Vous regrettez les années 80/90 ? L’ère révolue de la plateforme d’antan vous manque ? Nous avons ce qu’il vous faut en stock. Issu d’une campagne Kickstarter à succès, Rad Rodgers s’est dans un premier temps limité au format PC. Après quelques mois et un certain retour positif des joueurs, notre duo rétro tente maintenant sa chance sur consoles Xbox One et PlayStation 4.
Rad Rodgers se veut être avant tout une déclaration d’amour à cette époque passée où les plateformes pixélisées faisaient loi, faisaient foi. Aucune prouesse technique ni innovation créatrice en vue ; non, ici, nous voguons de niveau en niveau en terrain connu. Tout n’est que nostalgie et humour. C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. Voyons de ce pas si cet adage s’applique à Rad Rodgers.
Un joueur ne dort jamais
Qui n’a jamais, étant enfant, râlé devant l’autorité parentale ordonnant d’éteindre la console sous prétexte de l’heure tardive ? Qui n’a jamais voulu prolonger sa partie tout au long de la nuit sans se soucier de l’heure, sans ce soucier des obligations ? D’entrée de jeu, Rad Rodgers joue la carte de la douce nostalgie. Notre tête blonde refuse de quitter sa partie de jeu vidéo malgré les ordres directs de sa mère. Il abdique face à la sainte parole et finit par éteindre sa console à contre-cœur. Mais voilà que celle-ci se met à parler et l’aspire littéralement dans le monde de son jeu vidéo favori. La partie commence. Le scénario se veut totalement anecdotique mais on appréciera les nombreux clins d’œil et la vague de nostalgie empruntée.
Une fois dans le jeu, notre petit héros fera équipe avec Rodgers, une sorte de sac animé doté d’énormes bras et d’un sens de l’humour aiguisé. Le duo devra venir à bout des huit niveaux et du boss final, un schéma rétro pour un jeu vidéo rétro. Rad Rodgers insiste lourdement sur l’humour, certaines répliques sont plutôt réussies, d’autres moins, les conversations entre les deux protagonistes restent plaisantes à suivre. À noter que certaines blagues sont particulièrement osées si l’on considère l’âge de l’enfant. Malgré la portée douteuse de certaines répliques et le sang à outrance, Rad Rodgers se veut tout public et propose un filtre parental gommant ces aspects tendancieux pour le jeune public.
Entre pixels et gros guns
Rad Rodgers est un jeu de plateforme traditionnel. Pour chaque niveau, il faudra débloquer une porte scellée en récupérant quatre fragments dissimulés. Rad se bat avec une mitraillette de base mais notre héros pourra récupérer diverses armes lors de son aventure comme un lance-grenade ou un laser. Il a également une simple attaque au corps à corps où Rodgers frappe du poing. Ajoutez à cela le saut et vous avez votre gameplay, simple mais efficace en soi. Les niveaux sont assez longs à parcourir. Les deux premiers mondes seront assez agréables à passer, la recette prend bien, l’ambiance est réussie. Les claques arrivent à partir du troisième monde.
La première claque se nomme redondance. Même si les niveaux se veulent variés par leur environnement, on a l’impression de faire toujours la même action et le bestiaire est risible. Nous avons affaire au total à cinq ou six ennemis différents. De plus, parfois, un obstacle vous barrera la route. Il faudra alors faire appel à Rodgers pour qu’il aille dans le monde des pixels déchus (??) et détruise l’obstacle en question. Sur le papier, ces phases dynamisent le jeu en jonglant avec le gameplay. En vrai, c’est raté. Ces phases sont une véritable corvée, une punition qui rallonge les niveaux déjà bien trop longs.
La deuxième claque s’appelle bug. Rad Rodgers est encore truffé de bugs à foison venant noircir l’expérience de jeu déjà pas bien glorieuse. Pas de patch à l’horizon, pas de message des développeurs à l’heure actuelle, on se contentera de serrer les dents face à ces bugs venant parfois vous bloquer dans le niveau. Il faudra alors tout recommencer. Outre ces malheureux bugs, Rad Rodgers a comme un goût d’inachevé avec des sauts approximatifs, un monde sans saveur et un bestiaire bien trop limité.
La dernière claque, et non des moindres, s’intitule difficulté. Pourquoi diable rendre un jeu d’apparence enfantine quasi-impossible à terminer ? Rad Rodgers est d’une difficulté affligeante et rageante, pas celle que l’on peut gérer à force de maîtrise, non, celle qui fait simplement rager. On commence un niveau avec trois vies, si on les perd, on recommence tout. Certains ennemis vous tuent en un coup, ils sortent de nulle part et vous mettent un coup fatal. Il faudra alors apprendre leur emplacement par cœur pour éviter la catastrophe et à terme casser votre manette. Procédé ridicule et incompréhensible de la part des développeurs. Alors, il y a bien différents modes proposés mais la difficulté est toujours présente.
Après toutes ces claques, Rad Rodgers fait mal, le titre partait d’un bon sentiment et d’une énergie appréciable.
Rad Rodgers n’est pas un jeu qu’on recommande, la pauvreté du gameplay, ses bugs à outrance et sa difficulté hallucinante ne pardonnent pas. L’idée initiale de surfer sur la vague rétro était pourtant encourageante mais on ne retiendra du jeu que son humour décapant, rien d’autre. Passez votre chemin, ne vous infligez pas cette punition, nous avons encore mal à la joue après toutes ces claques à répétition. Comme quoi, quand votre mère vous dit d’arrêter de jouer, éteignez la console de suite…