Lorsque l’on parle de Capcom, on pense instinctivement à des séries comme Street Fighter, Resident Evil ou encore Monster Hunter. Parmi les célèbre franchises de l’éditeur japonais, il y en a une, plus discrète sur notre territoire, qui est toujours active et qui a fait un quasi sans faute depuis ses débuts, je parle évidemment de Phoenix Wright: Ace Attorney. Cette série est née au Japon au début des années 2000 sur GameBoy Advance, puis sortie en occident sur Nintendo DS. Partant de loin, Phoenix Wright a su conquérir son public et s’est créé une grande communauté de fans. C’est grâce à elle que, quelques années après le dernier épisode où l’avocat avait quitté la barre, la série renaît de ses cendres sur Nintendo 3DS avec Phoenix Wright: Ace Attorney – Dual Destinies en 2013. Bien qu’excellent, le jeu est arrivé chez nous uniquement au format numérique et seulement en anglais. Un lourd handicap pour les différents pays européens dont la France qui comptent beaucoup d’adeptes de l’avocat aux cheveux hérissés. La série continue à avoir du succès au Japon, ce qui est moins le cas en occident. Cependant, il reste encore des irréductibles fans, ce qui permet à Capcom de délocaliser le sixième épisode, baptisé en occident, Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice. Il bénéficie du même handicap que son aîné, mais est-il aussi excellent ? Phoenix Wright quitte son cabinet pour retrouver une amie importante dans un monde où la justice ne juge que par des visions. Nous avons suivi cet avocat de renom, c’est parti pour notre test complet.
Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice, objection retenue
Petit briefing avant de commencer
Petit retour sur la série pour les retardataires. Phoenix Wright: Ace Attorney est une aventure textuelle. Une sorte de roman interactif où la narration a toute son importance, et par ailleurs, celle-ci ne manque pas de qualités. Vous incarnez donc Phoenix Wright, un avocat de la défense au look atypique. Les affaires, coupées en épisode, se suivent, mais ne se ressemblent pas. L’action se déroule en plusieurs parties distinctes. Vous avez un temps d’investigation où vous allez interroger les témoins, les suspects et autres personnages impliqués dans l’affaire à la recherche d’indices ou autres objets servant à prouver l’innocence de votre client. Ceci passe également par les fouilles des décors. Comme l’opus précédent, Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice se voit doter d’environnements tout en 3D de toute beauté. Ce qui vous permet de changer de point de vue à tout moment, renforçant ainsi l’intérêt de l’investigation. Le deuxième temps fort vous place dans le tribunal où se livre la bataille entre vous et l’accusation. Votre adversaire fera tout pour prouver la culpabilité de votre client. Par ailleurs, dans cet épisode, la justice du Royaume de Khura’in n’emploie pas d’avocat pour défendre l’accusé. Je parlerai de l’histoire plus tard. De votre côté, vous devez utiliser les pièces à conviction récoltées lors de l’investigation ou fournies pendant l’audience. Là où le texte est important, c’est que votre devoir réside dans le fait de trouver les contradictions entre le témoignage des témoins, les discours du procureur, avec vos preuves, et de lancer votre terrifiant et ô combien excitant OBJECTION !
Objection peut-être, mais ce n’est pas tout. Avant d’y parvenir, il faudra parfois essayer de tirer des informations supplémentaires du nez des témoins. Leurs témoignages peuvent être volontairement incomplets. Il vous suffira simplement d’interroger les témoins sur une phrase qui vous semble louche. Parfois, cela débloque la situation et vous oriente sur une belle contradiction et parfois sur un beau fail pour notre Phoenix. De plus certaines de vos erreurs vous conduiront à une pénalité représentée par une barre de vie. Lorsque celle-ci est vide, vous avez perdu, mais n’ayez crainte, cela ne vous fera pas recommencer l’affaire tout entière. Si vous avez toujours peur, sachez qu’il est possible de sauvegarder à tout moment. C’est une très bonne chose, sachant que le jeu est composé principalement de texte et que les dialogues sont longs, il serait fort dommage de recommencer.
Que justice soit faite
Nous retrouvons donc Phoenix Wright pour une toute nouvelle aventure. Après avoir rétabli l’ordre et la justice dans le dernier épisode, notre cher avocat se paye le luxe de partir en vacances. Son voyage l’emmène au Royaume de Khura’in, pays de la médiumnité. Faire du tourisme est secondaire pour Maître Wright. Non, il est ici avant tout pour retrouver une amie très importante. La belle Maya Fey est de retour. Souvenez-vous, la jeune assistante de Phoenix, qui a suivi sa progression durant les trois premiers opus est partie pour une formation de longue durée afin de devenir médium. Dix ans plus tard nous y voilà, le duo se reforme. Tout semble parfait, malheureusement, Phoenix Wright, comme toujours, va se trouver pile dans une affaire de vol et de meurtre. Il pourrait ne pas s’en mêler, cependant l’accusé est son guide, un jeune garçon en formation pour devenir moine. Le cœur sur la main, notre avocat de légende va vouloir prendre sa défense. Mais, ce qui le motivera beaucoup plus, c’est que dans ces contrées, la justice n’a pas besoin de recourir aux avocats.
En effet, dans le Royaume de Khura’in, il existe une prêtresse possédant un don lui permettant de voir les derniers instants de la victime. Le résultat s’obtient grâce à une cérémonie appelée Divination Séance. Grâce à cela, impossible de contredire cette vision incontestable, surtout si l’accusé est dans la vision, portant l’arme du crime. Voilà comment procède la justice dans cet étrange pays. Pas besoin de pièces à conviction, l’accusé n’a pas besoin non plus d’être défendu. Bien évidement, c’est sans compter l’arrivée de Phoenix Wright. Vous allez devoir prouver l’innocence de vos clients, malgré l’irréfutabilité des visions. Trouvez les failles dans les divinations de la prêtresse et apportez le vrai esprit de la justice au Royaume de Khura’in. Notre avocat sera bien occupé, mais il peut compter sur ses collègues pour s’occuper de son cabinet Wright & Co. Ainsi, nous retrouvons également avec joie Apollo Justice et la nouvelle recrue du cinquième opus, Athena Cykes pour des parties plus classiques.
Esprit es-tu là ?
La Divination Séance est la nouveauté de ce sixième épisode et voici comment cela fonctionne. Lorsque la défense de Phoenix Wright commence à pencher lourdement en faveur de l’innocence de l’accusé, l’accusation fait appel à Rayfa Padma Khura’in, la prêtresse royale, pour une séance de divination. La jeune femme chante et danse et révèle donc les derniers instants de la victime, visibles dans un miroir d’eau. Non seulement nous voyons ce que la victime a vu, mais aussi ce qu’elle a senti, entendu ou touché, par des mots apparaissant sur le miroir. Votre but est donc de faire un contre-témoignage avec la divination et de trouver les contradictions. Vous allez devoir jongler entre les parties segmentées du témoignage et de la divination et démêlez le vrai du faux pour trouver qui est le véritable coupable. Cette nouveauté est très intéressante et enrichit les parties au tribunal, et s’applique naturellement dans la série. Les différents personnages du jeu ont aussi leur pouvoir. Phoenix Wright a sur lui son Magatama, lui permettant de voir les verrous-psyché, signifiant que le personnage a quelques chose à cacher. Rien de très surnaturel, mais cela permet de jouer avec les preuves lors des investigations. Apollo Justice possède toujours son bracelet. Objet fétiche qui augmente sa concentration sur les expressions du visage des témoins afin de révéler un tic nerveux. Athena Cykes peut compter sur son gadget, le Mood-Matrix pour visualiser les émotions des personnes appelées à la barre. Autre retour, celui d’Ema Sky, la jeune scientifique vous épaulera pendant les investigations. Vous pourrez ainsi analyser les pièces à conviction à la recherche de messages ou empreinte digitales. Assez parlé de la défense, passons à l’accusation. Qui dit nouvel épisode, dit nouveau procureur. Si le Nahyuta Sahdmadhi n’a pas l’étoffe d’un Miles Edgewotrh (Benjamin Hunter), ce nouveau procureur est assez charismatique et plutôt convaincant. Son objectif est naturellement de prouver la culpabilité de votre client, mais aussi de ne pas laisser un avocat étranger souiller la justice, certes douteuse, de son pays natal. Les joutes entre les deux camps sont souvent épiques.
A ce propos, la série est également réputée pour sa narration de qualité et son humour qui fait mouche. Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice n’a rien à jeter de ce côté-là. Certes, l’aventure n’est pas aussi sombre que le troisième opus Phoenix Wright: Ace Attorney – Trials and Tribulations, mais nous sommes quand même bien servis en termes d’intrigue, de suspense et de rebondissements. Tout comme l’opus précédent, le jeu bénéficie d’une réalisation irréprochable. Les environnements sont agréables visuellement, les personnages toujours aussi bien travaillés, surtout les gimmicks tout autant surprenants. Je ne peux terminer ce texte sans parler de la localisation. En 2016, l’anglais dans un jeu vidéo ne doit plus être une faiblesse. Il est vrai tout de même, qu’une traduction dans notre langue aurait été agréable. En ce qui concerne Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice, un jeu dont les textes sont omniprésents et constituent la base du gameplay, la non-localisation est contraignante. Cependant, nul besoin d’un expert dans la langue de Shakespeare pour progresser dans le jeu, même si les niveaux les plus modestes passeront à côté de l’humour.
Conclusion de Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice
La série Ace Attorney est de moins en moins mise en avant, surtout en occident où elle est cantonnée en dématérialisé et en anglais uniquement. De plus, la série continue toujours d’utiliser la même recette depuis ses débuts, on y ajoutant un pincée de nouveautés. Cependant, force est de constater que la formule fonctionne toujours aussi bien et ce n’est pas Phoenix Wright: Ace Attorney – Spirit of Justice qui nous fera dire le contraire. La réalisation est optimale et la narration est un cran au-dessus de Dual Destinies. Même si la séance divinatoire est la seule véritable nouveauté, les fondamentaux sont là et les vétérans retrouveront leurs marques. On regrettera la non-localisation du jeu, mais pas de quoi fouetter un chat, cet épisode est de très bonne qualité, pas d’objections à apporter.