Mortal Kombat 11 est ce que l’on pourrait appeler l’aboutissement d’une formule initiée depuis un neuvième opus relançant la série sur de bons rails après un passage à vide plutôt long. Chaque itération est l’occasion pour NetherRealm de peaufiner sa formule en y apportant moult nouveautés et modifications bienvenues. La licence Injustice venant se placer entre chaque opus de Mortal Kombat permet même au studio d’expérimenter de nouvelles choses pouvant être par la suite incorporées à l’une des franchises phares du jeu de baston depuis les années 90.
Mortal Kombat 11 est à bien des égares un très bon jeu, au gameplay léché comme jamais et au roster, certes incomplet, mais éclectiques et équilibré. Néanmoins, il n’est pas parfait et finit même par frustrer, alors qu’il avait tout pour régner en maître sur les jeux de castagne de cette année 2019.
Mortal Kombat 11 – Pour la gloire du gameplay !
Pour évacuer ce qui doit l’être avant de rentrer dans le vif du sujet, mais aussi parce que c’est loin d’être le nerf de la guerre des jeux de combat, sachez que le scénario du mode histoire de ce Mortal Kombat 11 reprend là où nous l’avions laissé lors de l’épisode précédent.
Quelque temps après la défaite de Shinnok, le royaume de la Terre vit une paix toute relative alors que Raiden, corrompu par le médaillon Jinsei, décide de lancer un assaut contre Liu Kang et Kitana dans le royaume du Nether pour détruire leur forteresse. Aidé par Cassie Cage, Jacqui Briggs et Sonia Blade, la mission est un succès, mais un nouvel ennemi va faire son apparition des suites de cet ultime affrontement, la gardienne du temps Kronika.
Mère de Shinnok et de la déesse Cetrion, elle décide alors de redéfinir le présent en s’associant à Liu Kang et Kitana pour changer le passé et écrire une nouvelle histoire, celle qui aurait dû se dérouler sans les multiples interventions de Raiden. Pour ce faire, elle décide de créer des paradoxes temporels en faisant venir dans le présent des combattants du passé.
Comme à son habitude, NetherRealm a effectué un travail d’orfèvre sur le scénario, ainsi que sur sa mise en image. Le récit s’effectue via d’innombrables et magnifiques cut-scènes entrecoupées de combats, et s’il ne surprend pas, ou que trop rarement, il reste très prenant. On y incarne toujours différents personnages, avec même quelques passages à la Injustice 2 nous demandant de choisir entre deux héros pour disputer un combat. Cela n’apporte pas grand-chose, mais ça a le mérite d’être présent.
Dommage alors que la fin est si expéditive et mal amenée, même si elle réserve une surprise de taille, sans cela et malgré un récit cousu de fils blancs, les six heures demandés pour en venir à bout sont largement suffisant. Enfin, le fait de voir se confronter deux générations des mêmes combattants est un régal que tout fan de Mortal Kombat se devrait apprécier, cela permet la mise en place de blagues et autres clin d’œils des plus réussis.
C’est le Mortaaaaalllll Kombaaaaatttttt !
La campagne est aussi un bon moyen de découvrir le nouveau roster du jeu, accueillant d’anciennes têtes comme des nouvelles, on doit reconnaître ne pas être déçu par ce qui nous est proposé, même si on regrette l’absence de certains protagonistes. C’est varié et bien équilibré, on prend plaisir à découvrir les particularités de chacun des combattants, et il est bon de noter qu’ils possèdent tous forces et faiblesses uniques.
Malgré tout, les initiés ne devraient pas être trop dépaysés par le casting, surtout ceux qui ont sifflé comme il se doit le cru Mortal Kombat X. Les nouveaux personnages se comptent réellement sur les doigts d’une main, puisqu’on y trouve Cetrion, Geras, Kollector et Kronika, qui est non jouable malheureusement. Pour les trois autres, c’est plutôt pas mal, avec une petite affinité particulière pour Kollector, même si l’on doute que les vieux de la vieille, comme les néophytes, ne se détacheront pas des têtes connues de la licence pour jouer quotidiennement l’un de ceux-là.
Cependant, il ne faut pas non plus se croire en terrain conquis d’avance avec ce Mortal Kombat 11, car de nombreuses particularités de gameplay ont changé, bouleversant suffisamment le système de combat pour lui redonner un gros coup de boost.
Dans un premier temps, la course en avant a purement et simplement été supprimée et remplacée par un simple dash, ce qui implique des affrontements beaucoup plus frontaux entre les deux adversaires. Il n’est plus question d’échappatoire, ou très rarement, rendant ainsi les jouxtes plus nerveuses et tendues. Vient ensuite une autre disparition, ou tout du moins en partie, celle du X-Ray.
Renommé Fatal Blow, on ne peut utiliser cette technique destructrice qu’une fois par combat et seulement lorsque notre jauge de vie descend en dessous des 30%. On assiste alors a de véritables retournements de situation si bien utilisés, pouvant changer toute la physionomie d’un affrontement, et cela apporte surtout une petite dose de stratégie supplémentaire.
Dose que l’on retrouve d’ailleurs dans le changement radical opéré sur la jauge de Super. Initialement unique et composée de trois parties distinctes, elle se voit ici divisée en deux et l’une est destinée aux attaques spéciales surpuissantes et l’autre aux contres défensifs.
Il s’agit là tout simplement d’une petite révolution, puisque que cette dissociation entre attaque et défense apporte une finesse tactique insoupçonnée à Mortal Kombat, car il faut maintenant réfléchir à quand sortir un super coup amélioré ou quand contrer efficacement son adversaire au sacrifice d’une partie de sa jauge qui se recharge via un système de cooldown.
Le gameplay est très clairement le point fort de Mortal Kombat 11. Maîtrisé comme jamais il récompense les bons combattants et laisse bien moins de place à l’aléatoire. Les Fatalités sont bien évidement de retour, toujours aussi inventives et gores, alors que les brutalités sont aussi au programme. Clairement, cet épisode de par son réalisme et ses effets gores exagérés comme jamais n’est pas a mettre entre toutes les mains, tout comme les anciens d’ailleurs.
On en a pris plein les yeux et il est étonnant de voir ce que NetherRealm réussi a faire encore aujourd’hui avec un Unreal Engine 3 vieillissant. Les animations, la modélisation des combattants, les effets à l’écran, les arènes et leurs arrières plans, tout impressionne. MK 11 est aussi violent que beau, s’en dégage même presque une certaine poésie du gore dans laquelle l’immonde devient beauté aux yeux des profanes que nous sommes tant c’est parfois impressionnant.
Games of Loot
Mais lorsque l’on joue à Mortal Kombat 11, c’est aussi par appel du gain. Le loot, qui est un peu le nerf de la guerre de la série depuis le neuvième épisode, se voit ici encore plus précieux et mis en avant que jamais.
En effet, un gros côté role play principalement issu du dernier Injustice fait soin apparition dans cet épisode. Si on garde les trois variantes de styles de combat pour chaque personnages, on peut maintenant carrément créer les nôtres et en plus personnaliser l’apparence de notre combattant. On ne parle pas ici des très nombreux skins que l’on peut débloquer ou looter, mais bien des armes et du couvre chef – ou masques, bandanas, … – de notre avatar. Ce qui est intéressant, c’est que sur chaque objet on peut greffer certaines habilités aidant au combat et maximisant la puissance de notre champion. Dans les faits, tout ce système de personnalisation fonctionne franchement bien.
La plupart de ces objets se récupèrent d’ailleurs dans la célèbre Krypte. Toujours présente, elle nous propose cette fois de parcourir les terres désolées de l’île de Sheng Shung, que l’on rencontre dès notre arrivée, et est praticable à la troisième personne. C’est là, la seule réelle nouveauté, notre avancée se faisant toujours de la même manière qu’auparavant, en récupérant des items dégageant de nouveaux passages, en évitant les pièges et en terrassant les rares ennemis. Le fait est que cette Krypte propose quelques particularités, comme une forge nous permettant de crafter quelques trucs utiles ou encore la possibilité d’utiliser des consommables pour par exemple réduire le coût d’ouverture des coffres pour un temps.
Et tout ceci aurait été parfait si le système monétaire du jeu n’était pas si compliqué. On compte quatre monnaies différentes, les pièces d’or, les âmes, les cœurs et les kristaux du temps. Les trois premières permettent d’ouvrir des coffres dans la Krypte, et même quelques autres choses, et la dernière est a utiliser sur le shop du jeu. On en ramasse au compte-goutte et cela s’achète avec de l’argent réel, ceci servant à débloquer la plupart du temps des objets sans en passer par les coffres de la Krypte.
Cela complexifie vraiment trop une chose qui devrait être simple et rend laborieux l’obtention des récompenses. D’autant plus que dans ces coffres se trouvent aussi les secondes Fatalités des personnages, tout comme leurs Brutalités. On a même l’impression que tout cela est mis en place pour pousser les joueurs a sortir leur CB plutôt qu’a persévéré en jeu, alors que le shop n’offre finalement que des raccourcis de choses qu’il est possible d’avoir autrement, hormis pour Shao Khan si l’on n’a pas précommandé le jeu.
La Tour Mortal Infernale
Pour gagner les deniers nécessaires à l’ouverture des coffres de la Krypt, il nous faut donc disputer des combats. Si le mode campagne nous permet d’engranger quelques pécules, les reward les plus intéressants se trouvent dans les Tours du Temps.
Ces dernières sont temporaires et offrent les meilleures récompenses de Mortal Kombat 11. Le principe est simple, abattre un à un les adversaires composant les différentes tours. Rien de bien sorcier me direz-vous, mais ce serait oublier leur particularité, car si certaines sont plutôt simples, d’autres sont parfois atrocement difficiles.
La faute en revient principalement à l’élaboration même de ces tours qui proposent nombre de combats soumis à des malus. Il arrive souvent que l’on dispute un match sans pouvoir se baisse sous peine de finir empoisonné, de ne pouvoir parer les coups en même temps et en plus de devoir en finir avec notre adversaire sans subir aucun dégât. C’est frustrant et totalement à l’encontre de l’esprit Mortal Kombat, car ce qui se doit d’être des affrontements rageurs devient parfois terne. Si ce genre de chose était déjà présente dans l’épisode précédent, c’était bien mieux équilibré et par la même plus fun, surtout que là, ces malus, comme les missiles qui nous fondent dessus, ne touchent que nous, ce qui diffère de MK X.
Et pourtant, certaines tours proposent de beaux challenges et surtout de belles idées. Comme les combats proposant de s’allier à d’autres joueurs pour abattre un boss particulièrement retorse et de pouvoir utiliser des consommables notamment pour contrer certains malus, même si le système montre vite ses limites, car trop confus et bordélique. On en récupère surtout dans la Krypte et il est dommage que certains combats sont quasiment infaisables sans avoir le bon consommable contre le bon malus adverse.
Les Tours du Temps sont le meilleur endroit pour faire fortune et encore il faut se montrer très patient parce que là encore il y a un problème de taille, MK 11 est radin. Extrêmement généreux en ce qui concerne son contenu, il n’offre pas suffisamment d’outils pour y accéder sans que cela en devienne pénible et fastidieux, pas sûr que tout le monde ait la patience nécessaire pour tout débloquer. C’est fort dommage, car on a parfois souvent disputé de très bons combats dans ces tours, et d’un seul coup d’un seul arrive un fight à la difficulté totalement exagéré, il suffit juste d’équilibrer tout ceci et ça devrait le faire.
Par contre, Mortal Kombat 11 possède un mode multijoueur en local ou en ligne très solide. Les modes de jeu sont légion, avec le retour du célèbre Roi de la Coline qui a procuré tant d’heures de bonheur aux fans auparavant. Il est possible de jouer aussi bien pour le fun qu’en match classé, avec une création de lobby simple et efficace. Le mode Kompétitif empêche même les joueurs de s’affronter avec leurs avatars modifiés histoire qu’il n’y ait pas jaloux. Pas de soucis de connexion de notre côté – liés au multijoueur en tout cas – et de très bonnes sensations. Est-ce assez pour que Mortal Kombat 11 devienne un ponte de la scène e-sport ? sait-on jamais.
Mortal Konnexion
Avant de conclure, il nous faut tout de même prendre parler d’un point qui est loin de nous avoir ravie. En effet, Mortal Kombat 11 demande une connexion internet active même pour jouer en solo. Comprenez par là, qu’il ne demande pas d’être connecté pour faire la campagne ou disputer des versus en local, voire même pour effectuer les Tours Klassiques, mais pour ce qui est du reste, on se doit d’être connecté, sinon on ne peut y accéder.
Ce qui fait que par exemple nous n’avons pas pu débloquer la combattante Frost dès notre premier accomplissement de la campagne. Comme nous étions hors connexion lors de l’accomplissement des chapitres 4 à 8, Frost nous est passé sous le nez. Nous avons alors reconnecté notre PlayStation 4 et dû récupérer nos récompenses une par une dans un menu destiné pour, mais pas le personnage en question. Elle est finalement apparue comme par magie un beau jour sans que nous fassions rien pour.
Ceci n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les personnes ayant des connexions capricieuses par exemple. Si vous la perdez lors de l’accomplissement d’une Tour du Temps, tout devra être reprit du début, ce qui peut être extrêmement rageant et ce qui nous est déjà arrivé à cause d’une maintenance PSN. Enfin, puisqu’on en est à parler de nos regrets, pourquoi ô grand pourquoi les épreuves Test your Might ont disparu ? Une explication serait plus que nécessaire tant c’était devenu un incontournable de la saga.
Mortal Kombat 11 aurait pu être l’apothéose d’une trilogie de renouveau initié avec MK 9. Et en un sens il l’est, puisqu’aucun autre jeu de la licence n’a proposé un gameplay aussi léché et équilibré que le sien. La campagne est bonne, la Krypte agréable à parcourir, les options de personnalisation sont un véritable plus, et le jeu offre un contenu plus que généreux. Il propose aussi un multijoueur bien élaboré et aux modes de jeu pas innovants pour un sou, mais aussi efficace qu’un bon verre d’eau dans le désert.
Cependant, il peut aussi se montrer trop cruel avec le joueur, la faute a un écosystème économique complexe et a un mauvais équilibre au niveau des récompenses et de la difficulté rencontrée dans les Tours du Temps. Pourtant de très bonnes idées émanent aussi de ces dernières, comme le système de consommable, perfectible certes, ou encore l’articulation de certains combats demandant l’aide d’autres joueurs, voir d’une IA en tag battle.
Gore, brutal et d’une violence inouï, Mortal Kombat 11 est d’une beauté macabre et d’un réalisme aux effets exagérés à tomber à la renverse. Il ne manque finalement qu’une petite touche d’on ne sait quoi, juste un coup de polish en plus gommant les quelques défauts présents dans les rouages des systèmes du jeu pour qu’il devienne presque parfait. On l’aime, on l’adore ce Mortal Kombat 11, même s’il nous fait parfois très mal.