2K Games revient avec le très attendu Mafia III mais cette fois-ci en tant qu’éditeur. Pour trouver les développeurs qui se cachent derrière ce jeu, il faudra alors se tourner du côté de Hangar 13 qui n’est autre qu’un studio annexe de 2K Games, comme peut l’être Tokyo RPG Factory pour Square Enix à titre de comparaison.
Changeant complètement d’époque par rapport aux deux précédents épisodes, Mafia III s’attaque désormais à la guerre du Viêt Nam et si le fond semble parfaitement maîtrisé il semblerait que la forme n’ait pas bénéficié du même niveau de finition. Un report aurait-il été une bonne chose pour faire de Mafia III une expérience inoubliable ? Nous allons voir cela ensemble tout de suite via notre test de Mafia III sur PlayStation 4.
(Test de Mafia III réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Mafia III offre un enrobage tout juste au niveau
Comme nous avons un peu de retard sur l’écriture du test à cause d’une réception tardive du jeu, si vous ne l’avez pas encore acheté, vous avez sûrement dû tout de même entendre beaucoup de choses autour de celui-ci. Si vous cherchiez un défenseur du jeu pour vous convaincre de passer à l’acte d’achat, sachez que nous n’irons pas dans ce sens. Nous allons donc mettre les choses au clair dès à présent : Mafia III souffre d’un énorme problème de finition, un problème tellement grand, qu’on a du mal à savoir s’il s’agit d’un problème de finition, ou d’un manque de soin global apporté au développement, ce qui aura au final été irrattrapable.
C’est la première fois que je vois autant de bugs dans un même jeu. Voyons donc ensemble quelques petits exemples sympas. Il vous faudra apprendre à vivre dans un monde où la lumière du soleil fait parfois des petites « pauses », on se retrouve alors avec des fluctuations de luminosité hallucinantes alors que l’on reste planté au même endroit. Plus sympa encore, il vous arrivera d’accéder à un endroit en voiture, et au moment de repartir, vous retrouverez votre bolide deux pâtés de maisons plus loin. La gravité vous connaissez ? Eh bien dans Mafia III, de nouvelles lois concernant la gravité semblent être en vigueur, c’est pour cela qu’il ne sera pas rare de voir des PNJ se faire propulser vers le ciel sans aucune raison.
Allez, un petit dernier pour la route : lors des fusillades mais surtout lors des combats rapprochés, vous risquez d’envoyer quelques malfrats dans le décors… Le problème c’est qu’il ne sera pas rare du tout de voir vos assaillants fusionner avec les murs, ou encore de disparaître dans le sol comme par enchantement au moment de l’impact. On ne va pas tous vous les citer, mais voilà, sachez-le, il faudra composer avec un sacré paquet de bugs plus ou moins gênants et cela sans parler des soucis graphiques que nous allons évoquer tout de suite.
Le problème le plus flagrant en termes graphiques s’avère être les textures. Celle-ci sont très inégales et peuvent disparaître en un instant sans raison apparente. Le plus flagrant a été pour nous lors d’une course en voiture. Ballade nocturne à toute blinde, sol mouillé, jolis reflets jusqu’au moment ou toutes les flaques d’eau ont disparu, ne laissant alors qu’un sol terne et lisse, sans parler de l’éclairage de la rue qui n’arrêtait pas de s’allumer et de s’éteindre.
Malgré tout, quand tout va bien, le jeu n’est pas si moche que ça, il est même parfois plutôt beau, offrant alors de somptueux paysages nous plongeant complètement dans l’ambiance. Et heureusement pour Mafia III qu’il possède un scénario et une mise en scène absolument irréprochables car c’est ce qui évite clairement le naufrage total.
Le jeu vaut le coup rien que pour sa mise en scène
Lincoln Clay vient tout juste de rentrer du Viêt Nam, c’est le moment pour lui de retrouver sa famille et de reprendre sa vie en main après avoir connu les horreurs de la guerre. Malheureusement entre temps, le petit commerce de son père adoptif a connu quelques soucis, accumulant des dettes auprès de la mafia locale. Une chose en entraînant une autre et après une affaire très lucrative visant à rembourser les dettes familiales, Lincoln va être laissé pour mort au milieu des flammes dans lesquelles sa famille sera assassinée.
Le jeu commence réellement à partir d’ici et à partir de ce moment là, le seul but de Lincoln sera de se venger. La guerre ne l’a pas juste endurci, elle l’a complètement transformé. Il est devenu une machine à tuer et ceux qui l’ont laissé pour mort vont cruellement regretter de ne pas avoir fini le boulot correctement. Abordant différents thèmes importants à commencer par le racisme, le scénario ne laisse rien au hasard. Finis les affrontement entre mafieux, ici c’est un ange de la mort déchu nommé Lincoln Clay qui va leur faire la peau. Mais il serait dommage de réduire ce personnage à un simple bourreau puisqu’il se révélera bien plus profond qu’il n’y parait dans son écriture.
Apprendre à découvrir sa vie et son histoire a été un réel plaisir et Hangar 13 a placé la barre si haut à ce niveau qu’on pourrait presque dire que l’écriture de Mafia III frôle la qualité de celle d’un GTA V. Un gros travail a été réalisé sur l’ambiance et le contexte historique, ce qui nous vaut même quelques images d’archive très intéressantes pour illustrer certaines scènes. Si les bugs ne venaient pas nous rappeler à l’ordre ici et là, l’immersion serait absolument dingue.
Et c’est là qu’est tout le problème car Mafia III est un jeu qu’on a envie d’aimer, un jeu qu’on a envie d’adorer tellement l’histoire est géniale, intégrant des personnages tous plus charismatiques les uns que les autres… mais il y a toujours un défaut qui nous ramène sur Terre, nous sortant complètement du jeu. Cependant, le jeu mérite tout de même d’être fait pour ce qu’il a à offrir en termes de scénario et de mise en scène. Cela n’excuse pas ses défauts, mais lui donne une vraie raison d’être.
Être un criminel c’est pas aussi bien qu’on le croit
Pour l’instant nous sommes donc face à une réalisation médiocre d’un côté et une écriture frisant la perfection de l’autre : qu’en sera-t-il du système de jeu ? Eh bien après avoir eu droit à deux extrêmes il est temps de s’attarder sur un point beaucoup plus sujet à débat. Au service de la narration, le système de jeu nous immerge complètement dans son univers mafieux. Tout sera question de contacts, de relations, ou plus simplement de savoir s’associer aux bonnes personnes. Plusieurs alliés seront là pour nous prêter main forte, des alliés qu’il faudra convaincre de rejoindre notre camp.
Chanceux que nous sommes le grand méchant du coin semble insupporter la plupart des malfaiteurs de la ville. Mais une fois nos alliés recrutés, ils pourront nous rendre des services à tout moment sur simple appel de notre part. L’un nous fera livrer des armes, un autre des véhicules, et en cas de coup dur un autre pourra même nous envoyer un commando armé pour éradiquer un trafic en cours. Chacun de nos alliés évoluera en termes de prestation au fur et à mesure que le jeu avance et que nous démantelons les trafics du grand méchant de l’histoire. Malheureusement pour nous, 90% du temps il faudra répéter exactement les mêmes missions mais dans des lieux différents et des avec des trafics différents.
Un coup nous irons dans un entrepôt pour détruire la marchandise d’un trafic de drogue, et un autre nous irons dans ce même entrepôt pour de l’alcool. Sur le papier, démanteler chaque petit trafic pour atteindre celui que l’on souhaite tuer était clairement une super idée, sauf que dans la réalité les missions sont affreusement répétitives. C’est toujours la même méthode, toujours le même type de résolution et une fois qu’une mission est terminée on recommence et ainsi de suite jusqu’à la fin. La difficulté du jeu n’est d’ailleurs pas là pour rattraper quoi que ce soit puisque peut importe que l’on soit en facile ou en difficile, l’IA sera toujours aussi débile. L’infiltration est au cœur du gameplay, il est alors possible de tuer silencieusement ses cibles afin d’évoluer discrètement jusqu’à l’objectif.
Mais le problème c’est qu’avec une composante de type infiltration, il faut un game-design qui va avec, et là on est clairement face à un game-design fait pour les affrontements directs. Le problème avec cela, c’est que l’on a juste à se mettre dans un coin, siffler un coup (cela attire les ennemis 1 par 1) et tuer le premier qui se pointera. On recommence pour tous les ennemis sans bouger de notre position, bien planqué derrière une cloison ou un mur et le tour et joué. Aucune gratification n’en ressort et au final, c’est clairement décevant.
Mais tout n’est pas décevant, quelques missions sortent du lot, et à chaque fois il s’agira de missions plus « scénarisées » qui viennent s’intercaler entre les missions plus banales. Les missions dynamiques où l’on ne reste pas constamment au même emplacement, vous apporteront beaucoup de plaisir et de satisfaction, mais attention à bien les apprécier car ces moments sont éphémères. C’est d’ailleurs sur les missions les mieux scénarisées que le jeu parvient le plus à installer ses ambiances et ses éclairages très cinématographiques qui donnent une sorte de patte bien reconnaissable à Mafia III.
Cela est notamment visible dans le bayou lorsque la brume pointe le bout de son nez, mêlée aux éclairages des lampadaires. Un avis plutôt mitigé donc sur le système de jeu, et ce n’est ni les collectables, ni les missions secondaires qui viendront nous apporter du réconfort, et encore moins le système d’écoute nous permettant d’implanter des mouchards sur les lignes téléphoniques pour garder les méchants à l’oeil. Mon petit plaisir coupable reste cependant la conduite qui est plutôt bonne, très arcade bien entendu, mais dont les sensations sont vraiment bonnes. Mais c’est dommage de se rendre compte à un moment qu’il est plus plaisant de se faire une petite virée en voiture plutôt que de commencer une nouvelle mission…
Le test de Mafia III a été quelque chose de difficile car le jeu oscille entre le meilleur et le moins bon, il est rare de trouver un élément juste moyen. Faisant toujours le grand écart, Mafia III avance d’un pas quand il recule ensuite de deux. Offrant un scénario et une mise en scène de haut vol, il est des plus plaisant de suivre Lincoln Clay dans sa vendetta personnelle.
Malheureusement on n’arrive jamais vraiment à s’immerger complètement dans ce jeu qui avait tant à offrir, la faute à des bugs en surnombre, une IA aux fraises, et des missions beaucoup trop répétitives. Hangar 13 avait de quoi nous offrir une expérience inoubliable, mais celle-ci s’effacera bien vite de nos mémoires. Il ne reste plus qu’à espérer des patchs correctifs pour pouvoir profiter des DLC dans de meilleures conditions, mais dans tous les cas, un report de la sortie aurait été bien bénéfique à l’égard du résultat final.