Après un retour remarqué en 2018 avec l’épisode Wet Dreams Don’t Dry, Larry Laffer revient en cette année 2021 aux affaires avec une suite que l’on nous promettait comme le parfait prolongement de l’expérience proposée il y a trois ans. Leisure Suit Larry: Wet Dreams Dry Twice affiche donc de belles prétentions et entend pérenniser le virage moderne opéré avec l’épisode précédent, sans pour autant perdre au passage celles et ceux qui aiment le ton décalé, joyeusement graveleux et totalement kitsch de la saga.
(Test de Leisure Suit Larry: Wet Dreams Dry Twice réalisé à partir d’une version Nintendo Switch fournie par l’éditeur)
Le voilà donc de retour, notre Larry Laffer adoré et aimé de tous les amateurs de blagues graveleuses, salaces et politiquement incorrectes. Il faut bien dire que la création d’un tel personnage de nos jours ne passerait aucunement inaperçue et attiserait bien des polémiques, même si finalement, il est bien plus tourné en ridicule qu’autre chose, et ce alors qu’il réussit tout de même à enchaîner les conquêtes.
Inimitable et kitsch à souhait, Larry est un peu celui qui se rêve beau et fort, alors qu’il est petit et gringalet, sans pour autant que cela n’entache la confiance qu’il porte envers sa propre personne. On peut facilement le juger comme étant un dragueur invétéré, un obsédé sexuel, ou encore un maladroit, beauf et totalement à côté de la plaque. Dans Wet Dreams Don’t Dry, il ne comprenait rien aux enjeux et si cela prêtait à sourire. On se demande encore s’il était conscient de son impact sur les choses qui l’entourent.
Le récit de Leisure Suit Larry: Wet Dreams Don’t Dry Twice reprend donc directement après les événements narrés dans l’épisode précédent, alors que notre héros (au charme aussi ravageur qu’une enclume rouillée échouée sur une plage) est destiné à se marier à la plus belle femme sur l’île de Cancún, femme qu’il n’a d’ailleurs jamais rencontrée. On le retrouve donc à s’affairer à l’organisation du mariage, mais forcément, tout ne va pas se passer comme prévu et avec l’aide de PI, l’intelligence artificielle habitant son smartphone, il va une nouvelle fois devoir prouver sa valeur et devenir le héros que personne n’attendait.
C’est l’histoire d’un mec
Et quand on dit que tout ne va pas se passer comme prévu, on parle là du retour de Faith qui a envoyé un fichier à Larry après l’explosion de la villa à la toute fin du dernier jeu. Autant dire que si vous n’avez pas terminé ce dernier, vous n’allez pas comprendre grand-chose à l’intrigue de ce nouvel épisode, même si à force de persévérance et en écoutant bien tout ce qui se dit, vous vous y retrouverez au bout d’un moment.
Toujours est-il que ce mystérieux fichier maintenant décodé par PI va pousser Larry à rechercher sa bien-aimée, car il en est éperdument amoureux. Direction exploration sur l’archipel entier de Kalau’a qui est composé de cinq différentes îles, chacune ayant des particularités propres. Attendez-vous donc à un peu de dépaysement avec cette suite, en tout cas bien plus que dans Wet Dreams Don’t Dry, à défaut de se montrer novateur sur d’autres points.
En effet, rien ou presque n’a changé ici. On se retrouve toujours à devoir résoudre des énigmes retorses pour progresser ou encore devoir discuter avec quelques PNJ totalement timbrés, et récupérer ici et là quelques objets insolites pour les combiner avec un résultat parfois incroyablement improbable. Pas de révolution, peu d’évolution, mais un rythme plus maîtrisé, des énigmes bien mieux pensées et surtout une ambiance toujours aussi kitsch. Le tout agrémenté de dialogues savoureux, épicés et ringards qui nous ont tout de même convaincus de la pertinence de cette suite.
Home Suit home Larry
Vous l’aurez compris, si vous avez fait le reboot, vous ne serez ici en aucun cas dépaysé. On y retrouve les features plus amusantes, comme l’application de rencontre Timber (parodie de Tinder) ou encore Instacrap (Instagram) qui immortalise nos ébats avec nos différentes conquêtes, et il y en a quelques-unes et pas des moins farfelues, de la directrice d’un hôtel supposément luxueux à une exploratrice de ruines perdues et dangereuses.
Ce nouvel épisode se veut plus varié dans les décors qu’il offre. Un hôtel cinq étoiles, des ruines étranges, un village tribal ou encore les profondeurs sous-marines seront alors vos terrains de jeu. Et s’il se veut bien plus linéaire que son prédécesseur, ceci n’empêchant pas d’innombrables allers-retours, il n’en demeure pas moins bien plus riche visuellement, chaque tableau fourmillant d’un nombre incroyable de détails, mais aussi plus convaincant sur la durée, même si en toute fin de jeu, cela traine un peu en longueur.
On a certes toujours un peu de mal avec la refonte graphique effectuée avec Wet Dreams Don’t Dry, mais on reconnaît qu’avec le contexte des îles tropicales à visiter, le côté cartoon est un peu plus pertinent. Larry Laffer n’a quant à lui pas changé d’un iota, et là encore, on a eu du mal, mais nous nous y sommes fait et avons réussi à faire le deuil de notre bon vieux modèle à l’ancienne. D’autant plus qu’il est évident que cette direction artistique animée est aussi là pour faire passer la pilule du trop vulgaire. Cela adoucit quelque peu la chose, car c’est coloré et chatoyant, même parfois assez psychédélique.
On aurait peut-être aimé aussi un poil plus d’ambition pour l’aventure elle-même, car si elle dure une petite dizaine d’heures, ce qui est vraiment pas mal pour le genre, elle ne vit réellement que de par sa galerie de personnages loufoques et ses dialogues croustillants. Côté gameplay, on fait très vite le tour et une fois que l’on a compris les quelques mécaniques absurdes du jeu, on parvient sans trop de mal à progresser, même si bloquer sur quelques énigmes retorses fait aussi partie du concept.
Il n’est pas rare que l’on se retrouve avec tellement d’objets dans sa besace que l’on se perde nous-mêmes avec ce que l’on peut en faire. Il y a tellement d’informations présentes dans les différents tableaux, tellement d’objets avec lesquels interagir que cela en devient parfois trop. À tel point que l’on se prend à essayer des choses au hasard et devinez quoi, cela marche même, quelquefois. Heureusement alors qu’une option pour nous permettre de mettre en lumière les points d’interaction existe, car sans cela, ce serait peu évident de s’y retrouver à certains endroits.
Mais somme toute, Leisure Suit Larry: Wet Dreams Don’t Dry Twice n’est pas insurmontable pour qui connaît et aime les point’n click des années 90, car s’il est affublé d’un habillage moderne, le jeu reste un pur produit de cette folle décennie. Voilà pourquoi certains ne pourront pas s’y attarder, alors que d’autres y plongeront tête la première sans demander leur reste. Clivant, mais terriblement efficace finalement.
De même que pour nous autres trentenaires, les références faites à la pop culture des années 80-90, voire après, nous ont satisfaits au plus haut point. Qu’elles soient visuelles, parlées ou même suggérées, elles ne sont jamais en trop et participent à l’ambiance de l’aventure. N’oublions pas que Larry est un voyageur du temps et qu’il a débarqué directement des années 80 sans trop savoir pourquoi au début de l’opus précédent. Il est donc lui-même une sorte d’objet de nostalgie pour tous ces joueurs qui l’ont découvert il y a maintenant plus de trente ans.
Enfin, pour la petite histoire, nous avons testé le jeu sur Nintendo Switch et si c’est forcément moins ergonomique que sur PC, nous n’avons rien à redire de cette version qui tourne et se joue bien. Aucun souci de lisibilité, et ce, même si nous n’avons droit qu’à de la VOSTFR (doublage anglais ou allemand), ce qui n’est pas pour nous déplaire, et que les différents tableaux sont parfois très chargés. Et on vous l’affirme d’autant plus que nous avons pratiqué le jeu surtout en mode nomade.
Leisure Suit Larry: Wet Dreams Don’t Dry Twice est le digne successeur de son prédécesseur et s’impose comme un bon point’n click à l’ancienne avec des spécificités bien propres. Humour graveleux, héros beauf et obsédé sexuel, direction artistique très osée, on retrouve bien tout ce qui fait le sel d’un épisode de la célèbre licence. On place même cette suite au-dessus de son prédécesseur, car mieux rythmée, et parce qu’aussi plus cohérente dans la progression de l’aventure.
Alors certes, si l’on n’est pas sensible à l’humour décalé et salace du titre, il ne sert à rien d’y toucher et mieux même ne pas s’en approcher au risque de faire une overdose de mauvais goût. Oui, car reconnaissons-le aussi, nous sommes ici dans le royaume de la luxure et du mauvais goût, du kitsch et de la misogynie, et même s’il faut prendre tout ça au vingtième degré, on peut comprendre aussi que tous n’y arrivent pas.