Le studio Telltale Games, bien qu’ayant fermé ses portes, a pu, il faut l’admettre grâce à Skybound Games, sortir l’édition la plus complète à ce jour de la licence The Walking Dead dont le premier jeu est sorti il y a de cela sept ans. Sortie ce 10 septembre 2019 sur PlayStation 4 et Xbox One, cette version définitive de TWD propose aujourd’hui les quatre saisons complète incluant le DLC 400 Days, une mini-série sur Michonne ainsi que d’autres contenus bonus que nous détaillerons naturellement au fil de l’article. Dans sa thématique vacillant entre frayeur et survie, The Walking Dead premier du nom nous versait déjà sa dose d’horreur : zombies, timing strict par des QTE (Quick Time Event) rapides. Cet univers déjà familier et sur-représenté dans les jeux vidéo aura-t-il encore sa touche d’originalité dans cet opus final, The Walking Dead: The Telltale Definitive Series ?
(Test de The Walking Dead: The Telltale Definitive Series réalisé à partir d’un exemplaire PlayStation 4 fourni par l’éditeur)
Au coeur de cette édition définitive nous suivons l’évolution de plusieurs personnages, où la jeune survivante Clémentine passe au fil des saisons d’une petite fille effrayée et pleureuse à une survivante hardie. Les différents personnages sont opposés à de nombreuses menaces, apprenant à riposter dans un univers apocalyptique où les faibles sont écrasés dans un monde cruel infesté de zombies. Pour l’aspect contenu du jeu, le gameplay reste de façon évidente à l’instar des précédents opus axé autour d’une sorte de film interactif comportant quelques choix qui changeront de peu le sort ou la présence de quelques personnages, mais le jeu optera de façon générale pour la même ligne directive que le scénario initiale.
L’histoire de Clémentine amènera dans sa globalité à la même conclusion et c’est bien dommage… À la manière de Man of Medan on ressent clairement que la réflexion de nos choix n’a pas une grande portée sur les personnages : un choix aurait pu clairement enclencher la mort d’un personnage qui finalement évitera son sort funeste par une “esquive magique” sortie de nulle part.
Il est pourtant très agréable de voir certains de nos choix se révéler impactés en prenant cette fois-ci la chronologie du jeu de sa première saison jusqu’à sa dernière. Rappelons-le, ce n’était guère évident à l’époque en raison du changement de jeu voire de plateforme en passant d’un opus à l’autre. Il fallait en effet transférer l’ensemble de ses sauvegardes, pas évident tout cela quand on sait à quel point on change rapidement de console ou de support. Certains joueurs se sentant même obligés d’abandonner cette idée, ce qui du coup dans cette compilation n’est plus du tout un problème pour apprécier au maximum l’ambiance de ce The Walking Dead: The Telltale Definitive Series. Une ambiance particulièrement sombre qui surprend cette fois-ci un peu plus : moins de lumières, des bruitages que l’on entend mieux et qui nous rappellent l’atmosphère d’Hunt Showdown par son côté survie passant par l’écoute de l’environnement et son univers de monstres.
Je vois doublement mieux…
Le jeu apporte un renouveau plutôt réussi par une ambiance plus fidèle à la bande-dessinée avec des traits et éléments plus épais faisant davantage un effet crayonné par-dessus un filtre plus sombre permettant de rendre plus appréciables visuellement les scènes et personnages. Ces améliorations permettent indéniablement de cacher certains défauts visuels des plus anciens opus en rendant plus lisses les formes. Touche bonus, l’on peut même choisir de l’activer ou non via les paramètres du jeu, certains joueurs perdant en confort à jouer à des jeux trop sombres pourront apprécier cette option même si personnellement une fois habitué aux versions sombres, on perd l’envie de retourner aux anciens visuels. Si vous n’êtes pas assez convaincu, de nombreuses vidéos comparatives circulent sur YouTube avec le design opposé des deux versions. Les fans de la bande-dessinée ne sauront qu’apprécier… jusqu’à tomber sur quelques petits défauts résistants…
Clémentine, arrête de jouer à cache-cache !
En s’attardant sur le aspects techniques de ce TWD on remarque plusieurs bugs qui endommagent clairement l’expérience du jeu. Par exemple des décors qui disparaissent, des personnages en interaction avec des objets invisibles comme des voitures, des personnages qui se téléportent sans aucune raison même lors de certains dialogues ou encore plusieurs bugs liés aux sous-titrages en français, comme des phrases anglaises qui pop à la figure (sans être vulgaire) sans raison. Des problèmes qui étaient en soi pardonnables pour les premiers titres mais pour une version retravaillée de 2019, revoir ces mêmes bugs peut vite s’avérer frustrant. Bien entendu ces bugs n’arrivent qu’occasionnellement mais il est important de les signaler.
À cela s’ajoute qu’à la sortie du jeu, lors du lancement du premier chapitre, la console se coinçait péniblement sur un écran noir et un écran d’erreur apparaissait si on tentait un autre chapitre. Il est donc obligatoire de faire une mise à jour rien que pour que le jeu fonctionne pleinement, ce qui s’avère assez scandaleux avec du recul… Un autre petit bémol (et dernier, on vous le promet) s’adresse ce coup-ci aux collectionneurs et passionnés de trophées : The Walking Dead: The Telltale Definitive Series ne possède qu’une vingtaine de trophées, ce qui ne vaut absolument pas les trophées cumulés des autres opus , pour les mêmes actions réalisées on gagne du coup beaucoup moins d’achievement dans cette version compilée qu’en jouant à chaque opus séparément. Le studio aurait très bien pu reprendre les trophées des différents opus et offrir un trophée platine par jeu en donnant davantage de challenge incitant le joueur à refaire les chapitres.
Assez parlé des malus, passons au contenu additionnel. Au niveau des bonus, cette édition nous offre un lecteur de musique avec plus de 40 pistes provenant de toutes les différentes saisons, qui nous permettent d’apprécier les bandes sonores sans être brouillé par les dialogues ou les bruitages. Les bonus comprennent aussi une visionneuse de personnages nous faisant admirer les protagonistes phares avec leurs différentes animations et tenues complétés par quelques phrases clé venant du jeu donnant vie à ces modèles 3D.
Très peu utile pour le coup il faut le reconnaître, surtout qu’après avoir fait le jeu, on ne pense pas forcément à arpenter les galeries, et pendant le jeu, on ne se laisse pas tenter pour éviter un éventuel spoil qui nous gâcherait l’expérience. L’on finit de faire le tour des bonus par les galeries des arts, qui révèlent plusieurs croquis de l’équipe. Quelques surprises se glissent dans les coulisses comme une Clémentine en zombie ou d’autres personnages qui n’ont pas été intégrés, là ça devient intéressant, puisque inédit ! Ces bonus compilant 10 heures de vidéo sont des contenus appréciables, surtout venant d’un jeu réunissant toutes les saisons, ce qui nous permet d’observer les améliorations visuelles des personnages pour tout fan de la série.
The Walking Dead: The Telltale Definitive Series a su réunir l’esprit dont disposait chacun de ses confrères. Après 7 ans il était évident que le jeu allait suivre les tendances graphiques imposées par l’évolution technologique : et c’est plutôt réussi puisque bien corrigé. Dans un univers retravaillé, il faudra compter plus de 50 heures de jeu de confrontation avec les zombies… ou plutôt de théâtre où malheureusement le joueur reste bien trop passif dans cette expérience : peu de choix divergent de la ligne narrative et parfois on souhaiterait la bousculer !
L’implication du joueur n’est pas au top de sa forme. Sans trop spoiler cette version finale : les fins du jeu valent vraiment le coup d’œil comparé à d’autres jeux narratifs ou certaines fins donnent le sentiment d’être bâclées. L’attachement portée aux personnages durant cette aventure rappelle la série originale, qui en a fait frissonner plus d’un (et pleurer aussi à la disparition d’un personnage qu’on suivait durant des mois…). Pas étonnant alors qu’après avoir versé quelques larmes vous souhaitiez reprendre en mains votre manette pour tenter une autre fin.