Depuis maintenant quelques années, le studio responsable de la série Pokémon tente de creuser à l’extérieur de sa franchise la plus célèbre. Si ces derniers ont par moment réussi à nous convaincre avec quelques titres sympathiques voire intéressants (HarmoKnight si nous devions en citer un ici), ce n’est pas le cas pour d’autres (Tembo the Badass Elephant).
Giga Wrecker Alt. est le nouveau projet de GameFreak. Nouveau, faut encore le dire vite… C’est en fait le portage d’un jeu déjà sorti en 2017 sur PC et qui est passé un peu à la trappe à sa sortie, n’attirant au final que peu l’attention. Seulement, Pokémon a maintenu son cap et ces derniers temps, le studio continue d’attirer les regards, un moment opportun pour offrir à son puzzle-platformer manga post-apo une seconde chance. Alors, que vaut Giga Wrecker Alt. sur Switch ? Le titre a-t-il enfin ce qu’il faut pour permettre à une nouvelle franchise de décoller ? C’est ce qu’on va voir.
De l’imagination à foison
Vous êtes Reika, une jeune étudiante japonaise comme beaucoup d’autres… Enfin, oui et non. Pas comme les autres, vous êtes maintenue captive dans une petite cellule et la race humaine a été rasée de la planète pas des robots autonomes, les Ajiths. Seule une poignée de survivants se cache dans les décombres ou est gardée en cellule afin de servir d’esclaves ou de sujet d’expérience.
Triste histoire… Mais elle ne va pas tarder à empirer puisqu’au cours d’une attaque, la sécurité de votre abri va être brisée par une autre jeune fille, décidée à vous tuer afin de sauver le reste de l’humanité. Blessée et à l’article de la mort, un dernier survivant se présente et vous offre une seconde chance… Le prix à payer ? Vous allez partager votre ADN avec celui de ceux qui vous maintenaient captive. Dès lors, vous pouvez utiliser les nanomachines qui composent vos ennemis et vous mettre en quête de retrouver votre assaillante et de botter les fesses mécaniques de vos ennemis.
Dans les faits, Giga Wrecker Alt. est donc un puzzle-platformer inspiré du style metroidvania. Chacune des salles que vous allez traverser est en fait un puzzle que vous devez résoudre en utilisant la physique du jeu. Pour y parvenir, Reika va devoir faire appel à ses nouvelles facultés, elle peut à présent contrôler des nanomachines afin de matérialiser des outils ou des armes. Ces dernières présentes sous de nombreuses formes vous permettront de franchir des obstacles en cassant, tranchant ou en créant des plateformes, compétences que vous pourrez trouver en visitant les différents biomes du jeux et en tuant les boss.
Mais pour pouvoir utiliser vos talents, il va vous falloir des ressources puisqu’il n’y a pas des nanomachines dans tout les coins. Et la force de Giga Wrecker Alt. réside ici, tout ce dont vous avez besoin est au sein même de la pièce, aussi bien dans les décors que sur les ennemis. Il vous faudra donc comprendre l’ordre dans lequel opérer afin de franchir vos obstacles, qu’il s’agisse d’éléments du décor, de mécanismes à activer ou d’ennemis à vaincre. Seulement, divers objets seront également présents pour vous en empêcher, aussi bien scies, que gouffres, lits de piques, canon… Bref, il va falloir utiliser votre matière grise.
Court-brouillon ?
« Wow ! Mais ça sonne trop bien ! » Ah oui, c’est clair ! Sur le papier en tout cas, c’est génial. Mais une fois manette en main, on découvre rapidement les problèmes de ce Giga Wrecker Alt.. Effectivement, le soft souffre de bien des défauts et autant le reconnaître tout de suite, pour beaucoup, c’est une balle qu’il se tire lui-même dans le pied. Déjà, les contrôles. Reika est, comme on le dit dans le métier, une savonnette. Elle glisse partout et c’est une véritable horreur.
Le jeu est assez rapide dans ses phases de plateforme et certains puzzles vous demandent de la réactivité afin d’en venir à bout. Autant le dire, il est très difficile de le faire quand votre personnage glisse sur le sol et quitte régulièrement la plateforme pour virevolter dans un gouffre. Ajoutons en plus que la gestion des sauts est imprécise au possible, résultant souvent dans des atterrissages à des endroits imprévus. Couplez ça ensuite avec un atterrissage sur un ennemi et observez comme Reika rebondit pour mieux retomber dans un gouffre ou un lit de pointes et là, on est bien.
« Bon, la partie plateforme de « puzzle-platformer » est pas très OP, on a compris. Mais les puzzles alors ? » Franchement, on vous laisse juger. Les puzzles s’appuient sur la physique. Le jeu attend de vous que vous trouviez la solution aux problèmes qu’il dresse sur votre chemin. Si dans bien des cas, il en existe plusieurs, dans la pratique, on est loin des résultats escomptés.
Effectivement, Giga Wrecker Alt. ne rendra pas toujours grâce à votre train de pensée, la faute à des schémas de destruction et de découpe assez hasardeux. Il vous faudra donc souvent recommencer le même puzzle, parfois des dizaines de fois, au biais d’un portail situé à chaque salle. Dieu merci, ils sont là eux, enfin, ça prend quand même un certain temps de recommencer, après tout, mourir, ce n’est pas assez pénalisant. Pire encore, la physique semble même s’emballer à certains moments. Quand les choses s’accélèrent,votre héroïne traversera parfois tout naturellement le sol sur lequel elle s’appuie…
Et là, encore un point qui aurait dû être bien meilleur : la caméra. Oui, elle aussi s’en mêle… Il faut savoir que ce titre de GameFreak présente quand même de belles grandes salles. Probablement une allégorie de ce combat d’une caste humaine détruite face à une armée géante et organisée de robots autonomes, par moment, le soft tentera d’ailleurs de vous rappeler l’échelle de votre combat en zoomant et dézoomant au gré de vos pérégrinations. Si par moment, c’est très bien amené, à d’autres, c’est beaucoup moins sympa et en particulier en nomade. Oui parce que, il faut le dire, l’action devient illisible. On ne voit plus Reika, encore moins les petits ennemis et pièges qui se trouvent sur votre chemin. Vous pouvez imaginer donc que vous allez perdre de la vie de manière gratuite à certains moments ou même simplement, perdre la vie…
Il reste quand même de quoi faire
On le reconnaît, jusque là, notre portrait ne dresse pas une image très flatteuse de Giga Wrecker Alt. et on ne s’en excuse pas. En revanche, on note quand même quelques points positifs. Tout d’abord, il faut reconnaître que son style visuel est plutôt élégant. S’ils ne transcendent pas, les modèles restent joliment animés et détaillés et les quelques artworks disséminés dans le scénario sont très plaisants à regarder. On ne nous sert pas ici un look manga banal mais habillé d’un petit parti-pris esthétique qui flatte la rétine. On regrettera en revanche pour compenser que l’ambiance sonore soit si pauvre. Les musiques n’ont aucun caractère et les phases de dialogue auraient franchement gagné à être doublées.
Ah oui pardon, on devait dire du bien là… Alors, les combats de boss ! Les combats de boss sont vraiment sympas. À l’image du jeu et de ses puzzles qui proposent du challenge sans être difficiles (enfin, ils le sont quand même à cause des défauts du logiciel), les combats de boss, eux, sont très bien pensés. Tout d’abord, il est à noter que vous êtes seul face à eux. La mort n’étant pas punitive, à vous de comprendre comment ils fonctionnent afin de tirer parti de leurs faiblesses. La force de ce système ? Comme pour les puzzles, le boss offre à qui comprend, les armes pour le vaincre.
Effectivement, il vous faut juste trouver le moment où frapper pour récupérer les matériaux en quantité suffisante pour lui asséner un coup. Bien entendu, il ne se laissera pas faire et il faudra mettre à usage la petite mécanique RPG du jeu pour vous accorder le plus de chances possible. Cette dernière n’est rien de plus qu’un arbre de compétence assez classique vous offrant de dépenser des points contre plus de vie ou une meilleure récupération.
Enfin, un dernier point, l’exploration. Effectivement, Giga Wrecker Alt. est un metroidvania et, de ce fait, il contient des phases d’exploration. On ne peut pas se mentir, elles sont franchement redondantes… Vous allez avoir à faire de nombreux allers et venues dans les différentes salles déjà traversées (vous forçant parfois à refaire des puzzles que vous aviez pourtant terminés). Encore heureux, un système de points de téléportation est disponible pour limiter les déplacements inutiles, enfin, ça aurait été plus utile si la carte n’était pas aussi mauvaise et imprécise.
Enfin, explorer vous permettra quand même de parfois mettre la main sur des éléments de customisation. Rien de fou mais ça permettra de donner à certaines de vos armes une apparence différente, ce qui peut être amusant pour les accros au 100%. Mais n’en attendez pas trop quand même, vous pourriez (encore) être déçu…
Ça ne nous plaît pas d’en venir à cette conclusion mais nous ne recommandons pas Giga Wrecker Alt. sur Switch. Tout d’abord, il est important de relever que le titre propose des idées intéressantes, les puzzles sont même plutôt sympathiques… enfin, sur le papier. Parce qu’une fois la partie lancée, les défauts du soft vous sautent au yeux. La physique, la caméra, les mouvements de l’héroïne et la simplicité avec laquelle on se perd… Non, nous ne dirons pas que nous avons passé un bon moment avec Reika et quelque part, on espère qu’elle a fait mieux sur les autres plateformes. Giga Wrecker Alt. est confus et brouillon et le résultat est frustrant manette en main. Dommage…