JoJo’s Bizarre Adventure, c’est une série fleuve forte de 113 tomes et toujours en cours de publication, qui a vu le jour en 1986 et est considérée comme un des tout meilleurs mangas au monde. Face à une telle popularité, il est curieux de constater que la saga n’ait connu que si peu d’adaptations vidéo-ludiques, en comparaison d’autres œuvres japonaises appréciées telles que Dragon Ball ou Naruto. On retiendra notamment un excellent épisode sur PlayStation 2, ainsi que le All-Star Battle il y a deux ans, qui nous avait laissé un sentiment assez mitigé. Le moment est donc venu de découvrir si ce nouvel opus, JoJo’s Bizarre Adventure: Eyes of Heaven, a su s’affranchir des défauts de son aîné, ou s’il plonge à nouveau dans les mêmes travers.
JoJo’s Bizarre Adventure: Eyes of Heaven, du mieux, mais aussi du moins bien…
Un scénario inédit !
La première remarque que l’on peut faire concernant JoJo’s Bizarre Adventure: Eyes of Heaven lorsque l’on se lance dans le mode Histoire est une note positive. De fait, contrairement à ce que propose la majeure partie des jeux adaptés de mangas (à commencer par l’épisode précédent de JoJo), il n’est pas question ici de retracer, avec plus ou moins de précision et d’ellipses, le déroulement du manga et des animes, mais plutôt de prendre part à un scénario original, dont la conception a été supervisée par l’auteur en personne. On y retrouve celui qui, à mon propre avis qui n’engage que moi, constitue le personnage le plus charismatique de la série, Jotaro, et cet épisode inédit fait directement suite au troisième arc de la saga, Stardust Crusaders (qui est lui aussi mon préféré de tous), après la victoire de notre héros et de ses camarades face au terrible vampire DIO. A peine le temps de souffler : voilà qu’ils se font assaillir par d’anciens compagnons et ennemis, pourtant tombés au combat ! Nous n’en dirons guère plus ici, afin que chaque amateur de la série puisse découvrir par lui-même les tenants et aboutissants de ce scénario original, mais sachez que son développement impliquera des voyages à travers les époques, l’espace et des univers alternatifs, ainsi qu’un Cadavre Sacré, ce qui vous amènera à rencontrer la plupart des figures bien connues du manga.
On apprécie donc cette initiative trop rare, permettant notamment de faire se rencontrer des persos de différentes époques / arcs pour le plus grand plaisir des fans, et on l’apprécie d’autant plus que, ceci mis à part, le contenu s’est un peu appauvri depuis le jeu précédent, hélas. Exit la possibilité de revivre les différents arcs, qui aurait quand même pu être présente en sus du scénario inédit, même si, dans le titre précédent, nous avions trouvé ce mode bien trop léger et résumé (mais en même temps, la série est tellement conséquente, difficile de ne pas faire des choix de coupes).
Du bon et du bof niveau contenu
Exit aussi le mode spécial qui permettait de traquer des boss, qu’ils soient contrôlés par l’IA ou par d’autres joueurs. Ce qui nous laisse avec simplement les usuels matchs en versus online, et les combats arcade en local, mais juste contre l’IA. Un peu léger. Bon alors certes, on a également droit à une galerie ainsi qu’à un magasin pour personnaliser son personnage, mais rien de bien transcendant. Mentionnons quand même le Glossaire, véritable encyclopédie évolutive sur l’univers de JoJo’s Bizarre Adventure, entièrement traduite en français et divisée en fonction des différents arcs, une aubaine pour les fans de la licence ainsi que pour les nouveaux venus désireux d’en apprendre plus sur tel ou tel personnage, lieu, technique spéciale… Par contre, le rendu est rudement austère, uniquement textuel, sans quasiment d’images pour accompagner les descriptions ; ça n’aurait pas coûté grand chose de rendre la chose plus attrayante à l’oeil, mais bon… Voilà pour ce petit tour d’horizon sur le peu de choses que propose le jeu, rabattons-nous donc à nouveau sur le gros morceau : le mode Histoire.
Entre chaque combat, et c’est également un point positif à mes yeux, vous aurez l’opportunité de naviguer à votre guise dans le stage (ne vous y trompez pas, par contre, on n’est pas dans GTA ; ces niveaux sont très limités en termes de taille), et ainsi, de parler à d’autres personnages, de rejouer certains combats passés, de lancer des événements spéciaux, de changer de stage, de participer à des combats spéciaux contre des adversaires terriblement coriaces, lesquels sont même scénarisés pour plus d’immersion… Tout ceci confère au jeu un aspect assez inusuel dans un titre de combat, où le scénario passe généralement à la trappe, cela méritait donc d’être mentionné et applaudi, d’autant que ces interludes viennent un peu rajouter de la durée de vie à Eyes of Heaven pour compenser le manque de diversité des modes de jeu.
HA TATATATATATATATATAAA !
Et puis, bien évidemment, une fois tout ceci exploré comme il se doit, on passe au nerf de la guerre : les combats. Là encore, bonne surprise dans ce nouveau volet : les affrontements se déroulent désormais à 2 contre 2, et les arènes de combat sont bien plus ouvertes que dans d’autres jeux de baston, donc vous devrez parfois courir après votre adversaire ou rejoindre votre camarade à l’autre bout du niveau pour le sortir d’une situation délicate (heureusement un lock est présent). Excellente idée, mais par contre, son exécution est vraiment chaotique de prime abord, on se demande parfois qui frappe qui et où est l’adversaire, et on se retrouve parfois à tomber d’un toit parce qu’on était un peu pris dans le fight et qu’on a loupé son saut. On s’y habitue à force, mais l’absence d’un mode tutoriel dans le jeu constitue un manque certain, ne permettant pas de s’entraîner calmement avant de plonger dans la mêlée. Un peu dommage. Chaque combat est introduit par une petite cinématique adaptée à chaque personnage en présence, et ensuite, on se retrouve plongé dans le feu de l’action.
On appréciera alors la vivacité plus grande des personnages que celle de All-Star Battle, bien trop pataude, mais par contre, le gameplay est un peu basique, et le button-mashing reste souvent de mise comme dans le titre sus-mentionné. On frappe, on frappe, on frappe, et ça déclenche automatiquement un combo spécial, alors pourquoi se casser le noeud à essayer d’autres approches ? Il y a bien une liste de coups spéciaux renvoyant aux différentes attaques présentes dans la série, et qu’il est possible d’activer en appuyant sur L1 et un autre bouton prédéfini, mais le procédé est assez abscons, et le bourrinage bien bas du front s’avère souvent nettement plus payant. Mentionnons quand même les attaques spéciales en duo une fois remplie une jauge de puissance, plutôt sympa à exécuter. Il est également possible de saisir et lancer des objets du décor grâce à son Stand (ces incarnations fantomatiques qui vous viennent en aide ou vous protègent, et qui font tout le piment de la série JoJo’s Bizarre Adventure), et ça c’est cool.
Derniers points positifs et négatifs
Par contre, autre bémol constaté aussi bien dans Eyes of Heaven que dans son prédécesseur : la plupart des quelques 50 personnages jouables ici se manient quasiment de la même manière, contrairement, par exemple, à un Guilty Gears Xrd – Revelator, qui avançait un roster réduit de moitié par rapport au titre qui nous intéresse aujourd’hui, mais dans lequel chaque guerrier offrait une expérience unique de maniement. Passons… A la fin de vos combats, vous aurez accès à un arbre de compétences typiquement RPG et propre à chacun des combattants, dans lequel, en investissant des points de compétence gagnés au combat, pour pourrez améliorer vos aptitudes ou acheter des attaques spéciales à utiliser avec L1 comme évoquées plus haut. Encore un élément rarement présent dans un jeu de frappe, et ça fait bien plaisir (même si, pour compléter la totalité de vos arbres, vous risquez d’y passer un sacré bail, du fait que les points de compétence ne tombent pas à la pelle).
Et puis, pour aborder l’aspect technique avant de nous quitter, on appréciera la fluidité de l’animation, les musiques bien entraînantes sans pour autant envahir la bande-son, les voix japonaises avec les attaques si reconnaissables, mais surtout, les graphismes colorés en cel-shading bien gras qui renvoient directement au genre manga, ainsi qu’à l’oeuvre originale, puisque chaque style (cette oeuvre a pas mal changé visuellement au fil de ses 30 années de carrière) est parfaitement représenté, et s’harmonise impeccablement avec les autres. Les fans de la saga JoJo’s Bizarre Adventure sauront apprécier l’effort pour restituer au mieux l’esprit de la série.
Conclusion de JoJo’s Bizarre Adventure: Eyes of Heaven
Cette nouvelle itération vidéo-ludique de JoJo’s Bizarre Adventure souffle le chaud et le froid. En proposant un scénario inédit à parcourir en solo, il permet au joueur de poursuivre l’aventure de ses personnages préférés, et la galerie évolutive ainsi que le Glossaire complet raviront les amateurs ; mais l’absence de modes de jeu plus variés (et notamment d’une option pour revivre l’histoire de la série entière) constitue une tare conséquente. De même, les combats en duo ainsi que les phases d’exploration sont un plus, mais la confusion règne parfois lors des combats, et un tutoriel constamment accessible aurait été bienvenu. Reste que JoJo’s Bizarre Adventure: Eyes of Heaven saura contenter les fans de la licence de par son fan-service assumé ; mais il risque aussi de laisser les profanes sur le bord de la route… A vous de décider ce que vous attendez d’un jeu de combat, et si vous connaissez l’oeuvre originale, de déterminer si cette adaptation est à la mesure de votre passion.