Bien qu’elle constitue un édifice important dans le paysage cinématographique, et qu’elle ait inspiré bon nombre d’autres oeuvres (les jeux Rage et Borderlands, la série manga Hokuto no Ken…), la licence Mad Max n’aura curieusement connu qu’une seule et unique adaptation vidéo-ludique, sur NES en 1990. L’arrivée d’un nouvel épisode cinéma, Mad Max: Fury Road, divertissement nerveux et efficace en dépit du charisme anémique de son personnage principal, n’a pas manqué de donner naissance à un jeu vidéo, qui, pourtant, n’est pas l’adaptation du film en question. Dès lors, il est raisonnable de craindre, comme c’est bien souvent le cas, d’avoir affaire à un jeu pondu à la va vite histoire de surfer sur le succès du film. Ceci dit, on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, pas vrai ? Alors penchons-nous d’un peu plus près sur ce qu’a à nous proposer ce Mad Max fraîchement débarqué…
Mad Max : post-apocalypse now
Il est libre, Max
Pour les ceusses d’entre vous qui n’auraient jamais entendu parler de Mad Max, peut-être serait-il bon de commencer par un rapide retour sur le contexte général de la série, étant donné que le jeu qui nous concerne, s’il n’est la retranscription d’aucun des quatre films, en reprend néanmoins l’univers global. Le background est celui d’un monde désertique post-apocalyptique, dans lequel tous les repères sociétaux et moraux se sont effondrés, et où la survie est devenue un enjeu quotidien, ce qui ne manque pas de faire remonter à la surface les instincts les plus primitifs et néfastes de la psyché humaine. On assiste alors à l’émergence inévitable de clans plus ou moins organisés et barbares, et les guerres pour les dernières ressources de la Terre font rage constamment entre les différentes factions, faisant des faibles et des honnêtes des cibles de choix pour la violence débridée des chefs de meutes et de leurs armées. Au sein de cet univers assez dystopique, la série (ainsi que le jeu) se centre sur « Mad » Max Rockatansky, ancien flic ayant plus ou moins franchi la délicate frontière entre raison et folie suite au meurtre de ses êtres aimés. Au début du jeu qui nous intéresse aujourd’hui, Max se retrouve pris à partie par un de ces groupes de pirates de la route, mené par nul autre que le fils d’Immortan Joe, le bad guy principal du film Mad Max: Fury Road, et accessoirement, un taré de première. Soulagé de toutes ses possessions (y compris de son précieux bolide), Max parvient à retrouver ses assaillants, mais finit néanmoins abandonné en plein désert, avec un chien blessé comme cadeau d’adieu. Peu après, Max rencontre un mécano bossu bien informé qui deviendra son allié, mais surtout, qui projette de construire un monstre mécanique, la Magnum Opus, qui n’en est ceci dit qu’au stade d’ébauche. C’est là le début d’une aventure longue et périlleuse, que nous vous laisserons découvrir par vous-même.
Max puissant
On l’a dit plus haut : dans Mad Max, tout est question de ressources. Et celles-ci s’avèrent plutôt maigres. Le pétrole est l’objet de toutes les convoitises dans ce monde désertique où les véhicules sont rois (nous y reviendrons), mais la ferraille et l’eau sont également des denrées rares, bien que nécessaires à la survie. Ce seront là des éléments à prendre en compte si vous décidez de vous lancer dans l’aventure, et l’observation, ainsi que l’envie de fouiner dans les moindres recoins, devront être des qualités à développer si vous tenez à la vie. Ce réflexe fureteur, vous l’avez déjà acquis dans d’autres jeux tels que Borderlands, et il va s’agir de le réactiver ici. Heureusement, le jeu vous indique souvent, sur votre map, et pour peu que vous ayez observé les alentours de loin au préalable à l’aide de vos jumelles, les poches de décharges et autres petits campements dans lesquels il sera possible de ramasser du matos vital. On pensera de ce fait à une sorte d’Assassin’s Creed version post-apo, et la comparaison avec la célèbre série d’Ubisoft ne s’arrête pas là. On retrouve également le même feeling que dans la série lors des combats au corps à corps. L’univers de Mad Max étant assez pauvre en munitions, il va s’agir de les économiser, ce qui implique de se débarrasser de la piétaille à grand coups de latte dans la tronche plutôt qu’en défouraillant à tout va. Vous êtes souvent confronté à des adversaires multiples, et outre l’esquive bien pratique, la meilleure solution reste encore le bouton de contre, qui permet d’enchaîner les combos si le timing est correct. Un gameplay proche de celui d’un Assassin’s Creed, vous l’aurez compris, ou d’un Batman, et donc efficace et jouissif même si l’originalité n’y est plus. Notez qu’une fois vos ennemis terrassés, vous aurez la possibilité de les fouiller pour espérer glaner quelques menus objets nécessaires à la survie.
L’aigle de la route
Mais l’univers Mad Max, que ce soit en film ou en jeu vidéo, accorde également une grande importance aux véhicules de toutes sortes. Pour se déplacer de point en point parmi les immensités désertiques et les canyons gigantesques qui composent le paysage, la locomotion est cruciale, d’où les luttes sanguinaires pour l’essence et le pétrole. Un jeu dédié à Mad Max ne pouvait se permettre de négliger cet aspect, et de fait, la notion de véhicules représente bien la moitié du carnet des charges. Et si vous débutez le jeu avec un squelette automobile branlant, vous allez pouvoir la customiser au fil du jeu, en lui ajoutant des harpons, des herses protectrices, des armes latérales, du blindage… La liste est longue, à vous de modeler cette Magnum Opus selon vos désirs pour en faire un véritable monstre de guerre. Car ces améliorations ne s’adressent pas uniquement au plaisir des yeux. Les combats impliquant les véhicules accaparent une grande part du gaming, et vous aurez souvent à repousser les assauts des gangs motorisés ou à investir leurs forteresses pour les affaiblir et vous attribuer leurs possessions. Hé oui, la survie, c’est pas fait pour les faibles. Les joutes en véhicules sont généralement brutales, palpitantes et nerveuses, on se croirait parfois dans Mad Max: Fury Road, ça hurle et explose de partout, et vous avez même la possibilité de concentrer votre tir, donnant lieu à une phase au ralenti, pour viser le point faible d’une voiture ou d’un camion, histoire de le réduire en cendres le plus rapidement et le plus efficacement possible (notez d’ailleurs que la Magnum Opus ne sera pas votre seul moyen de transport au cours du jeu). Et c’est compter sans les terribles tempêtes de sable, magnifiquement rendues, qui viendront semer le trouble dans ces conflits bien humains, en vous pourrissant la vie ou bien en vous sauvant généreusement la peau, cela dépendra du moment de leur apparition.
Riche et fidèle, c’est possible
À présent que Mad Max nous a rassurés quant à son gameplay et à sa fidélité à l’oeuvre de George Miller (le réalisateur des quatre films), reste à étudier le rendu technique et le contenu. La direction artistique est excellente, en dépit d’environnements nécessairement tous désertiques, et l’animation ainsi que les éléments graphiques (certains panoramas sont réellement sublimes) et sonores nous plongent efficacement dans la violence et la brutalité de ce monde post-apocalyptique, dans lequel chaque ressource compte et où chaque rencontre s’avère potentiellement dangereuse. Sur ce point encore, les diktats érigés par la série cinématographique sont respectés. Quant au contenu, vous l’aurez compris, Mad Max est un jeu vaste, consistant, riche, épaulé qui plus est par un bon nombre d’éléments encyclopédiques relatifs aux véhicules, aux divers gangs, ou à la série dans son ensemble. Merci Avalanche Studios pour cette production immersive à souhait. Alors, bon, après, le jeu n’est pas parfait, on s’en doute ; les missions secondaires, notamment, ne sont pas toujours bien palpitantes, et la trame principale en elle-même manque de profondeur, mais si vous avez vu les quatre films, souvenez-vous qu’aucun n’a jamais brillé pour son scénario considérablement élaboré. Leur intérêt résidait plus dans leur univers cohérent et parfois cruel que dans leur finesse d’écriture, et c’est ce que retranscrit avec exactitude le jeu qui nous intéresse aujourd’hui. On fermera donc les yeux sur les défauts minimes dont il souffre par moments pour accueillir avec reconnaissance cette oeuvre fidèle à ses modèles, qui sait se démarquer avec brio de la tendance (trop) fréquente consistant à accoucher d’un jeu bâclé pour accompagner la sortie en salles d’un blockbuster.
Conclusion de Mad Max
Une bien bonne surprise que cette adaptation réussie d’une licence cinématographique ; c’est loin d’être toujours le cas. Mad Max est un open world de poussière, de fureur et d’acier, qui fait parfaitement honneur à l’esprit des films qui l’inspirent. L’aventure est longue, variée et solidement documentée, le gameplay efficace même s’il ne révolutionne pas le genre, et le rendu technique très réussi. Un complément parfait pour qui apprécie la série, même si, comme elle, le jeu ne brille pas par la profondeur de son scénario. Du beau boulot de la part des auteurs de Just Cause, dont le troisième épisode vous sera prochainement proposé en test sur New Game Plus.
Toujours pas convaincu (ce qui serait surprenant) ? Alors le site officiel du jeu vous tend les bras.