Avec une belle régularité, Tecmo Koei nous propose de loin en loin une nouvelle itération de son beat’em all de masse phare, Dynasty Warriors, suivie quelques mois plus tard d’une édition Empires, mettant l’accent sur un aspect stratégique absent du titre de base. C’est aujourd’hui le cas avec Dynasty Warriors 8: Empires, vous l’aurez compris, qui s’en vient compléter son aîné en offrant aux amateurs de gestion la possibilité de déserter pour un instant les champs de bataille afin de se livrer à des activités plus cérébrales, plus bureaucratiques, avant de prendre de nouveau les armes. Il est souvent reproché à cette série son caractère redondant d’un épisode à l’autre, ainsi que sa faiblesse technique, notamment graphique.
Il est donc temps pour nous de se pencher sur ce nouvel opus afin de déterminer s’il a su entendre les remarques essuyées par ses aînés.
Test de Dynasty Warriors 8: Empires sur Xbox One
Il était une fois en Chine
Nous n’allons pas nous étendre outre mesure sur le contexte historique faisant office de background pour ce Dynasty Warriors 8: Empires. Pour une simple et bonne raison : il demeure le même depuis les tout premiers épisodes. Néanmoins, pour les néophytes complets de la série, voici de quoi il retourne en quelques mots : le jeu est une adaptation du roman chinois Les Trois Royaumes, datant du XIVème siècle, et qui demeure aujourd’hui encore l’oeuvre littéraire chinoise la plus connue dans le monde entier. Le roman s’intéresse à la fin de la dynastie des Han et à l’avènement des Trois Royaumes : Wei, Shu et Wu, au cours des années 200. Il dépeint une période de guerres innombrables et de conflits constants, ce qui sied très bien au genre beat’em all de masse adopté par les Dynasty Warriors ; mais aussi, il est question de complots, d’alliances d’intérêt et de stratégies guerrières, très à même de servir de base aux extensions Empires, plus tactiques. Ce postulat global énoncé, voyons de plus près ce que nous offre ce Dynasty Warriors 8: Empires.
Il va tout d’abord s’agir de choisir un officier pour diriger vos troupes, et combattre vous-même au coeur des batailles. Dès lors, vous aurez le choix parmi un large éventail de leaders charismatiques appartenant à telle ou telle faction, mais aussi, vous aurez l’opportunité de vous créer vous-même votre propre officier selon votre bon vouloir. Cette création de perso est d’ailleurs assez poussée, puisque vous pourrez choisir son sexe, sa corpulence et ses traits, mais également ses types d’armes favoris, ses pièces vestimentaires détaillées ou encore ses attaques musou (ou spéciales) fétiches. Autant dire que les amateurs de personnalisation risquent d’y passer un petit moment avant même de se lancer dans le jeu en lui-même.
L’art de la guerre
Sachez d’ailleurs que le choix d’un officier créé de toute pièce n’est pas anodin, et entraîne pour conséquence un certain nombre d’étapes avant de commencer à batailler. Car, si les officiers en place appartiennent généralement à une alliance bien établie (et bénéficient ainsi de troupes et d’équipements propres), votre nouveau venu, lui, est un electron libre, et n’a prêté serment à aucun groupe. Ce qui fait qu’en début de partie, il va s’agir pour vous, soit de rejoindre rapidement une faction en place, soit de créer votre propre clan, avec toute la phase de recrutement et de chasse aux ressources que cela implique. Une fois encore, on se passionne pour cette ascension partie de rien, et on y passe des heures, entre l’administration de son royaume, les alliances et antagonismes avec d’autres chefs de clan à gérer, les conseils généraux à diriger, les objectifs à fixer à son groupe et à ses lieutenants…
Bien entendu, tout ceci fait l’objet, en début de partie, d’un tutoriel clair et complet, accessible ensuite à n’importe quel moment, de sorte que cet aspect un peu tactique du jeu ne semble jamais bien trop complexe, même pour les profanes du genre. Bref, une fois votre situation bien en place, le temps de l’action est venu. Il va vous êtes proposé un certain nombre d’objectifs stratégiques à accomplir, avec le nombre de points de Mérite que chacun vous rapportera (créer une alliance avec un autre groupe, lancer des raids, envahir une région…). Une fois votre mission choisie, et avant de laisser parler le fer, vous passez par une série de décisions stratégiques relatives à celle-ci (faire des achats, recruter des troupes, soigner vos blessés, inviter d’autres officiers à la fête – online ou IA -, échanger du matériel contre de l’or…).
La théorie de l’évolution… minime
Ces quêtes annexes se comptent par dizaines dans chaque région, et même si certaines se répètent assez souvent, leur variété permet de ne pas trop s’ennuyer… même si, au final, les objectifs peuvent souvent se résumer au fait de vider les lieux de tous les chefs ennemis en présence. En effet, Dynasty Warriors 8: Empires, outre tout le pan gestionnaire évoqué plus haut, conserve néanmoins pour moitié ce qui fait l’essence de la série : les batailles de masse, à un contre cent. Alors certes, chacun voit midi à sa porte, certains adoreront ce défouloir géant, tandis que d’autres s’y ennuieront au bout de 10 minutes de matraquage de boutons.
Quoi qu’il en soit, à moins d’habiter sur Neptune, j’imagine que tout un chacun possède déjà une idée précise de ce que proposent les beat’em all de Tecmo Koei, donc inutile de s’étendre sur le sujet. Reste donc à évoquer l’aspect technique du titre. Niveau sonore, pas de surprise, on retrouve les voix japonaises usuelles ainsi que les musiques alternant hard-rock et morceaux traditionnels, ni fabuleuses ni gênantes. Question graphisme, on pourra certes arguer que le jeu atteint à peine le niveau d’une PlayStation 3 ou d’une Xbox 360 en milieu de carrière, mais pour ma part, moi qui suis adepte de la série, le passage à la génération nouvelle est quand même notable, avec une portée de vue bien plus grande qu’auparavant, notamment. Par contre, toujours pas de traces de pas dans la neige, ni d’éclaboussures dans l’eau, etc. Sans compter l’aliasing habituel et les bugs graphiques occasionnels. En résumé : il y a du mieux, mais on est encore loin des standards actuels (même si la série affiche toujours autant de personnages à l’écran sans en souffrir outre mesure).
Conclusion de Dynasty Warriors 8: Empires
Si vous vous attendiez à une révolution du genre avec le passage à la new-gen, vous pouvez attendre encore quelques temps. Dynasty Warriors 8: Empires ne distille les améliorations et innovations qu’avec une parcimonie chirurgicale, mais en revanche, ce qu’il fait (et sait faire depuis de nombreuses années), Tecmo Koei le fait bien. On prend donc un grand plaisir à savourer ce curieux mélange de beat’em all et de stratégie, mélange capable de rompre agréablement la monotonie de l’un ou l’autre genre.
Avec son habituelle encyclopédie, ses dizaines de personnages, son mode online et ses quêtes innombrables, le jeu offre une durée de vie colossale comme la plupart de ses ancêtres, et les amoureux d’histoire, de grandes batailles épiques et de gestion basique y trouveront sans nul doute leur compte. En dépit d’un rendu visuel toujours en deçà des standards.