À la table des événements les plus attendus de l’année peuvent s’asseoir Noël, le Beaujolais nouveau, mais aussi FIFA. Le succès de ce dernier irait presque d’ailleurs jusqu’à éclipser celui des deux autres, tant le titre de EA côtoie les sommets en matière de ventes. Toutefois, FIFA est un peu une ode au vice, et sa fan-base est aveugle à de nombreux points pourtant aberrants. On fait le tour des 5 avis impopulaires sur FIFA, disons… pêle-mêle.
- Ce n’est pas une simulation
Tut-tut les rageux ! On ne cherche pas à déterminer si FIFA est bon ou mauvais, mais simplement à évoquer le fait que le jeu phare d’EA n’est pas la simulation qu’elle prétend être. Avant de commencer, il est important de poser une base solide : FIFA est un jeu rendant accessible le football virtuel aux plus novices d’entre nous. Partant de ce fondement, nous sommes évidemment dans une proposition de jeu qui se doit d’être facile à prendre en main, pas trop frustrante ni pour les débutants, ni pour les experts, et qui en plus doit apporter un plaisir de jeu immédiat, suivant une claire tendance épico-hédoniste. La dimension épique d’un jeu de football se traduisant ici par des raids sur les couloirs, des patates envoyées de 35 m. filant dans la lucarne, et d’autres actions solo tenant plus de Shaolin Soccer que de la Ligue 1. Bref, le joueur souhaite être son propre héros. Donnons donc du pain au peuple, puisque c’est ce qu’il réclame, semble s’exclamer EA ! Et c’est ainsi que le studio catapulta son jeu de foot maison au sommet de la chaîne alimentaire du JV, transformant chaque sortie en événement mondial pour les amoureux du ballon rond.
Dès lors, FIFA part sur un système de jeu s’apparentant plus à de l’arcade, avec ses règles propres, s’éloignant aussi peu que possible du football réel, tout en apportant son lot de spécificités parfois aberrantes dans le gameplay. À titre d’exemple, les quintuples roulettes suivies de frappes dans la lucarne font partie de ce genre d’escroquerie vidéoludique, ou bien même, la part de random dans nos matchs, qui au contraire de les rendre réalistes, sont un véritables poids en faveur du rage-quit.
Les plus retors d’entre vous évoqueront à ce moment le nombre de licences incroyables possédées par FIFA, faisant du titre le plus fidèle représentant de la planète football. Cependant, ce n’est que de l’emballage, messieurs-dames. Si je vous mets du jambon dans un papier de Carambar, ça n’en fait toujours pas un bonbon (nous venons de perdre les diabétiques, je pense).
En résumé, certes FIFA n’est pas un mauvais jeu, mais sa volonté de plaire au plus grand nombre l’éloigne de ce qui pourrait faire de ce jeu une simulation. Une vraie.
- Le système d’achat de packs est une puterie sans nom
Nous pourrions citer d’autres jeux pour ce genre de gatcha malsain, mais FIFA est un cas vraiment à part. Chaque année le jeu nous pousse à sortir à minima 60€ pour pouvoir profiter de ses quelques améliorations (excusez-moi, je n’entends pas vos hurlements énervés, à cause du bruit que font les euros pas dépensés en FUT dans ma poche). Soit, vous passez à la caisse, donc, pour profiter du jeu. Et une fois arrivé sur FUT, la puterie commence, sous la forme de microtransactions vous donnant l’accès à des packs de joueurs tirés au hasard, pour des sommes parfois hallucinantes, et sans garantie de tirer un Modric, ou un Salah. Petit chiffre au passage : 50% des joueurs de FUT procède à l’achat de ces gatchas de manière régulière.
Bien entendu, le premier argument des défenseurs de FIFA sera sans doute de vociférer contre le manque de talent de certains joueurs, parce que vous savez, hein, j’ai réussi à monter une équipe de dingue sans payer, donc il n’y a pas de raison, ils sont juste nuls, non mais sans blague, c’est vrai quoi, à la fin.
Il faut hélas bien prendre en compte que nous ne sommes pas tous égaux face au temps de jeu passé sur FIFA, et donc à obtenir rapidement des crédits, ne laissant donc aux joueurs casus, et aux impatients (et allez, disons le, les collectionneurs d’Icônes) que très peu de possibilités d’obtenir une équipe compétitive.
Nous nous retrouvons donc, en bref, dans une situation ou l’on doit encore débourser plus, pour du in-game, à l’obsolescence programmée pour l’année suivante, de surcroît pour un produit de base brut, même pas conservable, ni jouable sur la durée. Car oui, le FIFA est un investissement d’un an (voir deux pour les plus courageux), et il ne peut se conserver tel un God of War. Le jeu fétiche d’EA réussit alors la prouesse du consumérisme total, poussant chaque année à la dépense pour acquérir sa nouvelle mouture, inlassablement hors du temps dès la saison finie. C’est ainsi que FIFA, Joconde du musée du mauvais investissement, vous poussera à donner vos deniers jusqu’au dernier, et ce jusqu’à la saison prochaine. Sans que cela ne choque qui que ce soit…
- Les stats sont d’importance très inégale
Il faut reconnaître, après toutes ces années, qu’EA n’a toujours pas réussi cet équilibre qui rendrait réalistes les différentes statistiques, sans pénaliser ses joueurs. Prenons par exemple le cas de la vitesse avec ce diable de Mbappe. Dans certaines éditions de FIFA (généralement plus anciennes) la vitesse d’un joueur comme Mbappe était calibrée de manière à ne pas pouvoir trop faire de différence, de manière à ne pas déséquilibrer le jeu. Ce qui donnait parfois des moments énervants où un Squillaci venait au coude à coude avec un Henry pour une balle en profondeur. Le swag absolu. Toutefois, récemment, FIFA à inversé la vapeur en donnant un penchant plus décisif aux 100 mètres sur carré vert. Il n’y a qu’à voir les joueurs les mieux côtés sur FUT pour en avoir la confirmation. En effet si l’on retire les Icônes, et la première tier list, les joueurs les plus chers sont quasi-intégralement ceux avec un combo vitesse-accélération élevé. Tout simplement parce qu’aujourd’hui, ces deux statistiques sont les plus importantes pour la majorité des compositions, permettant à elles seules de faire la différence dans un match. L’impact des stats sur les passes et les tirs en comparaison, parait presque anecdotique comparé à ceux évoqués plus haut. Un défaut dont FIFA connait l’existence, et qui au final pénalise l’ensemble du jeu.
- Les commentaires sont vraiment bons.
Un des vrais points positifs de FIFA par rapport à la concurrence, pourtant décrié par beaucoup : les commentaires. Le duo Mathoux/Ménès vise juste, en apportant tout le sérieux nécessaire pour ce genre d’exercice avec en prime leur personnalité. Et c’est là que le jeu fait fort, en nous proposant plus que des commentateurs, mais des personnalités qui font écho à une certaine « culture locale », permettant aux joueurs de se sentir « devant la télé ». Certes répétitif au bout d’un an, les commentaires prodigués par le tandem du Canal Football Club (CFC pour les vrais) sont une vraie plus-value pour la version française, s’approchant très près du réalisme de la version anglaise, servie par les légendes que sont Martin Taylor et Alan Smith.
Au delà des personnalités, les commentaires se distinguent par l’envie d’aller plus loin que la description, en laissant une certaine marge de manœuvre à leurs artistes d’un jeu pour développer des micro-saynètes bien pensées (celle de l’A.S. Monaco gagnant la Champion’s League est juste magique). Alors oui, Hervé Mathoux vous hurle à longueur de tirs le nom des joueurs et Pierre Ménès à parfois une ou deux vannes pas trop piquées des hannetons, mais en contrepartie, vous sentez que les deux pépères ont bien pris leur pied, parfois sur leurs échanges maison. Et c’est ce qui donne une couleur si authentique au résultat final.
- Les amoureux de FIFA devraient un jour s’essayer à PES
À lire cette ligne, vous aurez sans doute envie de nous jeter des torrents de chiasse de Chocobo. Car vous risqueriez de comprendre que l’ensemble de ce 5 avis impopulaires sur FIFA n’avait que pour but de dire PES est nia-nia-nia mieux que FIFA.
Cependant, non, ce n’est pas le but.
L’idée, c’est de prendre un jeu comme il est, et avant tout de vous faire réfléchir, au delà de tout matraquage marketing qu’on vous fait avaler jour après jour. Car pour ça, FIFA est bien là, pas de doute.
FIFA à énormément de qualités, qui bien entendu ne sont pas soulevées ici car ce n’est pas le but de la chronique, toutefois, pour les amoureux de football, les vrais, ceux qui ont le palpitant qui s’excite à la vue d’une passe lobée de Xavi, ceux qui ont la gougoutte au front quand Steven Gerrard claque une balle en reprise de volée dans les 20 mètres, ou encore ceux qui hurlent « demi-volée PAVAAAAAAAAAARD » avec passion, à tout ceux-là, on recommande d’essayer PES.
Pas forcément pour l’adopter, car le bougre a quand même de sacrées tares au niveau de ses menus. Mais au moins de donner sa chance au jeu de Konami, qui propose depuis deux-trois ans un gameplay aux petits oignons, certes moins facile d’accès qu’un FIFA, mais bien plus satisfaisant, une fois qu’on a pris la peine de lui donner de son temps.
Vous retrouverez de véritables émotions manette en main, comme lors d’une transversale de Modric pour ses attaquants, ou lors d’une percée de Mohammed Salah côté droit (car oui, les solos sont possibles sur PES).
Vous reviendrez sans doute au bout de quelques temps sur FIFA, parce qu’au fond, chacun a chaussure différente à son pied (et puis parce que FIFA est aussi un bon jeu). Mais vous pourriez tout aussi bien être séduit par le concurrent nippon d’EA. L’expérience vous sera toutefois bénéfique, car il est souvent bon de remettre en question les jeux proposés, en testant la concurrence. C’est pour cela, n’hésitez pas à aller au delà de votre zone de confort, prenez le temps, et essayez des choses.
L’arbitre vient de siffler le coup de sifflet final de ce 5 avis impopulaires sur FIFA. Il est temps pour nous de regagner les vestiaires avec notre conclusion clichée, et comme d’habitude, n’hésitez pas à laisser un commentaire sur le prochain jeu qui mériterait quelques avis impopulaires !