Les jeux narratifs se démocratisent de plus en plus, et certains parmi eux parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu, jusqu’à obtenir le titre de grand jeu. Des jeux comme ceux de Telltale ont réussi à briller, notamment grâce à leur direction artistique qui s’apparente aux comics. Titre où la narration est au cœur du jeu, le dernier-né de Armature Studio, Where The Heart Leads, dispose d’un certain nombre de caractéristiques qui pourraient bien lui permettre de se diriger vers le succès.
(Test de Where The Heart Leads réalisée à partir d’un code fourni par l’éditeur sur PS4)
Il y eut un terrible orage
Dès les premières secondes de l’aventure, vous voilà dans la peau de Whit Anderson, et vous vous précipitez dehors alors que l’orage gronde, alors qu’un trou béant s’est formé sur votre terrain. Et première particularité du jeu, mise à part une musique présente constamment et quelques bruitages par-ci par-là, il n’y a aucun échange vocal dans le jeu. Renforcement de l’immersion ou bien expérience troublée, à vous de voir. De notre côté, l’absence de voix nous a permis de rester dans un véritable état de contemplation.
Vos premières décisions interviennent très rapidement dans le jeu, puisque vous devez décider de la façon dont vous allez tenter de sauver votre chien Casey, le golden de la famille. Divers embranchements apparaissent très rapidement, et ces choix influent d’ailleurs sur le sort de votre compagnon à quatre pattes. Durant l’opération de sauvetage, vous voilà donc en train de vous enfoncer malgré vous dans les entrailles de cette terre qui regorge de surprises.
Plus vous avancerez et plus vous découvrirez le passif de votre personnage. C’est d’ailleurs l’un des plots principaux de l’intrigue : vous aurez la possibilité de revivre divers événements qui ont pu marquer votre adolescence. Voilà ce que nous pouvons dire sans trop dévoiler l’histoire du jeu même. Nous souhaitons insister sur le côté poétique du jeu, et nous pouvons vraiment parler d’effet papillon dans ce jeu puisque toutes vos décisions, même les plus infimes, peuvent avoir des conséquences pour le moins dramatiques plus tard dans l’histoire.
Puis vint le soleil
Ce walking simulator nous emmène dans un monde à la direction artistique à la fois simple et féerique. Mais surtout, elle nous amène tout droit vers des situations que nous avons tous rêvé un jour de pouvoir vivre. Revenir dans le passé et peut-être modifier certaines décisions que nous n’avons pu prendre. Where The Heart Leads se veut être un jeu contemplatif, apaisant et qui parviendra probablement à vous transporter droit dans les baskets de Whit Anderson.
Nous ne nous attarderons que très peu sur le côté gameplay puisqu’il est très simpliste. Vous devrez accomplir quelques quêtes par-ci par-là et aller d’un point A à un point B, sans croiser ni ennemis ni énigmes. Oubliez donc toute forme d’objectif, car le jeu d’Armature Games nous donne simplement la chance que nous n’avons jamais eue. Même les quelques tracas de la vie quotidienne des Anderson deviendront votre priorité.
Un des rares bémol, pour ne pas dire le seul, que nous avons pu remarquer : la langue utilisée. Dans ce jeu, n’espérez pas une traduction de la langue de Shakespeare. L’absence de choix des langues pourra en rebuter un certain nombre, mais de notre côté, l’expérience n’a nullement été entachée par un problème de vocabulaire. Et puisque nous parlons d’immersion, il est difficile pour nous de ne pas parler de la musique qui accompagne toute votre aventure. Elle sera là pour vous appuyer dans toutes vos actions, que vous soyez en train de jouer avec vos enfants ou bien de prendre la décision qui sera capable de bouleverser votre vie entière.
Where The Heart Leads est un petit jeu indé qui saura probablement faire chavirer votre cœur, en tout cas du côté de la rédaction, nous avons pu vivre une expérience aussi étrange qu’apaisante. Nous pensons que ce type de jeu peut tout à fait permettre de prendre un certain recul par rapport au quotidien et la vie réelle. Le titre nous ramène tout simplement à notre condition de mortel, parfaitement en accord avec la traduction du titre du jeu, qui est finalement : « Là où le cœur nous mène ». La grande question que nous pouvons nous poser étant la suivante : si vous aviez la possibilité de revenir dans le passé, changeriez-vous les décisions que vous avez prises et qui vous ont amenées là où vous êtes ? La réponse dépendra évidemment de chaque individu, et de chaque parcours de vie.
Where The Heart Leads s’avère être un splendide jeu narratif, qui n’aura de cesse de nous interroger sur les différentes décisions à prendre. Puisque nous le rappelons, tous les choix effectués peuvent ou auront des conséquences plus tard sur votre vie.
Armature Games nous offre donc un moment de plénitude, de splendeur, empli d’une certaine mélancolie voire même de nostalgie au fur et à mesure du déroulement de votre vie. Le jeu nous promet d’ailleurs une rejouabilité certaine étant donné les choix à faire, puisqu’une décision prise vous permettra de voir la forêt entière qui se cache derrière l’arbre.
Attendez-vous à une bonne dizaine d’heures de jeu pour terminer votre aventure une première fois, et sachez qu’il y a au moins une dizaine de fins différentes. Pour finir de qualifier ce rêve éveillé, nous avons décidé de terminer sur cette célèbre citation de Pascal : « Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ».