Depuis la sortie d’Until Dawn en 2015, le studio Supermassive Games s’est spécialisé dans ce que nous appellerons les jeux d’horreur à haute teneur narrative : choix, QTE, plusieurs fins, le studio aura fait de sa formule son mantra, répété et exploité au cours de divers titres et histoires différentes, comme dans ce dernier The Devil in Me.
Et quoi de mieux qu’une anthologie pour permettre de varier les expériences tout en gardant un aspect similaire entre les titres ? C’est ainsi que naquit la Dark Pictures Anthology, ainsi que Man of Medan, le premier épisode, en 2019. Nous sommes maintenant en 2022, et la conclusion de la première saison, The Devil in Me, débarque avec ses bottes pleines de boue. Ce dernier épisode est donc une bonne surprise, une réelle conclusion, ou plutôt un énième jeu générique qui sent le réchauffé ?
(Test de The Devil in Me sur PS5 réalisée à l’aide d’une copie fournie par l’éditeur)
The Devil in Me, ou quand il y a un jeu dans mes bugs
La bonne idée de The Devil in Me, c’est d’ancrer le récit dans le réel. En effet, l’histoire est centrée sur H.H. Holmes, le tout premier tueur en série américain, qui aurait commis près de deux cents meurtres dans les années 1890 dans son hôtel construit à l’occasion de l’exposition universelle de 1893. C’est ainsi que l’introduction nous met dans l’ambiance de ces années fastes, nous faisant entrevoir la froideur de ce tueur calculateur.
Mais c’est après que le vrai jeu commence, lorsqu’une jeune équipe de télévision au bord du déclin reçoit un appel mystérieux d’un certain Du’Met, expliquant qu’il aimerait beaucoup que l’équipe vienne tourner un épisode de leur série dans la demeure qu’il a héritée d’un membre de sa famille. Cette dernière se révélera être l’hôtel de H.H. Holmes, et c’est là que les choses sérieuses commenceront.
Malheureusement, la peur ne risque pas d’être au rendez-vous très souvent… Cuts étranges entre deux plans, personnes qui disparaissent et réapparaissent, doublage parfois aux fraises et animations faciales perfectibles seront le lot de tous ceux désireux de se frotter au titre. Et c’est bien dommage, tant le cadre de base semblait prometteur.
« Quel est ton film d’horreur préféré ? »
Le titre étant avant tout narratif, nous ne parlerons que peu de l’histoire afin de ne pas spoiler. Cependant, certaines choses sont à savoir : de nombreux clichés des films d’horreur sont bien évidemment de la partie. Les réactions et les choix des personnages au début de l’aventure sont, par exemple, incompréhensibles, de même que leurs justifications qui marchent sur trois pattes.
Du personnage annonçant qu’il ne faut pas se séparer, pour partir seul quelques minutes plus tard, à celui qui a une faiblesse évidente sur laquelle le titre va jouer, le tout est parfois poussif, branlant, ne parvenant que rarement à créer la tension qu’il désire pourtant générer. Quelques passages s’en sortent tout de même avec les honneurs, sans pour autant être transcendants.
Les personnages sont sans aucun doute le point faible du titre, tant ils sont plats et disposent d’archétypes, façon simple de les différencier. Erin, par exemple, fait des crises d’asthme. Charlie, lui, est un gros fumeur et ne peut se passer de sa cigarette. Kate est la star du show, et joue sur son statut de présentatrice. Ce ne sont que quelques exemples, mais cela donne le ton.
« Vivre ou mourir, à vous de choisir »
Mais bien sûr, qui dit jeu narratif dit forcément choix et fins multiples. The Devil in Me n’échappe pas à la règle et les choix, bien que peu nombreux, permettent de façonner la personnalité et les relations entre les personnages, ce qui peut se révéler utile lors de certaines séquences où la coopération est de mise.
De même, les QTE des scènes de stress, sous forme d’électro-cardiogramme, sont de retour. Notons que certaines options d’accessibilité permettent de rendre ces instants plus simples pour les personnes qui auraient des difficultés à en venir à bout, et c’est une très bonne chose.
Certaines nouvelles mécaniques, comme l’utilisation d’objets ou les nombreux digicodes disséminés dans le jeu, favorisent l’exploration, tout comme les pièces funéraires, les oboles, qui permettent de débloquer du contenu bonus dans le menu principal du titre. Mentionnons tout de même le retour des prémonitions, cachées sous forme d’images durant votre récit. Ces dernières permettent, comme dans les autres jeux, d’avoir un aperçu d’une mort possible d’un personnage pour essayer de l’éviter.
The Devil in Me n’est pas un mauvais jeu narratif, loin de là, mais il ne révolutionne absolument pas la formule. Le cadre est intéressant, l’histoire de H.H Holmes ancre le récit dans le réel, mais les nombreux bugs et le manque de charisme des personnages font que l’on se déconnecte peu à peu du récit.
On ne tremble que très rarement devant un titre dont les ambitions premières sont de nous faire peur. Bien sûr, on pourra se faire avoir par un ou deux jumpscare(s), mais l’essence horrifique du titre laisse place à un défilé comique quand, par exemple, vous vous rendez compte qu’un personnage censé être mort court à vos côtés à la fin du jeu…
Reste de The Devil in Me une conclusion bancale, qui pourra rester intéressante une fois les bugs corrigés, mais qui ne donnera certainement pas envie à un néophyte de découvrir le reste de la série, loin de là. En attendant de voir la saison 2, cette saison 1 s’achève sur une note très moyenne, à la frontière du mauvais, sauvée par un cadre et un récit intéressants.