Cette année 2017 aura marqué les esprits notamment grâce à The Legend of Zelda: Breath of The Wild, un jeu qui aura redéfini les codes du monde ouvert. Cela remonte déjà au mois de mars, lorsque la Nintendo Switch est arrivée sur le marché, mais voilà qu’une autre licence forte pointe le bout de son nez en cette fin octobre, et cela nous fait remonter des souvenirs d’une époque lointaine… Vous l’avez ? Je veux parler de l’année 1992, qui pour nous autres Européens, était une année tout aussi magistrale pour Nintendo, qui aura vu sortir coup sur coup Super Mario World et The Legend of Zelda: A Link to The Past. Le premier est bien souvent considéré comme le meilleur Mario de tous les temps, et le second n’échappe jamais au podium lors des sondages. Avec Super Mario Odyssey, Nintendo offre à la Switch le tout premier jeu de la licence et toute la communication autour de ce titre nous prouve bien une chose : Nintendo revient avec plus de confiance que jamais. Alors, 25 ans plus tard, sommes-nous repartis pour avoir deux jeux de légende sur la même année ? Prenez place à bord de l’Odyssey, c’est ce que nous allons découvrir ensemble.
Le mariage de l’extrême
Si vous êtes des habitués des jeux Mario, alors avec Super Mario Odyssey, vous risquez de vous sentir comme dans une bonne paire de pantoufles bien chaudes un soir d’hiver. Le scénario ? Si malgré les années qui passent vous ne l’avez toujours pas imprimé, voici une énième occasion de le faire. Encore une fois notre princesse Peach se fait enlever par Bowser, et encore une fois il va falloir courir, voler, nager à son secours. Cependant, Nintendo a prévu des petites subtilités qu’on ne vous dévoilera pas ici sous peine de vous spoiler, mais sachez que vous aurez quelques surprises bienvenues.
Mais commençons par le commencement. Bowser va enlever la princesse afin de l’épouser de force, et plutôt que d’appeler la police ou de faire passer un bandeau « alerte enlèvement » sur TF1, on va avoir la riche idée de le suivre à travers le monde. Au passage, il enlèvera aussi une créature étrange venant du Pays des Chapeaux, ce qui nous permettra de nous lier d’amitié avec le frère tout aussi étrange de cette dernière.
Après que Bowser nous a collé la raclée du siècle, nous nous retrouvons en compagnie de Cappy, et comme le pays d’où il vient nous l’indique, Cappy peut se transformer en chapeau, ou plus simplement en n’importe quel couvre-chef. Cet élément faisant le cœur du gameplay, nous y reviendrons un peu plus loin dans le test, mais vous le verrez, il s’agit d’une incroyable mine d’or à interactions.
Sur le plan visuel, Super Mario Odyssey est tout simplement magnifique. Loin des canons de beauté ultra réalistes de l’industrie, il propose une alternative comme Nintendo sait si bien le faire, et chaque paysage est un renouvellement de splendeurs. En 15 pays à visiter, pas une seule fois nous n’avons trouvé une fausse note, le jeu se renouvelant visuellement à chaque endroit visité. Ce qui nous a le plus bluffé, ce sont la vivacité des couleurs et la diversité des environnements. À cela s’ajoute même quelques moments somptueux que vous découvrirez devant des panoramas oniriques, ou des ambiances parfois très différentes de ce que l’on voit habituellement dans un Mario.
Tout ça, finalement, ça vaut bien plus que de se prendre la tête à calculer le nombre d’images par seconde, ou de savoir si l’aliasing est plus fort dans tel ou tel pays visité. Car oui, nous sommes sur Nintendo Switch, et vous verrez un peu d’alisaling par ci par là. D’ailleurs, nous avons pu constater que pour avoir une qualité visuelle optimale il était préférable de jouer sur un écran de télévision plutôt qu’en mode portable, tout y étant plus éclatant. Par contre RAS au niveau des ralentissements, peu importe le mode dans lequel nous avons joué, ce qui est une jolie prouesse en soi. Et si vous voulez voir le jeu sous ses plus beaux atours, un mode photo vous permettra de capturer le jeu sous tous les angles, avec un petite lissage au passage, pour créer de vraies cartes postales de votre odyssée.
Une ergonomie sans faille
Nous allons maintenant pouvoir passer au plat de résistance, à ce qui va finalement tout déterminer ou presque : le gameplay. Car qu’on se le dise, ce qui a toujours fait l’essence d’un Mario, c’est la qualité de son gameplay. Et même encore aujourd’hui, énormément de studios n’arrivent pas à atteindre le niveau d’un Super Mario World par exemple. Car si l’histoire reste comme toujours superficielle, ici, ce qui est recherché, c’est avant tout le plaisir de jeu, l’ergonomie optimale, la créativité. Pour ceux qui ne le sauraient pas, le processus de création de Nintendo en tant que constructeur/développeur a toujours été (contrairement à la concurrence) de créer des manettes dont les fonctionnalités seraient au services des jeux. Eh bien c’est toujours aussi vrai dans Super Mario Odyssey.
En fait, ça l’est d’autant plus qu’il y a trois façons de jouer : portable, Joycons détachés, ou avec le Pro Controller. De cela vont découler beaucoup de choses. Mais si vous suivez jusque là, vous devez vous douter que la façon la plus créative et la plus ergonomique de jouer, c’est avec les deux Joycons détachés. C’est là que vous aurez le plus de liberté d’actions et de contrôle. En effet, en mode portable ou à la manette traditionnelle, vous ne pourrez pas vous servir au mieux de la fonction gyroscopique, et vous ne pourrez pas jouer avec la détection de mouvements pour interagir avec votre environnement. Mais vous allez mieux comprendre avec des exemples.
Grâce à Cappy, votre nouvel ami couvre-chef, vous allez pouvoir atteindre divers endroits ou objets en le lançant dans la direction voulue. Pour ce faire, vous aurez le choix entre appuyer sur un bouton ou faire divers mouvements prédéfinis avec vos Joycons. Pour lancer vers le haut, vous ferez un mouvement vers le haut, pour le bas, vers le bas, et par exemple, pour attaquer vos ennemis en faisant tourner Cappy autour de vous, il vous suffira de faire un mouvement de côté. Cela est très intuitif et si nous n’étions que peu friands de ce genre de fonctionnalités avec la Wii, nous sommes clairement sous le charme avec la Nintendo Switch.
Tout répond extrêmement bien à chacun de nos mouvements et cela permet une progression encore plus fluide car tout a été pensé pour optimiser cette utilisation spécifique des Joycons dans le jeu. Vous aurez une vingtaine de mouvements de base à retenir, ce qui pourra vous déstabiliser au début, et le temps des deux premiers pays, vous regarderez souvent comment faire telle ou telle action. Mais une fois bien en mains, Super Mario Odyssey devient un gigantesque terrain de jeu aux secrets insoupçonnés.
Car oui, les mouvements de base nous sont donnés, mais c’est à nous et nous seuls de découvrir toutes les situations possibles où ceux-ci peuvent être mis en pratique. Et c’est précisément dans ce compartiment que le jeu devient tout simplement parfait. On nous apprend des choses que nous devons mettre en pratique et pas une seule fois nous avons eu l’impression de ne pas pouvoir faire quelque chose. Tout a été tellement bien pensé que tout semble parfaitement logique. Il n’y a jamais aucune frustration aux joies de la découverte car tout ce que nous voulons faire, nous pouvons le faire. Il suffit juste d’user un peu de sa matière grise de temps à autre.
Une tonne d’idées au pixel carré
La casquette pouvant prendre le contrôle des éléments de l’environnement ouvrait naturellement des portes à une tonne d’idées, mais nous n’aurions jamais pensé qu’il y en aurait autant. C’est bien simple, chaque nouveau pays met en avant une voire plusieurs nouvelles idées de gameplay, sans parler de la multitude de mini-jeux disponibles. Déjà, cela vous assure qu’un endroit visité vous proposera au moins une nouvelle façon d’appréhender ce qui vous entoure. Et bien évidemment, tout ce que vous aurez découvert dans les pays précédemment visités vous resservira par la suite. Ce jeu est tout simplement une gigantesque démonstration de créativité, et vous vous surprendrez souvent à sourire devant tant d’ingéniosité.
Vous pourrez prendre le contrôle de beaucoup d’êtres différents, qu’ils soient pacifiques ou non. Ce qui vous permettra par exemple de prendre possession du corps d’un Goomba, d’un Koopa Troopa et même encore d’un humain. Cependant, il n’est pas possible d’user de votre casquette magique tout le temps. Il y a une situation précise qui ne le permet pas, mais qui saura vous séduire d’une tout autre manière.
Dans les différents pays que vous visiterez, vous tomberez souvent sur des tuyaux en pixel art, ce qui vous permettra de vous transposer en un instant dans un monde en 2D et de faire parler la sensibilité du fan qui résonne en vous. Ces petits moments nostalgiques n’étant pas en excès, c’est à chaque fois un réel plaisir de s’y plonger. D’autant plus que parfois, cela se mêle admirablement bien dans le décor, comme lorsque vous devrez parcourir les côtés d’une pyramide de cette manière. Dans le même registre, la musique, en plus d’être parfaitement maîtrisée du début à la fin, vous rappellera aussi beaucoup de souvenirs, reprenant des thèmes ou des sons bien connus de tous.
Vous pourrez sur votre route accumuler divers objets que sont les pièces, la monnaie locale et les lunes. Les pièces vous permettront de vous acheter toutes sortes de choses comme des costumes. La monnaie locale quant à elle, plus complexe à trouver car souvent bien cachée, permet d’acheter des objets disponibles uniquement dans le pays où vous l’avez trouvée. Vous pourrez donc vous faire plaisir en explorant les moindre recoins du jeu afin de vous acheter tous les éléments de ce dernier. Par contre, si nous avons bien un conseil à vous donner, c’est d’économiser vos pièces jusqu’à la fin du jeu, vous nous remercierez plus tard.
Ici les lunes seront votre cheval de bataille, car nous ne vous l’avons pas encore dit, mais pour vous déplacer vous aller devoir alimenter votre vaisseau, l’Odyssey, en énergie, et cette énergie va se matérialiser en lunes. Chaque nouveau pays vous demandera d’en trouver une certaine quantité afin de faire le plein et de repartir. Bien entendu il y a bien plus de lunes que nécessaire, et ils sera très important pour la suite d’en récupérer un maximum sur les 600 possibles.
À la fin de l’exploration de chaque nouvelle destination, vous ne manquerez pas de vous faire alpaguer par le fameux boss de fin de niveau. Toujours très jouissifs, ces affrontements reprennent naturellement la fameuse règle de 3 en ce qui concerne les phases de combat, et vous y verrez des inspirations venues de jeux comme NieR par exemple, pour ne citer que lui.
Enfin, et pour terminer sur un élément que nous avons trouvé plutôt sympa, le mode coop. Dans Super Mario Odyssey, vous pourrez jouer en duo avec un ami, l’un contrôlant Mario et l’autre Cappy. Cela peut paraître limité pour celui qui va jouer le chapeau de service, mais comme vos capacités sont décuplées dès lors que vous jouez en duo, cela devient très intéressant. En solo Cappy ne peut être lancé bien loin, mais en duo, le joueur peut le déplacer comme un personnage à part entière. Cela ouvre donc de belles possibilités dans le jeu, mais aussi une nouvelle façon de s’amuser, plus conviviale. D’autant plus que dans un jeu d’exploration, 4 yeux valent mieux que 2.
Super Mario Odyssey est tout simplement incroyable. Il nous a vraiment surpris et bluffé par sa créativité. Pendant les 25 heures qu’il nous aura fallu pour arriver au bout de l’histoire, il ne se sera pas passé un seul instant sans qu’on ne soit émerveillé par quelque chose, que ce soit un paysage grandiose, une subtilité de gameplay, du fan service, ou encore les combats de boss. Avec Super Mario Odyssey, Nintendo ne révolutionne pas le jeu en 3D, naturellement, ils l’avaient déjà fait en 1996. Cependant ils arrivent à modifier bon nombre de codes bien en place, afin d’apporter une vision nouvelle du jeu d’exploration et de plateforme en 3D. Toujours plus fort, toujours plus loin, c’est ce qui pourrait légitimement qualifier ce nouvel opus de la licence Mario qui même après le générique continuera de vous surprendre. Jouable dans différentes configurations, en portable ou sur le grand écran de votre salon, Mario vous accompagnera désormais où que vous soyez. Enfin, si vous n’avez pas trouvé de défauts dans les lignes de ce test, c’est normal, on les cherche encore nous-même.