Sorti sur Xbox One, PlayStation 4 et PC, F1 2015 est le premier de sa série à voir le jour sur les consoles de 8ème génération. Développée par Codemasters, cette nouvelle simulation de Formule 1 va-t-elle nous conduire vers une nouvelle ère en termes de jeu de course ? Après l’arrivée de nouvelles moutures telles que Project Car, rien n’est moins sûr. Réponse dans notre test réalisé sur Xbox One.
Test de F1 2015 sur Xbox One
Mais où est le mode Carrière de F1 2015 ?
Avant de nous affairer plus en détails sur le gameplay et autres aspects plus techniques de F1 2015, entamons cette première partie en faisant un rapide tour des différents contenus présents dans cet opus. Tout d’abord, si l’appellation du jeu nous indique que la saison 2015 est à l’honneur avec les quelques nouveautés de règlement que cela implique ainsi que les derniers transferts et les circuits parcourus (retour du Grand-Prix du Mexique après 23 ans d’absence), sachez qu’il nous est également possible de disputer les courses de la saison 2014. Cet ajout, bien que relativement appréciable pour contrer une éventuelle monotonie, n’apporte en soi qu’un faible intérêt à moins de préférer se mettre dans la peau d’un Sebastian Vettel au volant de l’Infinity Red Bull Racing de 2014 plutôt qu’aux commandes de sa Ferrari de 2015. Et pour les fans de Formule 1, la simple présence du regretté Jules Bianchi (décédé suite à un accident lors du Grand Prix du Japon) sur la ligne de départ vous procurera certainement plus d’amertume que de réel plaisir. Bref, une fois notre saison choisie, plusieurs modes nous sont proposés. Le Championnat du monde de F1 2015 vous permet de choisir un pilote et sa monoplace attitrée pour disputer l’intégralité de la saison. Une course étant répartie sur plusieurs jours (essais, qualification et course), trois choix nous sont offerts selon notre aptitude à réaliser de longues sessions ou non. Le week-end abrégé se compose d’une session d’essais libres de 15 minutes, d’un tour de qualification et d’une course représentant 25% de la distante totale (une quinzaine de tours). Les week-end normaux et grands week-ends présentent quant à eux des essais plus longs (30 ou 60 minutes), des qualifications plus importantes et un nombre de tours en course plus élevé (50% ou 100%). Dans ce mode Championnat du monde, vous aurez la possibilité de choisir votre assistance (freinage, antipatinage, trajectoire, boite de vitesse…), vos réglages de voitures (position des ailerons, géométrie de la suspension, type de pneumatique, distribution du poids, etc.) ainsi que la difficulté de l’IA. Pour ceux qui ne souhaitent consacrer que trop peu de temps à ces paramètres, cinq réglages pré-définis sont disponibles et seront largement suffisants en solo.
Le deuxième mode de F1 2015, appelé Saison Pro pour l’occasion, consiste à prendre place dans la F1 de votre choix et de réaliser un mode Championnat du monde dans des conditions réelles. Aucune assistance n’est autorisée, la difficulté de l’IA est au maximum, l’intégralité des essais, qualifications et courses est disputée et la caméra en cockpit est obligatoire. De plus, aucune indication à l’écran n’est affichée, si ce n’est les quelques informations sur votre volant. C’est votre ingénieur qui vous donne les écarts et vous informe des faits de course ou de l’état de vos pneumatiques. Dans ce mode, il n’y a pas de place pour le hasard et seuls les plus aguerris y trouveront leur compte. Les autres modes, bien que classiques et indispensables, ne sont là que pour faire bonne figure et ne regorgent pas d’idées nouvelles. On y retrouve les modes « course rapide » et « contre-la-montre » dont je vous passe les détails tant leur nom est assez clair pour en comprendre le principe.
Si tous ces modes sont relativement proches les uns des autres, on regrette d’autant plus l’absence d’une Carrière qui nous aurait permis de partir du bas de l’échelle et d’accroître sa popularité auprès des grosses écuries pour espérer remporter un jour le titre de champion du monde des pilotes comme cela était possible dans les opus précédents. Un choix qui semble de très mauvais goût d’autant que le mode multijoueur, étrangement conçu, ne nous permettra pas de pardonner cet oubli.
La F1 justifie les moyens ?
Si le contenu de ce F1 2015 n’est pas des plus mirobolants, qu’en est-il de la réalisation ? Le menu d’accueil, simpliste au possible, réalisé sans doute par un stagiaire en première année d’école de médecine (non, ce n’était pas de l’infographie là) nous assujettit à un certain malaise. Une fois en jeu, les graphismes issus d’un nouveau moteur graphique sont beaux bien qu’en-dessous des performances de nos consoles. Les textures sont parfois un peu brouillonnes et très inégales. Si les conditions météorologiques dynamiques nous offrent quelques somptueux plans (Singapour de nuit sous la pluie est un vrai régal), certaines courses abondent de clipping sur les paysages d’arrière-plans. En revanche, F1 2015 qui se voulait proche des retransmissions télévisuelles a su soigner ses plans-séquences de début et de fin de course malgré des commentaires en demi-teinte. Débuter le Grand-Prix par une vue aérienne du circuit avant de se plonger sur la ligne de départ en caméra embarquée, entouré de son équipe d’ingénieurs et de mécaniciens et de quelques journalistes du monde entier aux aguets nous permet de nous immerger très vite dans cette simulation. De même, l’ajout des podiums est très appréciable, bien que redondants, où l’on peut voir les trois premiers se chahuter en s’aspergeant de champagne. En d’autres termes, ce F1 2015 propose du très bien et du moins bien en ce qui concerne l’aspect visuel du jeu.
D’un autre côté, la bande sonore est dans l’ensemble convenable également. Outre les commentaires qui font pâle figure, entendre son ingénieur nous parler directement pendant la course en nous indiquant toutes sortes d’indications sur le déroulement de celle-ci, sur l’usure de nos pneus, sur la température de nos freins, sur les écarts avec les autres pilotes ou en nous demandant d’entrer aux stands est vraiment très immersif et parfaitement réalisé. Mais quand on parle de Formule 1, ce qui intéresse généralement les joueurs c’est le bruit des moteurs. Certains pourraient être déçus de ne plus entendre les vrombissements détonants des monoplaces comme il ce fut le cas dans un passé pas si lointain que ça. Mais hélas, depuis la saison 2014 et la nouvelle réglementation obligeant les voitures d’être équipées de moteurs V6 turbo hybrides et non plus de V8 (amélioration purement écologique), les Formules 1 font un bruit de « mobylettes », pour citer les spécialistes. Alors c’est vrai, le vacarme est moindre, la sensation de vitesse se trouve pour ainsi dire entachée, mais pourquoi en vouloir à Codemasters ? Après tout, les développeurs se mettent au diapason et respectent au plus haut point les contraintes exigées par la FIA et les retranscrivent purement et simplement dans leur jeu. Et ce F1 2015 ne déroge pas à la règle. Cette simulation se veut proche de la réalité et la réalisation sonore doit suivre. Bien entendu, les fans invétérés de F1 qui continuent de regarder les Grands-Prix depuis le passage de TF1 à Canal + seront beaucoup moins choqués que les joueurs occasionnels ne pouvant se payer un abonnement et qui ne recherchent dans un jeu de F1 que sensation de vitesse et pétarades au détriment du réalisme.
Un gameplay très plaisant !
Contenu décevant, graphismes perfectibles, bande sonore très correcte… et le gameplay alors ? Vous connaissez le dicton, on garde le meilleur pour la fin. Et bien oui, bonne nouvelle, le gameplay, l’atout essentiel selon moi d’une simulation de course de F1, est vraiment très bon. Paramétrable à souhait comme évoqué en première partie de ce test, le gameplay de ce F1 2015 ravira les nouveaux joueurs comme les plus aguerris (bien que sans réelles améliorations par rapport aux années précédentes). Prenons donc quelques lignes pour vous en détailler les principales caractéristiques. La conduite en elle-même dépendra tout simplement des différentes aides dont vous aurez besoin. L’assistance au freinage vous empêchera bien souvent de finir dans le décor alors que l’anti-patinage permettra aux débutants de rester sur la piste, même en ligne droite. Car oui, sans aide, la conduite est tout simplement déroutante de difficulté. Il faudra très bien doser l’accélération pour éviter tout tête-à-queue, passer les rapports de vitesse au bon moment pour ne pas perdre de temps sur les autres concurrents. Des aides intermédiaires sont également possibles pour chaque attribut de sorte à se rapprocher toujours plus de la réalité sans pour autant décourager le joueur. Si l’anti-patinage semble indispensable pour un néophyte, celui-ci se révèle être le paramètre le plus déterminant pour accroître ou non la difficulté du gameplay. Bien entendu, on peut aussi régler la difficulté de l’IA qui influe sur la capacité des autres pilotes à générer de meilleurs temps lors des différents tours. Souvent décriée à juste titre dans les simulations de course, l’IA est, dans F1 2015, plus que correcte. Je tiens à préciser cependant que bon nombre de joueurs seront en désaccord avec ces propos. Toujours est-il que bien souvent les collisions sont de la responsabilité du joueur en essayant de retarder un freinage en amont d’un virage ou bien en jouant des coudes lorsque le pilote de derrière tente de nous dépasser à l’aide de l’aspiration. Non, je le redis, avec fermeté et assurance, l’IA des pilotes est bonne. Le seul reproche que je pourrais lui faire concerne les voitures retardataires qui ne respectent pas trop le drapeau bleu (les voitures avec un tour de retard ont pour obligation de laisser passer les monoplaces qui les rattrapent). En revanche, les différentes écuries (y compris la nôtre) adoptent des stratégies de course vraiment étranges et pénibles à la longue. Je m’explique. Votre ingénieur peut vous indiquer de rentrer au stand à l’issu d’un tour. Le problème c’est qu’il donne la même consigne à votre coéquipier. On se retrouve donc presque toujours à devoir attendre que l’autre ait fini son ravitaillement pour pouvoir faire le sien et perdre ainsi quelques précieuses secondes. Vous devrez donc retarder votre entrée au stand d’un tour en sachant que vos pneus seront très usés et que l’adhérence sera par conséquent réduite. Car oui, l’autre point positif du jeu concerne bien l’adhérence des F1. Vos chronos seront bien meilleurs avec des pneus neufs qu’abîmés et il est possible de perdre 1 à 2 secondes par tour avec une usure prononcée des pneumatiques. De même, chaque pilote doit, selon le règlement parcourir chaque circuit avec au moins deux jeux de pneus différents : les pneus « options », beaucoup plus rapides mais qui se dégradent plus rapidement que les pneus « primes ». Ceci permet donc d’établir des stratégies de course (uniquement pour des courses supérieures à 25% du parcours total) pour essayer de battre ses adversaires. Bref, le gameplay de F1 2015 est à coup sûr la grande force de cet opus, même si les inconditionnels fans de Project Cars risquent de tordre leur nez à la lecture de ces mots.
Conclusion du test de F1 2015
F1 2015 est une bonne simulation de Formule 1 qui pêche par son manque de contenu original. L’absence du mode Carrière reste le plus gros point noir de cet épisode, élément qui était pourtant présent quelques mois auparavant sur F1 2014. La mise à jour des écuries et des quelques nouvelles règles de la saison 2015 ne devraient à priori pas justifier l’achat de cet opus pour ceux qui possèdent la version précédente. Il est vrai que ce F1 2015 est le premier du genre à débarquer sur les consoles current-gen et attise donc la curiosité. Mais les graphismes, bien que beaux, n’ont rien de transcendants pour de telles machines. Non, le plaisir de F1 2015 réside principalement (exclusivement ?) dans son gameplay. Et c’est pour moi l’essentiel. Amateur de Formule 1, j’ai eu plaisir de redécouvrir les joies de la conduite à grande vitesse, des trajectoires limites et des dépassements en bout de ligne droite. L’interaction avec son mécano nous immerge d’autant plus dans le réalisme des courses, ce qui nous fait oublier les quelques défauts de ce titre.