Loin en tête dans les ventes du monde entier, la franchise FIFA capitalise toujours sur l’avance prise au début de la décennie 2010. Un règne sans partage qui depuis deux, trois ans commence à être contesté par un PES bien décidé à revenir sur le devant de la scène. À quelques semaines de la sortie des nouvelles consoles, EA Sports a-t-il donc préféré la jouer petits bras pour la dernière danse de son jeu de football sur la génération actuelle ? Réponse dans ce test de FIFA 21 !
(Test de FIFA 21 réalisé avec une version fournie par l’éditeur)
Aussi déséquilibré qu’un unijambiste sous coke
On va être cash d’entrée : si chaque année vous avez une pointe de déception sur les différents FIFA, n’achetez pas la mouture 21. Apologie décomplexée du n’importe quoi, le titre s’enfonce encore plus profondément dans un pamphlet de ce qu’est le football, avec comme seul objectif celui de vous faire souffler de dépit à chaque match. Une hyperventilation de la déception assumée par EA Sports qui, à défaut d’offrir une simulation réaliste du football, a réussi ces dernières années à nous offrir un jeu d’arcade pas déplaisant une fois considéré comme tel.
Ainsi, si objectivement il est impossible de blâmer FIFA 20 par exemple, il est en revanche très aisé de tirer à ballons réels sur les défauts qui font que FIFA 21 est tout bonnement (en l’état) presque injouable pour tout réel amateur du beau jeu. Bien entendu, un tel parti pris nécessite explications et opinions construites, et croyez-nous, il y en aura.
Le principal problème remarqué lors de ce test de FIFA 21 est le « rééquilibrage » du jeu en faveur de l’attaque, avec notamment la suppression du pressing second joueur, qui se contente simplement de se mettre en travers du chemin adverse sans chercher à le gêner, mais aussi de par la lenteur de réaction exacerbée de défenses déjà pas bien gâtées au niveau des statistiques de vitesse. Le résultat étant un écart de deux mètres de l’attaquant en début de sprint à chaque prise de balle. Compréhensible bien que frustrant avec un Mbappe, mais complètement dingue lorsqu’il s’agit d’un pot de yaourt à 82 de vitesse.
FIFA 21 Match Carrière 0-0 LIV – ROM, 1re périodeAlors bien entendu, si vous rentrez dans le moule FIFA et que vous jouez sur les faiblesses du titre, les victoires s’enchaîneront à grands renforts de passes lancées au millimètre près, ou de tirs en angle fermé improbables. Mais ne pouvons-nous pas demander un peu plus de la part du leader commercial du jeu de football ? Est-il possible d’espérer ne serait-ce qu’un instant, que chaque joueur de e-football puisse avoir le choix d’une tactique applicable sur le terrain, poussant l’affrontement plus loin qu’un simple enchaînement de contre-attaques à mac 3 ? Et puis, que dire du physique de la balle, qui tient plus du ballon de plage trop gonflé que du Roteiro en cuir.
Nous nous retrouvons ici dans ce qui est finalement une parodie de FIFA 20, qui grossit volontairement tous ses traits afin de les rendre absurdes au possible, comme pour mieux les dénoncer auprès d’un public toujours autant en appétit pour la poule aux œufs d’or d’Electronic Arts.
Les phases de jeu sont rigoureusement identiques dans la majorité des strates du jeu en ligne, avec des grigris sortis de l’espace à l’efficacité toujours aussi redoutable, des gardiens aussi utiles qu’une interdiction -18 sur Youporn, et une omniprésence de la vitesse dans tous les compartiments du jeu. Un gâchis véritable dans le gameplay donc, qui contraste énormément avec tout ce que réussit FIFA 21 à côté.
Aussi limpide qu’une frappe de Steven Gerrard
Parce que si FIFA 21 n’inspire que la revente immédiate à taux 0 sur le terrain, en dehors, c’est encore une fois une leçon pour la concurrence. Tout d’abord avec ses menus, clairs, et détaillés, permettant au plus jeune des lapins de trois jours de s’y retrouver sans aucun problème. Et puis, la richesse de ses modes de jeu qui, sur le papier, en font un titre inusable et presque auto-suffisant pour une année de pur bonheur.
Une véritable ergonomie dans les menusÀ commencer d’ailleurs par un mode carrière que l’on félicite encore, tant le jeu semble soucieux de retransmettre ce qui fait la beauté du sport dans les coulisses. Un mode toujours autant plébiscité par les fans, preuve que le football peut aussi être intéressant hors ligne. Et puis ce mode Volta, qui bien « qu’accessoire » apporte une profondeur au titre en multipliant les espaces de jeu. Non, il faut le crier haut et fort, FIFA sait enrober son gameplay, à défaut d’en proposer un de qualité.
À ceci près que le mode FUT laisse toujours perplexe, tant au niveau économique qu’à celui de certaines de ses mécaniques. Bon, comme chaque année, on se répète à ce sujet, mais payer une blinde pour pouvoir jouir pleinement d’un jeu payé au prix fort, c’est toujours aussi fort de café. Parce que mine de rien, le titre est un véritable Pay-to-Win à cause de sa création d’équipe, qui nécessite soit de très nombreuses heures de jeu, soit de très nombreux euros investis. Une véritable faute d’accord qui pousse FIFA et ses taux de drop proche d’un gatcha mobile sur le banc des malhonnêtes.
Quelques nouveautés à se mettre sous la dent
Nous évoquions précédemment le mode carrière qui est la vraie star de cette mouture 2021, et il est temps désormais de se pencher sur ce qui a été apporté en termes de mécaniques. Tout d’abord, les entraînements ont été mis à jour, avec désormais la possibilité d’influer sur la forme des joueurs, ainsi que le « tranchant » qui n’est autre que l’aptitude d’un joueur à voir ses capacités boostées aux moments importants d’un match.
Autre point positif, l’ajout d’un mode de simulation de match semi-active qui permet de voir le déroulé du match et d’influer sur la partie en reprenant le contrôle en cours de match. De l’intelligence donc, au service d’un jeu qui offre vraiment de belles heures de jeu devant vous. Pour ce qui est du mode Volta, pas grand-chose de neuf si ce n’est un meilleur équilibrage défensif de l’IA, et puis surtout le plaisir de pouvoir profiter des « dribbles fins » dans un contexte qui convient.
Ce qui nous offre une superbe transition en profondeur pour attaquer les nouveautés de gameplay, au sens technique du terme, avec les courses créatives en première ligne. Pour faire simple, il s’agit d’une mécanique manuelle permettant de choisir la direction de course que prendra l’I.A alliée. Intelligent sur le papier, mais bordélique à souhait sur le terrain, notamment à cause d’une combinaison de touches peu ergonomique. Ensuite les fameux dribbles fins semblent réellement cosmétiques sortis de Volta, et c’est tant mieux, tant les options de gestes techniques efficaces sont légions dans cette franchise.
Peu de surprises pour nous lors de ce test de FIFA 21 qui s’est autant avéré être une purge sur le terrain qu’une bénédiction en dehors. Un constat logique étant donné la base du moteur Frostbite qui a montré ses limites il y a déjà bien longtemps. On retiendra cependant que les amoureux du mode Carrière ont enfin été entendus, avec un vrai travail sur ses mécaniques de jeu. C’est en revanche moins le cas pour le mode FUT qui se complaît une fois de plus à faire raquer la plèbe avec autant de dignité que le dernier gatcha d’un manga nippon.
Sur le pré vert évidemment, c’est du grand n’importe quoi, et on ne peut que trop vous conseiller de vous taper l’intégrale des matchs opposant Valenciennes à Montigny le Ganelon plutôt que d’acheter FIFA 21... Vous y verrez sans doute plus de football.