Les fans de la série Commando, mais aussi et tout simplement les amoureux d’infiltration, attendaient avec impatience ce Shadow Tactics: Blades of the Shogun. Le studio Mimimi Productions nous livre ici un hommage assumé à la série de jeux de Pyro Studio. Malgré de grandes similitudes avec ses aînés, Shadow Tactics: Blades of the Shogun a su apporter ses propres nouveautés, puisant dans la culture japonaise médiévale, au sein de laquelle se déroule l’intrigue. Nous allons voir ensemble ce que donne cette remise au goût du jour d’un style bien peu présent dans le paysage vidéo-ludique actuel.
Shadow Tactics: Blades of the Shogun – des ombres et du sang
La guerre secrète
L’action prend place au Japon au 17ème siècle au tout début du règne du Shogun. Comme tout début de règne, l’autorité n’est pas encore présente partout et le mystérieux Kage-sama oeuvre dans l’ombre contre le pouvoir en place. Tenu par des contraintes diplomatiques, le Shogun donne au samouraï Mugen carte blanche pour contrer en secret les agissements de l’ennemi. C’est donc à la tête d’une équipe de choc, composée de cinq personnages, que l’on doit effectuer diverses missions aux ordres du Shogun. Malgré une bonne écriture, l’histoire reste cependant assez basique, servant davantage de prétexte aux niveaux proposés.
Chaque personnage dispose, en plus d’une attaque de base, de plusieurs compétences et aptitudes différentes. Hayato, ninja mercenaire, peut grimper sur les toits et nager, lancer des shuriken, et lancer des pierres afin de détourner l’attention des gardes. Dotée des mêmes capacités de déplacement, on dispose également de Yuki, capable de poser des pièges et d’y attirer les ennemis, ainsi que de Aiko, maîtresse du déguisement et de la diversion.
Dans un domaine moins mobile, mais nettement plus destructeur, on dispose de Mugen et de Takuma. Mugen est un robuste samouraï, seul personnage étant capable de transporter deux dépouilles ennemies à la fois. Il a également la possibilité de transporter des objets lourds, abattre des groupes entiers d’ennemis avec son attaque spéciale ou encore poser un bouteille de saké qui fera office d’appât pour les gardes. Takuma, un vieillard infirme, sera quant à lui votre artilleur : armé de son fusil à longue portée et de ses grenades, il bénéficie d’une grande puissance de feu, au prix d’un vacarme assourdissant. A noter qu’en plus de leurs capacités les personnages disposent chacun de motivations et de caractères bien distincts, les rendant fort attachants. Au sein des niveaux les personnages discutent entre eux, une façon fort agréable de fixer les objectifs de missions et de donner du relief à l’intrigue. Bien que de bonne qualité (notamment le doublage japonais) les dialogues sont parfois un peu envahissants, surtout quand ils se déclenchent en pleine action.
Les tactiques de l’ombre
Après un long chargement, on commence le jeu lors du siège d’Osaka, aux commandes d’Hayato. On est alors frappé par la grande taille du niveau : le chemin promet d’être long, surtout en jouant à cache-cache avec les gardes, et cela sera de même tout au long des 13 chapitres du jeu.
Ce premier niveau, faisant office de tutoriel, permet de se familiariser avec le gameplay. Dès le départ on est mis dans le bain : la part belle sera faite à la finesse et à la planification. En effet si par moments l’approche agressive est tentante, on se rend bien vite compte que l’affrontement direct provoque une mort rapide de vos personnages. Sachant que la mort du moindre d’entre eux signifie l’échec de la mission. Et vos personnages mourront, on vous l’assure, Shadow Tactics: Blades of the Shogun est un jeu exigeant. Fort heureusement les fonctions de sauvegarde et de chargement rapide sont présentes, donnant un droit à l’expérimentation bien agréable.
Fort heureusement Shadow Tactics: Blades of the Shogun propose maintes façons d’accomplir chaque mission, les méthodes les plus discrètes étant évidemment les plus efficaces. Il faudra faire preuve de patience et d’observation. En effet il est possible d’un simple clic de voir le champ de vision des gardes, mais seulement un à la fois. Les ennemis sont variés et vous devrez apprendre à les connaitre afin de mener à bien votre mission. En dehors de gardes tout ce qu’il y a de plus classiques, il faudra passer la vigilance des chapeaux de pailles, qui ne se laisseront attirer par aucun appât et enverront une escouade de gardes au moindre soupçon. Il faut également gérer les civils qui, bien que pacifiques, alerteront immédiatement les gardes les plus proches s’ils aperçoivent un membre de votre équipe. Enfin les samouraïs, qui constituent souvent la garde rapprochée de votre cible, sont invulnérables à de nombreuses capacités de vos personnages et ne se laissent pas duper par les déguisements d’Aiko. On déplorera toutefois quelques bugs de pathfinding, pouvant bloquer un garde sur le chemin vers votre appât.
Les niveaux de Shadow Tactics: Blades of the Shogun sont vastes et remplis d’ennemis. Le jeu étant servi par un level-design intelligent, il est extrêmement rare de n’avoir qu’une seule possibilité pour progresser jusqu’à l’objectif. La constante reste tout de même de se cacher, la moindre alerte provoquant une hausse de la vigilance des gardes et une fouille approfondie de la zone. Bien heureusement, vos personnages sont fort dégourdis et peuvent provoquer des « accidents » (chute de pierres, chariots dévalant une pente, etc…) qui éveilleront nettement moins la méfiance que le bon vieux shuriken dans la gorge.
Les lames du Shogun
Vous serez souvent confronté à plusieurs gardes taillant une bavette ensemble ou veillant l’un sur l’autre, rendant impossible leur élimination sans se faire repérer. C’est là qu’intervient une fonction de Shadow Tactics: Blades of the Shogun, dont il faudra user et abuser : le mode Ombre. En plus d’être franchement classe, cela permet de programmer une action pour chacun des personnages, puis de les déclencher simultanément, permettant des éliminations simultanée ou le bon vieux combo diversion/attaque. A noter également, la fonction de surbrillance qui permet de rendre plus visible les planques, ennemis et décors interactifs (comme les chariots et les rochers cités plus haut). Cette fonction étant fort utile, on a tendance à la laisser activée constamment, ce qui nuit légèrement à la beauté du jeu.
Armé de ces mécaniques de jeu, on se met malgré soi à aborder les obstacles comme des énigmes, choisissant avec soin dans quel ordre et avec quelles capacités on élimine ou contourne les ennemis. De plus les niveaux posent leurs propres problématiques, comme par exemple les niveaux aux décors couverts de neige : vos personnages laisseront des traces que les gardes repéreront et suivront, pouvant tout autant les mener à vous repérer qu’à tomber dans un piège. Une fois un niveau terminé on débloque les badges : des défis propres à chaque niveau, donnant au titre une excellente rejouabilité. Parmi ceux-ci on trouve les classiques mais néanmoins difficiles défis de rapidité et de niveau de difficulté, mais également d’autres impliquant l’utilisation de telle ou telle compétence ou élément de décor. La nature de beaucoup de défis vous forcera à refaire plus de deux fois les niveaux, certains objectifs s’excluant mutuellement. C’est d’ailleurs un plaisir de refaire les niveaux avec l’expérience acquise entre temps, changeant parfois toute l’approche que l’on a dudit niveau.
Par ailleurs, Shadow Tactics: Blades of the Shogun bénéficie de graphismes aux finitions cel-shading fort corrects, ainsi que de jolis portraits pour illustrer les dialogues entre les personnages. De vastes niveaux fidèles à l’idée qu’on se fait de l’ambiance médiévale japonaise, satisferont les amoureux du pays du Soleil Levant. Les musiques sont également plaisantes, tout en restant discrètes et plutôt posées, ce qui sied parfaitement à ce style de jeu basé sur la réflexion.
Conclusion Shadow Tactics: Blades of the Shogun
Ressuscitant un style presque oublié, Shadow Tactics: Blades of the Shogun, se pose en trésor de jeu de réflexion, faisant tourner les méninges à plein régime sans tomber dans l’écueil de la solution unique à chaque situation. Malgré quelques problèmes d’ergonomie, on prend grand plaisir à faire et refaire ces vastes niveaux, en compagnie de ces attachants personnages. On ne peut que vous enjoindre à essayer la démo disponible sur Steam et Gog.com.