Utawarerumono: Mask of Deception est la suite d’Utawarerumono, un jeu hentai à mi-chemin entre le visual novel et le tactical-RPG sorti en 2002 sur PC et porté plus tard sur PlayStation 2 et PSP. Aujourd’hui, le deuxième volet de cette série nous arrive, en attendant le troisième épisode intitulé Mask of Truth prévu pour septembre 2017. Entre blagues en dessous de la ceinture, intrigues politiques et combats tactiques, que donnent les aventures de Kuon et Haku ?
Ce qui est chanté…
Utawarerumono: Mask of Deception vous met dans les tongs de Haku, un jeune homme amnésique qui se réveille dans la tente de Kuon, une adorable jeune fille aux oreilles et à la queue de chat. Celle-ci décide de recueillir le mystérieux jeune homme après lui avoir sauvé la vie. Hélas pour notre héros qui aime glandouiller, suivre la jolie apothicaire va le mener sur la voie de la grande aventure. Alors qu’il ignore tout du monde qui l’entoure, il va se retrouver mêlé à des complots politiques qui pourraient bien influer l’avenir du pays de Yamato.
Utawarerumono: Mask of Deception est un mix entre le tactical-RPG, c’est à dire un jeu de stratégie avec des composantes RPG, et le visual novel. Cela signifie donc que le jeu porte une grande importance à son scénario. Et en effet, le titre n’est pas avare en dialogues et descriptions.
La narration prend son temps pour poser l’univers avec une précision méticuleuse. Légendes, nourriture, personnages, tout est minutieusement présenté au joueur. Un codex de plus en plus précis se remplit au fur et à mesure des informations recueillies. Il en résulte l’impression d’avoir un monde sur lequel les développeurs ont réellement réfléchi, ce qui est bon pour l’immersion. Enfin, les musiques sont un très bon point, avec quelques morceaux de qualité.
Les phases de bataille sont réussies. Très instinctives, elle sont agréables à prendre en main. Une fois placées sur le champ de bataille, vous pourrez déplacer vos unités pour attaquer l’ennemi ou soutenir vos troupes. Par ailleurs, les personnages bénéficient de compétences particulières qui auront une influence sur le combat. Par exemple, Haku pourra, en compétence passive, augmenter le moral de ses compagnons s’ils se trouvent à ses cotés. À ces compétences s’ajoutent d’autres que vous pourrez attribuer. Les combats nécessitent votre intervention lorsque vous délivrez vos attaques.
En effet, lorsque l’un de vos personnages s’apprête à casser la margoulette de son adversaire, vous devrez appuyer en rythme sur la touche X (ou la maintenir et la relâcher au bon moment) pour maximiser les dommages infligés. Il s’agit d’une bonne idée de gameplay qui permet d’investir le joueur dans les combats.
Déception à peine masquée…
Mais hélas, malgré ses qualités indéniables, Utawarerumono: Mask of Deception souffre de défauts très cruels qui entachent sérieusement le plaisir de jeu. Tout d’abord, le titre souffre d’un rythme extrêmement mou. L’histoire met énormément de temps à décoller, et la narration se perd dans des épisodes en fin de compte très peu pertinents. Comme nous le disions plus haut, le jeu prend son temps pour installer son univers. En soi c’est louable, mais à la condition que cela n’empiète pas sur le scénario.
Or c’est complètement le cas dans Utawarerumono: Mask of Deception. Au bout de dix heures de jeu, l’histoire n’avait même pas encore réellement décollé, se perdant dans des considérations futiles sur la nourriture à Yamato. Pour préciser notre propos, imaginez que la section sur l’herbe à pipe dans le bouquin Le Seigneur des Anneaux ne soit pas une annexe, mais soit intégrée à l’histoire. Ce ne serait pas inintéressant, loin de là, mais ça plomberait clairement le rythme.
Par ailleurs, si l’univers est intéressant, l’histoire en elle-même reste très classique, parfois même caricaturale. Pour peu qu’on ait vu au moins un seul anime dans sa vie, on ne pourra jamais être surpris par les événements du titre qui ne nous épargne aucun poncif. Princesse timide avec une petite voix ? Check. Quiproquo rigolol dans les bains publics ? Check. Héros apparemment nul mais qui recèle de compétences cachées précieuses ? Check encore.
De plus, le rythme au ralenti n’est pas sauvé par les batailles qui sont bien trop parcellaires. Celles-ci arrivent rarement, tard, et on accueille avec joie le mode free-battle qui permet de se raccrocher à un semblant de gameplay. Mais là encore, le mode free-battle n’est accessible qu’à certains endroits de l’histoire. C’est vraiment dommage car les phases de combat sont vraiment intéressantes et constituent le point fort du titre, bien qu’on n’arrive pas au niveau des ténors du genre, comme Fire Emblem Echoes: Shadows of Valentia, testé dans nos lignes, pour ne citer que celui-ci.
Sur un plan technique, Utawarerumono: Mask of Deception ne brille pas non plus. Si le character design est efficace, et que les backgrounds de la partie visual novel sont très agréables à l’oeil, cela manque un peu de vie. Les portraits de personnages sont figés, le minimum aurait au moins été de faire bouger leurs lèvres quand ils parlent afin de faire vivre un peu tout ça.
Parfois Utawarerumono: Mask of Deception utilisera les assets 3D des phases de combat pour la narration, mais là encore, cela fait vraiment cheap. Techniquement, nous sommes clairement en deçà des capacités de la console. Enfin, et cela commence à être une très mauvaise habitude avec les visual novel qui nous arrivent, aucune traduction française n’est proposée. Il s’agit d’un manquement récurrent et vraiment dommageable pour les titres. Un visual novel est plus proche du roman que du jeu vidéo. Comment espérer toucher un vaste public si on ne prend pas la peine de le traduire pour le rendre accessible ?
Utawarerumono: Mask of Deception n’est pas un mauvais jeu, loin de là. Cependant, il témoigne clairement d’un manque d’ambition qui est réellement dommageable quand on voit le soin apporté à l’univers. Les personnages, même s’ils sont vus et revus, sont attachants, l’histoire, bien qu’elle souffre d’un rythme laborieux, reste plaisante à suivre. Les phases de combat sont indéniablement le point fort du jeu, mais elles sont bien trop rares.
Il en résulte un sentiment en demi-teinte pour un jeu qui aurait pu être bien plus. En septembre 2017 sortira Utawarerumono: Mask of Truth, et on ne peut qu’espérer que cet épisode-là saura trouver son rythme de croisière. Croisons les doigts.