Après des incursions très réussies dans le monde hospitalier puis dans celui des campus universitaires à l’américaine, l’éditeur Two Point est de retour aux affaires. Cette fois-ci, Two Point Museum nous plonge dans la peau d’un conservateur de musée dans un nouveau jeu de gestion haut en couleurs.
Si le studio a déjà largement prouvé son savoir-faire dans le domaine, le titre apporte t-il véritablement quelque chose aux deux premiers opus de la saga, accessibles à petit prix et n’ayant pas pris une ride, notamment grâce à leur inimitable patte cartoon ? Notre avis sur la question.
(Test de Two Point Museum réalisé sur Playstation 5 à partir d’une copie fournie par l’éditeur)
La course aux étoiles
Bienvenue dans le comté de Two Point. Votre prédécesseur à la tête du musée vient de s’éclipser pour une durée indéterminée, et au vu de l’état des lieux, c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver. Mais parlons plutôt de vous, chers joueurs. Avez-vous les épaules pour prendre sa place et faire de ces quatre murs le plus grand musée du comté ? C’est en tout cas ce que Two Point Museum vous met au défi de réaliser.
Comme dans chaque jeu de la saga, le postulat de départ de la campagne est simple: partir de rien pour arriver au sommet. Ici, l’objectif est d’amener chacun de vos musées à récolter de précieuses étoiles dans une sorte d’équivalent du guide Michelin. Et ne vous fiez pas uniquement à l’humour et aux visuels colorés du titre, tout ne sera pas simple.
Pour attirer le plus de clients possibles, votre musée devra composer au mieux avec trois valeurs principales: le buzz, le savoir et la décoration. Le buzz, c’est la qualité de l’exposition proposée dans notre musée en fonction de la rareté des pièces. Le savoir, c’est la capacité qu’a votre musée à apporter de la connaissance à ses clients, et la décoration, c’est bien évidemment l’aspect visuel et attirant de vos expositions.
Si dans la vraie vie, ces données ne sont pas quantifiables, Two Point Museum arrive toutefois rapidement à les rendre crédibles, avec à la clé, un vrai plaisir pour le joueur, qui peut laisser libre cours à sa créativité pour créer les musées les plus rentables possibles. Exposer des objets de plus en plus rares, proposer des visites guidées et autres panneaux explicatifs et bien évidemment magnifier les lieux, voici une infime partie de votre mission. Mais tellement d’autres paramètres entrent en jeu qu’en faire une liste exhaustive serait tout bonnement impossible.
La nuit au musée
Two Point Museum est un vrai jeu bac à sable, et ça n’a rien de péjoratif. Les possibilités sont quasi infinies et jamais deux musées ne se ressembleront. Le mode campagne, qui constitue la majeure partie du titre est une totale réussite. Vos premières créations seront juste guidées comme il faut pour continuer de vous amuser tout en présentant un véritable challenge et la progression est un modèle du genre. Dès les premières minutes, nous sommes lancés dans le grand bain, mais même après plusieurs heures de jeu, on continue d’apprendre des choses, preuve du gigantisme du contenu et de l’équilibre presqu’au parfait trouvé par le studio.
Quel plaisir de passer du temps dans les menus, au passage parfaitement adaptés au jeu à la manette, à choisir quels distributeurs de nourriture installer à côté de la dernière exposition en date. À moins que les finances nous permettent directement d’ajouter une cafétéria ? Et pour cette salle servant d’écrin à notre exposition botanique, privilégions-nous une caméra de surveillance ou un agent de sécurité ? D’apparence anodins, ces choix s’avèrent finalement capitaux, car dans Two Point Museum, le temps, c’est de l’argent. En fonction de la santé financière de votre musée, vous devrez peut-être tirer une croix sur certains services, à vos risques et périls.
Mais que serait un jeu estampillé Two Point sans son humour et ses contenus décalés ? Une nouvelle fois, tout fait mouche. Ne vous attendez pas à vous esclaffer, mais chaque intervention de la voix-off du musée, chaque personnage ou chaque pièce d’exposition est pensé pour faire sourire, et ça fonctionne.
Si vous avez vu les films, on se retrouve un peu dans la peau de Ben Stiller dans « La nuit au musée ». Tout est totalement délirant, de la nature de vos expositions, (mention spéciale à l’homme préhistorique pris dans la glace, les esprits de personnages célèbres ou encore les toilettes hantées), à l’impressionnante galerie de personnages qui viendra visiter votre musée, certains dans des déguisements des plus loufoques. Et il suffit de zoomer régulièrement sur votre musée pour tomber presque à coup sûr sur un moment d’anthologie.
Vous l’aurez compris, dans Two Point Museum, n’attendez pas du réalisme dans ce que vous exposez ou ce que vous voyez. Non, il est ailleurs, caché derrière une grande façade de couleur et de délire. Car derrière, lorsqu’on s’attarde sur la partie gestion, tout est pensé, réfléchi, et on ne peut que rendre hommage au travail des équipes de Two Point qui n’ont rien oublié, faisant de leur titre une nouvelle référence du genre.
Le jeu est fun, encore plus que ses prédécesseurs car le thème choisi ouvre encore plus le champ des possibles. Des dizaines d’oeuvres sont disponibles à l’exposition, de la préhistoire à la botanique, en passant par le monde des océans et le surnaturel. Et que dire des nombreux choix de décoration, d’objets et de compétences à développer pour le personnel de votre musée, rendant l’expérience totalement unique.
Une formule qui continue de progresser
Malgré tout, s’il fallait en rester là, Two Point Museum serait selon nous resté à égal niveau de ses prédécesseurs, ce qui n’est déjà pas peu dire. Mais les développeurs ne se sont pas arrêtés en si bon chemin, intégrant de nouvelles mécaniques de jeu qui en font sans doute la référence à date de la trilogie Two Point.
La principale, celle dont dépend une grande partie du jeu, c’est le système d’expédition. Eh oui, vous ne croyez tout de même pas que les pièces de vos expositions allaient se fabriquer toutes seules ? À l’image de ce que proposait Jurassic World Evolution, il faut envoyer vos équipes, composées des personnels les plus qualifiés pour ramener les plus beaux artefacts des nombreuses zones de la carte d’expédition. Choisissez-bien qui envoyer en mission, avec quels objets, car de vos décisions dépend l’avenir de votre musée.
Malheureusement, de cette belle innovation découle également un des seuls défauts du titre: le farm. Si vous êtes ne serait-ce qu’un minimum complétionniste, vous devrez lancer plusieurs fois la même expédition dans les mêmes lieux pour espérer acquérir des objets exposables de meilleure qualité. Un peu dommage quand on sait que le jeu compte près de cent lieux à visiter.
Mais c’est bien là un des seuls défauts qu’on a pu trouver tout au long de nos aventures en tant que conservateur. Car derrière, quelle idée géniale de s’attaquer à l’univers des musées dans un jeu de gestion. On en redemande déjà, et connaissant les développeurs de chez Two Point, on n’est pas à l’abri que plusieurs DLC soient déjà dans les tuyaux, pour notre plus grand plaisir.
Le studio Two Point avait déjà largement fait ses preuves avec deux premiers opus de très belle facture, mais il récidive aujourd’hui avec la manière. Two Point Museum ne révolutionne certainement pas le genre, mais existe-t-il aujourd’hui un jeu de gestion mêlant aussi habilement l’humour, le challenge et l’intelligence du gameplay ? On en doute.
En s’attaquant à la gestion de musées, un thème rare dans le genre, le titre ne rate pas sa cible. Un seul mot nous vient à la bouche après les nombreuses heures passées à bichonner chacune des pièces de notre collection: l’amusement. Et n’est-ce pas là tout ce qu’on demande à un jeu vidéo ?
Disponible le 4 mars prochain au prix de 29,99 euros sur Steam, Playstation 5 et Xbox Series, on ne peut que vous conseiller de vous laisser tenter, en vous souhaitant par avance la bienvenue dans votre nouvelle vie de conservateur.