Depuis 1993 et son tout premier FIFA International Soccer, EA Sports nous propose chaque année, une nouvelle édition de son jeu de football. Si les premiers étaient plus orientés arcade, ce que l’on peut concevoir étant donné la puissance des machines de l’époque, force est de constater que les développeurs essayent tant bien que mal de rendre le jeu le plus réaliste possible au fil des ans. Alors que FIFA avait mis la barre très haute lors de son arrivée sur Xbox 360 et PlayStation 3 et distancé considérablement son concurrent direct Pro Evolution Soccer de Konami, les fans de la série espéraient une avancée encore plus importante sur Xbox One et PlayStation 4. Avec un FIFA 14 très intéressant au niveau du gameplay, les inconditionnels adulateurs ont vite déchanté avec un FIFA 15 pour le moins désastreux. D’un autre côté, PES a su apprendre de ses erreurs et a pu profiter de ce faux pas d’EA Sports pour revenir sur les talons de son rival. Ce nouveau FIFA 16 saura-t-il faire oublier l’erreur de parcours du précédent volet ? Réponse dans notre test réalisé sur Xbox One.
Test de FIFA 16 sur Xbox One
L’épisode du renouveau ?
Si j’ai pour habitude de commencer les tests par les différents contenus que proposent les jeux, je vais aujourd’hui faire une petite entorse à cette règle et entrer directement dans le vif du sujet en vous parlant du gameplay. Tout d’abord, j’aurais envie de dire : merci EA ! Merci d’avoir écouté la communauté. Si certains peuvent souvent pester contre les nouvelles éditions en vociférant « payer ce prix là pour une mise à jour… » (si si vous en avez déjà lu des centaines des commentaires comme ça), dans FIFA 16, je peux vous assurer qu’il n’en est rien. A commencer par la vitesse de jeu qui est bien plus lente que dans l’opus précédent. Il est donc beaucoup plus facile de bien défendre sur des joueurs rapides et/ou techniques, ce qui nous incite davantage à bien construire et patienter en attaque afin de déplacer le bloc défensif adverse et trouver une faille à exploiter. La défense est en effet beaucoup plus réactive qu’à l’accoutumé. Certes on retrouve comme toujours des joueurs un peu trop fainéants pour faire trois pas et récupérer le ballon, mais tout de même, l’évolution de ce côté-là est réussie. Il est même très fréquent que, lorsqu’une passe vers son attaquant manque de puissance, le défenseur contourne son opposant pour s’emparer du ballon. Ces détails qui n’ont vraiment l’air de rien influent grandement sur la façon de jouer de ce FIFA 16. En parlant de puissance de passe, une nouveauté fait son apparition. En appuyant sur Rb (R1) et le bouton de passe, on peut effectuer des passes puissantes, très utiles en cas de fort pressing ou pour éviter qu’un milieu récupérateur puisse couper la trajectoire d’une passe. Là encore, le studio canadien a eu du nez. Ce simple ajout peut faire la différence dans un match. Mais attention, les contrôles seront plus hasardeux sur ce type de passes. De même, un énorme effort a été fait sur le réalisme des passes et la physique de balle. Impossible dans cet opus, même pour un Iniesta ou un Pirlo, d’ajuster une passe de 30 mètres en étant dos à son partenaire. Si du fond de votre canapé, vous allez hurler de cette passe ratée alors que votre attaquant était tout seul et n’avait plus qu’à aller marquer, les développeurs se sont mis en tête qu’Iniesta et Pirlo n’ont pas, tout comme vous et moi, de vision panoramique à 360° et sont encore moins contorsionnistes au point de se désarticuler la cheville pour effectuer une passe dans les pieds de leur coéquipier. Il faudra donc mettre un point d’orgue à bien se positionner face à vos joueurs pour ne pas perdre de ballons bêtement. Et ceci n’est pas seulement vrai pour les passes, heureusement. C’est le même constat pour les tirs, mais également pour les dégagements. Souvenez-vous l’an passé sur un centre adverse, où il était possible de dégager le ballon de la tête presque où bon vous semblait. Ce temps-là est révolu. Dans FIFA 16, vos défenseurs vont dégager dans la direction où ils courent et donc bien souvent en corner (comme en vrai quoi !). En bref, vous l’aurez compris, il vous sera nécessaire de bien construire et de soigner votre positionnement, ballon au pied, pour vous approcher des buts adverses. Une fois devant le gardien, rien n’est gagné pour autant. L’IA des portiers a en effet été revue à la hausse. Les buts systématiques en angle fermé ne seront plus qu’un mauvais souvenir. Bien sur, au fil du temps, d’autres astuces vont être découvertes, comme chaque année (les enroulés semblent être de nouveau très efficaces). En revanche, les sorties des gardiens sur corners ou sur centres sont automatiques, trop fréquentes et bien souvent désastreuses.
Si les défenses ont été remaniées et plus équilibrées, l’attaque, quant à elle, pourra aussi jouir de certaines nouveautés. Les dribbles par exemple, ont été repensés et nécessiteront un certain temps d’adaptation pour appréhender les nouvelles combinaisons de touches. Les dribbles sans contact font leur apparition comme nous vous l’évoquions dans les news précédentes. L’idée est excellente mais la réalisation l’est malheureusement un peu moins. Les joueurs font parfois des mouvements étranges qui s’apparentent plus à un pas de Hip-Hop qu’à un réel dribble, mais qui pourront s’avérer efficaces avec un bon timing pour feinter l’adversaire. Les centres n’échappent pas non plus à un petit lifting. Moins assistés, ils prendront beaucoup plus la direction de votre stick plutôt que celle de vos coéquipiers positionnés dans la surface. Cela vous permettra notamment de placer le ballon dans une zone souhaitée et espérer que votre attaquant se démarque pour aller mettre un but de la tête. D’ailleurs disons-le clairement, les têtes sont peut-être un peu trop puissantes par rapport aux frappes au pied mais devraient être corrigées lors de prochaines mises à jour.
FIFA 16 : coup de maître ou coup d’esbroufe ?
FIFA 16 a donc su redresser la barre et proposer un gameplay digne de ce nom bien qu’encore perfectible évidemment. Côté contenu, une bonne partie de la communication s’est faite sur l’arrivée des équipes nationales féminines et le mode FUT Draft. Si le premier ne me change honnêtement pas la vie, il a au moins le mérite d’exister et satisfera sans doute les joueuses, d’autant que les rencontres féminines bénéficient d’un gameplay légèrement modifié par rapports aux hommes dans l’optique de coller, une fois de plus, à la réalité. Le second, FUT Draft, est un ajout du mode Ultimate Team qui consiste comme nous vous l’annoncions, à composer une équipe aléatoire à partir d’une formation prédéfinie et de participer à un tournoi de 4 matchs. Une fois éliminé, ou sorti vainqueur dudit tournoi, vous recevez un maximum de récompenses. Votre équipe est ensuite dissoute et il vous faudra débourser un jeton (que l’on peut trouver dans des packs) ou 15 000 crédits pour constituer une nouvelle équipe et participer à une nouvelle compétition. Un ajout intéressant et sympathique au demeurant pour les gros joueurs de FUT et pour ceux souhaitant découvrir ce mode tant apprécié par une grande majorité.
Pour les autres, le mode Carrière reste conforme à ce qu’il est depuis plusieurs années maintenant. Alors oui, il y a des tournois de pré-saison pour gagner plus d’argent en vue de la période de transfert, oui il y a les entraînements individuels chaque semaine sous forme de défis techniques, mais cela n’apporte concrètement rien au mode. En revanche, je tiens à souligner que si vous avez abandonné l’idée de jouer une carrière en tant que gardien de but, en raison de l’absence de frappes de l’équipe adverse depuis plusieurs opus, sachez qu’il devient presque agréable de s’y essayer. En effet, l’IA étant grandement améliorée, vous serez beaucoup plus mis à contribution pour notre plus grand plaisir. A essayer absolument ! Malheureusement pour vous, je vais encore comparer avec le mode Carrière de NBA 2K ! Mais qu’attendent les développeurs pour en copier le principe ? Un mode Mon Joueur scénarisé, où on est constamment confronté à des choix, avec la presse, son agent ou son directeur sportif est devenu, à mon sens, incontournable pour garantir le succès d’un tel mode. Et EA a les moyens de le faire. Le message est passé…
Le mode Club Pro, quant à lui, reste inchangé sur la forme et ne mérite pas de s’y attarder si ce n’est pour dénoncer quelques bugs d’évolution du Pro avec des retours à 0 au niveau des exploits. Pour les compétiteurs, sachez que le mode FIFA Interactive World Cup, abrégé FIWC, est présent et consiste à disputer jusqu’à 90 matches par mois, jusqu’au 1 janvier. Les meilleurs participeront à la grande finale pour tenter de remporter 20 000$ US et une place pour la cérémonie du Ballon d’Or. Vous pouvez à tout moment retrouver toutes les informations sur le site fifa.com. L’intérêt de ce mode, outre l’aspect compétition, est que les joueurs s’opposent à armes égales. Peu importe l’équipe que vous choisirez, chaque joueur se verra attribuer une note générale de 85, avec un seul et même profil de joueur pour chaque poste. Ainsi, vous pourrez vaincre le Réal de Madrid avec les Chamoix Niortais. Le rêve non ?! Les autres modes en ligne restent également inchangés, trop souvent mis de côté par les développeurs qui privilégient leur gagne-pain, FUT. Parmi les oublis, on déplorera notamment, l’absence de certaines animations présentes en solo qui disparaissent online. S’il est relativement agréable de voir l’arbitre sortir sa bombe pour tracer une ligne au pied du mur lors d’un coup franc on s’interroge grandement sur son absence dans les parties en ligne.
FIFA, la série qui a toujours son lot de couacs !
Pour le reste, côté graphisme, rien de bien nouveau. Les joueurs sont toujours reconnaissables de loin ce qui est fort appréciable lorsque l’on cherche à donner le ballon à son meneur de jeu. La modélisation, elle, reste à fidèle à la série. Les traits de visages sont satisfaisants bien qu’en-dessous de PES 2016 et les maillots des joueurs présentent plus de plis qu’auparavant. FIFA 16 marque surtout par l’ambiance qui règne dans les stades et qui a, en plus, été améliorée. Vous serez surpris d’entendre des sifflets venant des tribunes lors d’actions litigieuses dans la surface de réparation qui vous donneront quelques sueurs froides en pensant avoir provoqué un penalty. Les chants des supporters qui résonnent sont excellemment retranscrits et dépendent, bien entendu, des équipes présentes sur la pelouse. Cette dernière a elle aussi été légèrement retravaillée. Finis les champs de patates de FIFA 15 puisque la détérioration de la pelouse est moindre dans cet opus. Côté condition climatique, là encore, on regrettera l’absence d’une météo dynamique qui pourrait avoir un réel impact sur le déroulement d’un match. En revanche, une nouvelle condition débarque : le brouillard. Et s’il y avait un constat à faire avec ce genre d’ajout, ce serait le suivant : parfois, il vaut mieux ne rien ajouter du tout que d’ajouter ce genre de bizarrerie farfelue. Ajouter du contenu histoire d’ajouter du contenu, c’est limite. Mais si vous aviez aimé le brouillard natif de Turok sur Nintendo 64, vous serez susceptible d’apprécier de jouer dans ces conditions-là. Pour ceux qui aiment les simulations de foot, c’est un tout autre débat. Outre ce petit couac, il faut reconnaître que le studio canadien a amélioré les effets d’ombres et de lumières. On ne sera plus obligé de chausser ses lunettes « night-vision » pour apercevoir nos joueurs placés dans l’ombre du toit des stades.
En ce qui concerne l’IA, comme vous l’aurez sans doute compris au travers de ces quelques lignes, elle est bonne. Parfois trop bonne, en difficulté ultime, au point de toujours se demander si l’IA ne joue pas en fonction des touches sur lesquelles on appuie… (qui a dit mauvaise foi ?). Si le placement défensif est bon, il reste encore de nombreux points à améliorer. Les latéraux qui couvrent une position de hors-jeu de cinq mètres, ça fait beaucoup. Mais le véritable souci ne concerne cependant pas les joueurs mais bel et bien l’arbitre. Comme toujours me direz-vous. Eh bien encore plus cette année malheureusement au point d’entacher sérieusement le plaisir de jeu. Il siffle beaucoup trop sur des petits contacts invisibles à l’œil nu, toujours en faveur de la défense. Les avantages sont tout autant catastrophiques. En plus de durer aussi longtemps qu’un aller-retour vers la caisse à outils pour prendre un marteau et frapper sur l’arbitre virtuel pour lui faire avaler son sifflet, il y revient par moment alors qu’on file tout droit vers les buts adverses. Vous reposez alors votre marteau pour aller chercher votre scie circulaire, finissez le travail, et allez amputer la note du test de FIFA 16 que vous aviez octroyée de 2 points !
Conclusion de FIFA 16 sur Xbox One
FIFA 16 avait fort à faire après ce très décevant FIFA 15 et son gameplay très arcade. Simple incident de parcours à priori, puisque cette nouvelle édition redonne de belles couleurs à la série. La jouabilité est excellente, l’immersion est totale et l’ambiance générale des stades très réaliste. Le rééquilibrage attaque/défense rendra les matchs plus intenses et serrés. Adieu les scores fleuves et bonjour les matchs serrés et accrochés. En revanche, FIFA 16 conserve son lot de désagréments indissociables de la série, entre les commentaires vieillissants, un mode carrière toujours sans réelle innovation et un arbitrage calamiteux. FIFA 16 se révèle donc être une excellente simulation de football par son gameplay mais qui tend à lasser par le manque de renouvellement de son contenu. Pour cette année, on reste indulgent, mais attention à l’année prochaine…