un studio en particulier, Gearbox Software.
En développement depuis 2006 et peut-être même avant, Colonial Marines fut tellement malmené durant son développement qu’il mourut dans l’œuf de plusieurs studios sous-traitants et jamais Gearbox ne fut en mesure de présenter un projet viable. Les projections aux publics furent mensongères et basées sur une démo qui ne put jamais tourner sur les consoles d’alors. Une démo visible ci-dessous.
À sa sortie, il fut très mal accueilli aussi bien par la critique que les joueurs, et de nombreuses polémiques éclatèrent autour de Gearbox et de sa gestion du projet et de SEGA, l’éditeur, se disant floué.
Pour en venir au jeu, il s’agit là d’un FPS se déroulant juste après Aliens et nous ramenant avec une escouade de Marines sur l’USS Sulaco à la recherche des Marines disparus avec Ellen Ripley quelque temps auparavant. Notre périple nous emmène alors dans Hadley’s Hope sur LV-426 et offre, il faut l’avouer, une belle reconstitution des différents décors du second film. Mais les réjouissances s’arrêtent là.
Techniquement et graphiquement à la ramasse, Aliens: Colonial Marines offre aussi l’une des pires IA de la génération précédente, des situations de jeu complètement éculées, une mise en scène très franchement risible et surtout un gameplay basique au possible.
Le scénario est incohérent en diable, alors que se voulant être une suite directe au Aliens de Cameron. Bref, un bel étron qui est probablement le pire jeu de la saga Alien avec le tout premier sorti sur Atari 2600.
Enfin, Stasis Interrupted, un DLC au jeu est sorti peu de temps après, meilleur que le jeu de base, il n’en reste pas moins très moyen.
Heureusement la licence se releva assez rapidement, notamment avec le jeu d’arcade rail shooter Aliens: Armageddon sorti en 2014. Développé par Play Mechanix et Raw Thrills, il reprend pas mal d’idée du Terminator Salvation arcade du premier, avec la possibilité d’utiliser des grenades ou des armes spéciales, mais à des moments décidés et donc scriptés au contraire de leur titre précédant.
Pour ce qui est du scénario, le vaisseau de recherche Capella en orbite terrestre explose après l’envahissement de ce dernier par des Xenomorphs s’étant échappés des laboratoires. De nombreux débris tombent alors sur Terre et l’infection Alien trouve donc là l’occasion de fouler notre planète. On incarne un survivant de cette apocalypse inéluctable et on doit gagner un vaisseau pour s’enfuir et laisser notre planète bleue et ses nouveaux habitants derrière nous.
Terriblement jouissif et fun comme c’est souvent le cas avec les jeux de la licence sur arcade, il offre de grands moments de bravoure épiques et très grisants. Un titre qu’il faut essayer absolument avec les répliques des fusils AR-15 qu’il embarque, ou celles du Pulse Riffle pour une borne un peu plus petite.
Toujours en 2014, The Creative Assembly nous offre probablement le meilleur jeu de toute la licence avec Alien Isolation. Véritable cri d’amour envers le premier opus filmique de Ridley Scott, il est le titre que tout le monde voulait et attendait. Un survival-horror en vue à la première personne dans lequel on est la proie d’un Xenormorph dans une immense station spatiale du nom de Sevastopol.
Le scénario se veut canon à l’univers étendu Alien. On y incarne la fille d’Ellen Ripley, Amanda, qui se rend sur la station Sevastopol pour y découvrir ce qui est arrivé au vaisseau cargo Nostromo disparu bien des années auparavant. L’histoire se déroule entre Alien et Aliens, nous présentant une Amanda en quête de réponse sur ce qui est arrivé à sa mère. Cependant, à son arrivée sur la station elle ne découvre que désolation et chaos, et les rares survivants parlent d’une créature qui se tapit dans l’ombre.
Que dire si ce n’est qu’Alien Isolation est une pure merveille, certes imparfaite, mais réellement merveilleuse. On ne peut revenir à l’écrit sur tout ce qui en fait un très grand jeu, mais on va essayer de synthétiser un minimum. Tout d’abord, il ne s’agit pas là d’un jeu d’action, quelques séquences spectaculaires scriptées sont présentes, mais faire face à la menace est synonyme de mort la plupart du temps. Alien Isolation est en fait un cache-cache grandeur nature contre le Xenomorph, l’infiltration étant la clé, Amanda possède très peu de recours, lorsque découverte.
Quelques gadgets improvisés, un lance-flamme aux munitions rares et c’est tout. Le Xenomorph, superbe, est lui très intelligent, car ne dépendant pas d’un script, il se déplace aléatoirement dans la station, hormis lors de certaines séquences, et peut nous surprendre au moindre faux pas ou bruit un peu trop élevé.
Ensuite, la créature n’est pas la seule menace de la station et des humains et autres androïdes peuvent aussi nuire à l’intégrité physique d’Amanda. Isolation se montre aussi surprenant dans son déroulé, avec notamment quelques climax bien sentis et une séquence nostalgie qui fait froid dans le dos autant qu’elle nous réchauffe.
De plus, l’ambiance, mise en exergue par les bips du sonar nous permettant de repérer l’Alien, est effrayante. Le jeu fait peur, propose des moments de tension inouïe pouvant paralyser le joueur. La direction artistique et la bande sonore sont d’une fidélité à l’univers à en tomber à la renverse. Une pépite on vous dit. Privilégiez par contre ou la version PC, ou celle sur consoles actuelles.
Enfin, une suite est espérée et attendue par les fans, mais malgré le joli succès critique du jeu de The Creative Assembly, la Fox a infirmé tout développement d’un nouvel épisode pour le moment. Cela est surement dû aux ventes jugées décevantes, alors qu’il a pourtant dépassé les 2 millions d’exemplaires sur l’année fiscale 2014-2015.
Pour finir, nous sommes obligés de terminer sur une mauvaise note. Alien Blackout, sorte de suite non officielle et stand-alone à Alien Isolation sortie sur mobile début 2019 développée par D3 Go, Theory Interactive et Rival Games. On y suit Amanda Ripley alors qu’elle se retrouve enfermée avec quatre personnes sur une station de recherche de la Weyland-Yutani appelée Mendel. Infestée de Xenomorphs, Ripley doit aider les autres survivants à traverser les couloirs de cette station pour s’en échapper.
Le jeu reçut un accueil très mitigé, voire mauvais de la part des critiques. Son principe est simple et se base sur celui de Five Nights at Freddys, puisque l’on doit barrer la route du Xenomorph alors qu’il se dirige vers les survivants. On doit alors aussi les aider à se frayer un chemin, le tout en fermant et ouvrant des portes.
Redondant, même si le monstre se montre imprévisible, Blackout devient vite ennuyeux. On espérait beaucoup mieux, surtout qu’il se boucle en à peine une heure et n’est pas free-to-play.
Le Predator en embuscade
Comme nous l’avons déjà évoqué, Alien est une licence qui s’est très vite vue mêlée à une autre aussi détenue par la FOX, à savoir Predator. Ce lien qui unit les deux franchises se veut aussi cinématographique, puisque deux films – canons à Alien – sont sortis et que des comics, ou jeux de plateaux sont aussi l’occasion pour les deux créatures de se retrouver.
Niveau jeu vidéo, Alien vs. Predator premier du nom débarque en 1993 sur Super Nes et est un jeu de… combat. Oui, un versus fighting bête et méchant, plutôt moche, il offre une histoire oubliable et surtout un gameplay totalement foiré. Une petite purge signée Jorudan Co. et éditée par Activision.
Le premier gros jeu réunissant Alien et Predator est en fait apparu en 1994 sur Jaguar avec Alien vs. Predator. Après une année 1993 oubliable, avec notamment un épisode Game Boy, la Jaguar, pourtant console quasiment mort-née, nous propose un jeu à l’ambiance bien rendue et au gameplay efficace. Les graphismes oscillent entre le bon et le moins bon, mais il est probablement l’oasis qui servit de point d’ancrage à une saga en devenir. Qui d’autre que Rebellion aurait pu nous pondre cet épisode ?
Rebellion, studio qui a porté la franchise jusqu’au sommet avant de littéralement la tuer. En 1999, les développeurs sortent une petite bombe du nom de Aliens versus Predator. Un grand jeu qui fera date dans le monde du FPS, notamment parce qu’il offre trois campagnes, chacune permettant d’incarner un personnage différent. L’une propose d’être le Marines, l’autre le Xenomorph et la dernière le Predator. Le multijoueur, solide, fut une totale réussite.
De nombreuses extensions, et une suite avec DLC virent aussi le jour les années suivantes, alimentant alors son propre univers et background. Plus ou moins efficaces en fonction des supports, ces suites furent aussi couronnées de succès, sauf une. En 2010, un jeu mena presque la licence vers sa propre mort.
Aliens vs. Predator est donc un reboot du premier épisode et fut assez mal reçu à juste titre par les critiques et les joueurs. Gameplay vieillot, et plus mauvais dans certains cas que les opus précédents, campagnes courtes et inintéressantes, techniquement faiblard, il ne parvient à sortir du lot que grâce à son multijoueur et encore, si on passe outre les nombreux problèmes de connexions et l’équilibrage raté.
Il nous faudrait un dossier entier pour revenir sur tous les jeux de la franchise AVP, chose qui verra peut-être le jour si le cœur nous en dit. En attendant, foncez sur les premières entrées des jeux développés par Rebellion et surtout sur l’épisode beat’em’up arcade sorti en 1994 et développé par Capcom.
Alien, et demain ?
Voici l’une des questions que l’on peut se poser concernant la franchise Alien. Comme dit précédemment, la Fox a invalidé le fait qu’un Alien Isolation 2 est en développement, sans pour autant fermer la porte à un nouvel épisode mettant en scène Amanda Ripley. Affirmant aussi qu’elle pourrait revenir dans autre chose qu’un Isolation. De notre point de vue la licence est très loin d’être morte et il est certain qu’avec la prochaine génération arrivant et le plébiscite de plus en plus fort pour les jeux d’horreur que la Fox via sa division jeu vidéo FoxNext qui a repris en main la licence après Isolation travaille sur quelque chose.
On sait déjà que Cold Iron Studios développe actuellement un jeu multijoueur dans l’univers d’Alien et qu’il tournera sous l’Unreal Engine 4. Mais on attend beaucoup plus que cela, on attend de retrouver des atmosphères et ambiances uniques, de vivre de réelles expériences solo, mais aussi d’avoir peur et pourquoi pas de crier en VR. Alien est un monstre du cinéma de genre, mais aussi un monstre du jeu vidéo qui a sa place parmi les licences les plus influentes de son histoire.