Après son retour en solo au cinéma l’an dernier, Spider-Man tisse une nouvelle fois sa toile sur console après une absence bien plus longue. Plus de 32 jeux plus tard (le dernier en date étant Spider-Man Unlimited sur smartphone en 2014), Insomniac Games développe un nouveau jeu Spider-Man sur Playstation 4 qui fait déjà une entrée très remarquée grâce à une campagne marketing menée avec brio. Souvent comparé à d’autres jeux de super-héros tels que les Batman: Arkham, Spider-Man va-t-il réussir à attirer un large public tout en comblant les fans ? La réponse dans notre test Spider-Man sur Playstation 4.
Spider-Man – Un jeu qui vous prend dans sa toile
«Qui je suis ? Je suis Spider-Man !»
Commençons tout d’abord par nous attarder sur l’univers qu’a voulu créer Insomniac Games autour de notre tisseur de toiles préféré. Le studio avait plus que l’embarras du choix pour développer les aventures de Peter Parker, ces dernières ayant été maintes fois reprises depuis sa création en 1962. Alors qu’il aurait pu se contenter de choisir un point de vue déjà abordé, que ce soit dans les films/comics ou dans les jeux vidéo, le développeur a fait le choix osé de créer le sien en piochant dans le meilleur de chacune des versions. Bien qu’osée, cette décision est pour le moins efficace puisque ce mélange donne un univers harmonieux, qui colle parfaitement à Spider-Man.
Ainsi, on va retrouver la patte de la trilogie de Sam Raimi dans le traitement des super-vilains qui seront autant mis en avant que notre héros. En ce qui concerne Spidey, ce sera plus celui des comics ou des films de Marc Webb qui va se faire ressentir, avec un super-héros à l’humour inégal mais toujours appréciable. Plusieurs références à ses films sont d’ailleurs présentes, comme la voix de Donald Reignoux (qui a dernièrement doublé Connor dans Detroit: Become Human et Andrew Garfield dans The Amazing Spider-Man) ou encore quelques répliques, notre héros se targuant que sa plus grande faiblesse réside dans les petits couteaux. Quant au dernier film avec Spidey, on y verra quelques références notamment au niveau des costumes.
Et puisque nous parlons de l’homme araignée, autant dire que le travail fait dessus est parfaitement réussi. Que ce soit dans son caractère, ses répliques ou même ses mouvements, tout transpire le souci du détail, fait par des vrais fans de Spider-Man. C’est un vrai sentiment de puissance qui se dégage de notre héros et cela est grisant, pareil pour le sentiment de liberté que nous inspirent les mouvements de l’homme araignée. Manhattan n’a jamais été aussi agréable à traverser et se balader de toiles en toiles entre les immeubles ne pose aucun souci. Il en va de même pour les méchants, ces derniers ne se contentent pas d’être de bêtes méchants mais ont aussi droit à leur propre histoire, ce qui permet de les humaniser.
Tout ce travail sur les personnages est superbement mis en avant par les dialogues qui sont bien écrits et qui véhiculent parfaitement les émotions des diverses scènes, ainsi que par le doublage VF d’une grande qualité.
Enfin en ce qui concerne l’environnement du jeu, lui aussi a reçu un traitement tout particulier. Les quartier de Manhattan, dans lesquels va se passer l’intégralité de notre aventure, sont très vivants en plus d’être bien modélisés. Dans un souci de réalisme, les rues et les toits des immeubles grouillent plus ou moins de monde. De plus leurs réactions ne sont pas robotiques, s’il vous prend l’envie de prendre un bain de foule cette dernière va réagir de manière positive ou négative (hé oui, notre héros est autant aimé que détesté).
Pareil en ce qui concerne vos actions, à chaque événement marquant (ou non) vous êtes certain de voir le twitter de l’araignée s’affoler ou notre cher J.J. Jameson faire critique cinglante à la radio, pour notre plus grand plaisir. En résumé, il n’y a pas vraiment de reproche à faire sur l’open world développé par Insomniac Games. Mais si les rues de Manhattan grouillent de vie , elles fourmillent aussi de crimes et il est nécessaire de s’en occuper.
Le pire cauchemar des criminels
Comme dit auparavant les quartiers dans lesquels patrouille Spider-Man ne sont pas des havres de paix et sont souvent le centre de nombreux crimes. Il n’est donc pas rare que durant vos patrouilles, vous entendiez sur votre radio une alerte de la police vous indiquant le lieu d’un crime (du moins si vous avez débloqué la zone). Une grande variété de crimes peut se produire, du simple chauffard au braquage de magasin en passant par la prise d’otage. Autant de crimes que vous devez résoudre pour ramener la paix dans les quartiers. Bien qu’amusants et rapides, on note malgré tout une certaine redondance dans ces derniers. Heureusement, plus tard dans l’aventure d’autres styles de crimes viendront s’ajouter, et leur rapidité et leur liberté d’approche permettent aux joueurs de ne pas se lasser.
Cette recrudescence de crimes au sein de Manhattan s’explique parfaitement par l’histoire principale de Spider-Man. En effet, très vite après le début du jeu, le scénario nous plonge au cœur même de la vie de super-héros. Après une ou deux quêtes qui nous servent de tutoriel, on se retrouve à combattre notre premier boss, Fisk alias le Caïd qui est très connu pour ses affrontements avec Daredevil et Spider-Man. Une fois ce dernier neutralisé, la paix règne enfin sur New York, mais pas pour longtemps car en l’absence du chef de la mafia, les criminelles et les super-vilains pullulent et nous obligent à faire des heures supplémentaires. C’est heureusement un Spider-Man expérimenté que nous contrôlons car durant toute l’aventure ce dernier va devoir faire face à une quantité d’ennemis impressionnante.
Spider-Man va vous donner à plusieurs reprises la possibilité d’affronter divers méchants emblématiques des comics, ce qui est pour le moins appréciable. Si certains combats de boss restent assez classiques, d’autres au contraire proposent des mécaniques de gameplay intéressantes et une ambiance soignée qui donne au jeu un aspect très cinématographique.
De manière générale, l’histoire principale est très bien écrite, on y retrouve plusieurs doses d’émotion parfaitement mesurées. Sûrement dans un souci de faire plaisir aux joueurs et aux fans, le jeu propose aussi plusieurs séquences de gameplay où l’on contrôle des personnages comme MJ ou Miles Morales (alias Spider-Man dans un multivers). C’est en tout une trentaine d’heures qui seront nécessaires pour terminer la totalité de l’histoire principale dans un très bon final (mais nous n’en dirons rien pour laisser le plaisir intact).
Si une trentaine d’heures peut sembler court comparé à d’autres open world, la durée de vie de Spider-Man augmente énormément avec les quêtes annexes. Dans les différents actes qui composent le jeu, il n’est pas rare de voir apparaître des quêtes secondaires. Ces dernières sont généralement plus légères, mais malgré tout bien travaillées. Si le scénario est moins travaillé dessus il n’en reste pas moins que les idées sont intéressantes et le gameplay réussi. On va ainsi pouvoir essayer d’arrêter divers criminels sous l’emprise de drogues, ou encore récupérer des pigeons de compagnie perdus (oui parfois être un super-héros c’est savoir mettre sa fierté de côté). Certaines quêtes secondaires ont malgré tout une structure plus complexe qui nous permet alors d’affronter certains super-vilains jugés plus secondaires tel que Tombstone. Si ces quêtes prolongent un peu la durée de vie, c’est surtout les activités annexes qui vont la booster et les combats vont venir perfectionner cet ensemble déjà très solide.
Balades et mandales
Terminons notre analyse en nous intéressant au gameplay ainsi qu’aux objectifs annexes de Spider-Man. Le gameplay du jeu peut se diviser en trois phases distinctes, la discrétion, les combats et l’exploration. Commençons par le petit bémol de ces trois phases, bien que le gameplay soit bon dans sa totalité les phases de discrétion sont moins intéressantes que les deux autres phases. La faute à une panoplie d’actions simpliste, il n’est pas très compliqué de déjouer la vigilance des adversaires. Notre grande variété de déplacements et de gadgets, qui sont un plus en temps général, rend les phases de discrétion bien trop simples et donc peu intéressantes. Elle le deviennent bien plus lorsque nous ne nous contrôlons pas Spider-Man. La discrétion reste malgré tout bonne dans ce jeu mais elle n’arrive pas au niveau des combats et de l’exploration.
Les combats sont sans conteste le point fort du jeu, notre araignée a une panoplie de coups très variée en plus d’être classe à souhait. De plus au fur et à mesure que vous allez prendre des niveaux, il vous sera possible d’en apprendre des nouveaux via un arbre de compétence. Les combats sont dynamiques, Spider-Man est simple à prendre en main et répond parfaitement à nos exigences. Le grand nombre de gadgets qui facilite les phases de discrétion prend par contre tout son sens en combat. Que ce soient les toiles électriques, les toiles chocs ou les bombes à toiles (ça fait beaucoup de toiles), tous les gadgets permettent des variations durant les combats. Cela a aussi permis aux développeurs d’introduire divers ennemis avec certaines immunités nous obligeant à réfléchir à comment utiliser notre arsenal.
Attention malgré tout à bien vérifier la quantité de vos gadgets pour ne pas vous retrouver avec juste vos poings pour combattre. Chaque fois que vous portez une attaque sur un ennemi, vous augmentez votre jauge de concentration qui vous permet de porter un coup de grâce une fois assez remplie. Ces coups mettent alors K.O l’adversaire, peu importe si vous l’aviez frappé avant ou non en plus d’offrir une rapide scène classe. Rajoutez à cela les divers « pouvoirs » que vous donnent vos costumes (qui sont en grand nombre en plus d’être pour la plupart tirés des divers films/comics) et vous obtenez un système de combat dynamique et jouissif. De plus le challenge proposé selon la difficulté est bien géré, le mode Spectaculaire (ou difficile) nécessite par exemple une bonne maîtrise de notre héros. On regrettera seulement que la caméra complique parfois la chose en étant un peu capricieuse et en se mettant dans des angles gênants.
Enfin les phases d’exploration vous permettent de vous balader librement dans la ville pour accomplir la grande quantité d’objectifs annexes. Les mouvements de Spidey sont très bien animés et très fluides, se déplacer est alors un tel plaisir que l’on n’est que très rarement tenté d’utiliser le métro pour se déplacer rapidement. La première crainte face à cela est de très vite se lasser face à la redondance, mais heureusement pour nous il n’en est rien. Certes les activités annexes sont répétitives et peuvent donner l’impression de vouloir combler (c’est une tare qui touche tous les opens world) mais le gameplay aux petits oignons arrive à supprimer tout effet de lassitude. Que ce soit la collecte d’objet ou les défis de Taskmaster, leur rapidité et leur grande variété restent appréciables. Mention spéciale aux sacs à dos qui sont en grand nombre et qui offrent une anecdote sur la vie de Spider-Man à chaque découverte.
Il ne fait aucun doute : Spider-Man est un grand jeu de super-héros et même un grand jeu tout court. Il serait malhonnête de ne pas reconnaître les qualités du jeu, que ce soit sur son histoire ou son gameplay. Bien évidemment, il n’est pas parfait et sur certains points; il n’innove pas en ce qui concerne les open world, mais malgré tout on prend un véritable plaisir à contrôler l’homme araignée à tel point qu’il devient difficile de se décrocher de la manette. Quelques très rares bugs sont aussi présents mais ces derniers ne sont pas assez nombreux pour en faire mention et la plupart ont d’ores et déjà été réglés. Dans tous les cas voilà un jeu qui devrait plaire à une très grande majorité de joueurs, qu’ils soient fans de Spidey ou non.