Bobby Kotick (PDG d’Activision depuis 1991) s’est fendu d’un long message public le 29 mars 2021 afin de révéler la promotion d’Armin Zerza au rang de directeur financier chez Activision-Blizzard. Parallèlement à cette annonce publique, il a cependant préféré dévoiler uniquement aux employés d’Activision-Blizzard le recrutement de Brian Bulatao, ancien numéro 2 de la CIA de 2017 à 2021, et proche de l’administration Trump, en tant que responsable du département des nouveaux talents, diversité et inclusion d’Activision-Blizzard.
Ancien militaire de carrière, Bobby Kotick a insisté sur le rôle qu’il avait joué sous la direction de Mike Pompeo, ancien secrétaire général de l’administration républicaine Trump. Très proche de l’ancien président américain, Bulatao est également un ami de longue date et partenaire d’affaires de Bobby Kotick, les deux hommes s’étant rencontrés sur les bancs de l’Académie Militaire de West Point. Il sera également responsable de la supervision de la fondation Call of Duty, qui s’occupe des vétérans de guerre.
Cependant, il ne semble pas avoir laissé que de bons souvenirs lors de son mandat. Selon certains journalistes, Brian Bulatao est décrit comme un « tyran » aux ordres de Mike Pompeo. Il est aussi impliqué dans des affaires de dépenses qui ont explosé, et connu pour ses étranges capacités à renvoyer des ambassadeurs et les remplacer par des personnes peu qualifiées (mais avec lesquelles il avait des accointances). Après la prise de connaissance de son pedigree, on comprend sans doute mieux pourquoi son recrutement n’a pas été annoncé publiquement…
Ci-après un extrait d’un reportage du Business Insider concernant l’ex-numéro 2 de la CIA (traduction libre) :
Brian Bulatao est un «bully». C’était le tableau choquant peint par l’ancien inspecteur général du département d’État Steven Linick lors d’une enquête sur son licenciement par la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants.
Le titre officiel de Bulatao est sous-secrétaire d’État à la gestion. Mais sur la base du témoignage de Linick devant le comité, il semble que Bulatao sert davantage de chien d’attaque de son patron Mike Pompeo.
Depuis plusieurs mois, le PDG d’Activision-Blizzard s’évertue à redorer l’image de son entreprise (voir le communiqué ci-dessous), après de multiples accusations de licenciements abusifs, de harcèlement sexuel, et d’imposer le crunch à ses employés comme tradition d’entreprise. Le recrutement de Brian Bulatao envoie une sorte de signal contraire.
Recognizing the immeasurable contributions made by the women of @Activision, @Blizzard_Ent, @King_Games, and of our industry. At @ATVI_AB we #ChooseToChallenge by creating epic entertainment that can change stereotypes and bring people together. #IWD2021 https://t.co/flPFBsTt0w
— Bobby Kotick (@BobbyKotick) March 8, 2021
Promouvoir un homme tel que Bulatao au poste de responsable du département des nouveaux talents, diversité et inclusion semble être un pied de nez à tous les mouvements sociaux qui agitent le monde du jeu vidéo depuis plusieurs années. L’avenir nous dira comment Activision-Blizzard parviendra à négocier un virage social délicat, mais indispensable de nos jours, en embauchant un pilote tête brûlée au CV digne d’une mauvaise série politique.
Harcèlement sexuel et jeux vidéo : Ubisoft fait la Une de Libé
n1co_m
Activision Blizzard licencie près de 800 employés malgré une année record
Riku
#MeToo – Le jeu vidéo gagné par les scandales d’agressions sexuelles
n1co_m