Dragon’s Dogma n’est pas un petit nouveau dans l’univers vidéoludique. Paru en 2012 sur les machines d’époque, ressorti en version améliorée et adaptée à la nouvelle génération sous le nom de Dragon’s Dogma: Dark Arisen, il ne manquait plus que la dernière née de Nintendo pour accueillir ce jeu d’aventure un peu particulier. C’est désormais chose faite.
Le titre, qui se voulait à l’époque comme un coup de massue sur le milieu de l’action-RPG à l’occidentale par le géant japonais Capcom et embarquait un certain nombre de noms connus de la société pour appuyer son argument, n’aura finalement pas rencontré le succès critique attendu, tout en se forgeant une petite armée de joueurs adeptes de son gameplay et de son univers très mythologique.
Un gameplay moins usuel que les autres titres du genre, une version améliorée pour un rendu plus propre… On était en droit de se demander ce que tout cela donnerait sur la nomade de Big N, moins puissante que ses deux copines actuelles, il faut bien le reconnaître. Alors ? Verdict ?
Boss-climber
On ne va plus vous présenter Dragon’s Dogma, que tout le monde connait. Si ? Bon d’accord, mais rapidos alors, pour ceux qui l’avaient loupé à l’époque. Il s’agit là d’un action-RPG très orienté combat, qui propose certaines mécaniques d’attaque intéressantes et originales (on y reviendra), ainsi qu’un côté dark-fantasy très plaisant et des boss-fights épiques pour la bonne raison que, comme dans un Shadow of the Colossus, il vous sera donnée l’occasion de vous accrocher aux monstres et de les escalader afin de taper là où ça fait mal.
Un élément qui n’est plus vraiment si rare de nos jours, mais qui apportait à l’époque un vent de fraîcheur bienvenu. Et qui, encore aujourd’hui avec la refonte Dragon’s Dogma: Dark Arisen, offre d’autant plus d’epicness aux affrontements avec l’embellissement global dont il a hérité.
Mais commençons par le commencement. Vous incarnez une sorte d’élu, l’Arisen évoqué dans le titre, destiné à pourchasser un dragon quasi-divin tout comme vos prédécesseurs avant vous. Sauf que comparé à eux, vous avez plus à gagner dans votre quête, étant donné que ledit reptile vous a dérobé votre coeur au cours d’un combat, et que vous n’aurez de cesse de le récupérer coûte que coûte.
Un voyage inattendu
Ce sont là les prémisses d’un voyage long et parsemé d’embûches, palpitant et intense, il faut bien le reconnaître. Dragon’s Dogma: Dark Arisen vous promet une aventure qui vous occupera des heures et des heures, notamment avec son gros DLC inclus, et vous en aurez pour votre argent, croyez-le bien. Entre la quête principale, les missions secondaires qui vous seront confiées par tel ou tel pégu, et l’exploration de la map plutôt vaste, ne comptez pas torcher l’affaire en 3 heures (même si un mode Speedrun a été implémenté au jeu, aux côtés d’un mode Difficile).
Heureusement, vous ne voyagerez pas seul, ce qui peut vite s’avérer assez longuet quand on n’a ni GameBoy, ni personne avec qui jacasser. Pour sa part, votre avatar est aussi loquace qu’un Link dans ses bons jours, mais il sera quasi-constamment accompagné de personnages secondaires, et eux par contre sont aussi bavards que Jay dans les films de Kevin Smith. Ces compagnons, justement, parlons-en un instant, car ils constituent, avec le système de boss-fight évoqué plus haut, une des originalités de Dragon’s Dogma: Dark Arisen par rapport à certains titres similaires contemporains.
Au fil de votre aventure, votre statut d’Arisen vous permettra de recruter trois camarades à embarquer avec vous à la baston, parmi un vaste éventail dotés de compétences, sorts et armements divers. Parmi ces trois, vous aurez tout loisir de créer votre lieutenant principal de la même façon que vous aviez créé votre propre personnage, en choisissant ses caractéristiques physiques, sa classe ou encore son attitude au combat. Il (elle) vous sera d’une grande dévotion, et vous tirera de bien un calvaire.
BFF
En ce qui concerne les deux autres pions (oui, c’est le nom qui leur est donné, c’est sympa pour eux merci bien…), il s’agira de personnages rencontrés à droite à gauche et il vous appartiendra de choisir qui embarquer avec vous afin de vous constituer l’équipe la plus efficace possible en fonction de la menace. Un gros bestiau vous arrache au corps à corps ? N’oubliez pas d’emmener un mage ou/et un archer dans votre groupe. Votre barre de vie descend à vitesse grand V ? Un healer serait une bonne idée. Le combat est plutôt détente ? Partez avec vos tanks, ça les promènera sans trop transpirer. Etc.
Notez que vos acolytes, et ça c’est plutôt rare aussi, ne subiront pas de commandes de votre part. Ils s’adapteront eux-mêmes à la situation, combattront à vos côtés mais comme bon leur semblera, ramasseront du loot dans leur coin, le tout agrémenté de bavardages, invectives, conseils et menaces incessants, doublés en anglais. Même en cours de balade sans réel danger, vos équipiers discutent allègrement entre eux, et cette autonomie globale des pions est un plus du jeu, on a presque l’impression de jouer avec des copains.
D’autant que leur IA au combat est de très bonne qualité, le contraire ayant été capable de ruiner tout le concept. Encore un élément positif.
Mais venons-en un peu à notre version Switch, parce que bon, Dragon’s Dogma, nombre d’entre nous intéressés par ce genre (qu’on attribue plus facilement à des studios occidentaux qu’à des japonais, usuellement) ont déjà probablement croisé la route d’une de ses versions ou l’autre.
Sur la console de Nintendo en mode docké, l’expérience sera assez similaire à celle des autres consoles de salon. Le jeu est vraiment joli, même s’il affiche quelques aliasings notamment en regardant un panorama, mais Dragon’s Dogma n’a jamais été connu pour sa perfection visuelle, même en version reliftée, donc on ne va pas jeter la bière à la Switch sur ce point.
Nomade soûle ?
Jouer en nomade, c’est enfin avoir Dragon’s Dogma: Dark Arisen dans la poche, et ça, ça fait bien plaisir. Par contre, soyez-en conscient, l’expérience n’est pas parfaite, et c’est dû au format de la machine, donc on ne voit pas bien comment les développeurs auraient pu faire autrement, à leur décharge.
De fait, on le disait plus haut, Dragon’s Dogma est doublé, vocalement, en anglais. Et croyez-le bien, les dialogues sont terriblement nombreux dans ce titre, alors si vous n’êtes pas à l’aise avec l’anglais oral, il vous faudra vous rabattre sur les sous-titres français affichés en mode rikiki sur la gauche de l’écran. Ce qui pose nécessairement le problème de lisibilité des textes, qui sont écrits en très petit, sur la tablette. Et puis, qui a le temps de lire des sous-titres en pleine baston épique ?
En outre, on notera quelques bugs en combat, des ralentissements occasionnels ainsi qu’un côté sombre qui vous fera souvent plisser les yeux, nettement plus supportable sur grand écran. Et une certaine confusion en plein boss-fight quand vous cherchez désespérément votre perso à l’écran (et qu’il en prend du coup plein la mouille). Détails, certes, mais qu’il fallait signaler.
Dragon’s Dogma: Dark Arisen, c’est un plaisir de l’avoir à nouveau sur TV, surtout pour qui n’aurait éventuellement jamais connu les anciennes versions, et c’est également une joie de pouvoir le pratiquer enfin sur tablette. Elle ose tout cette petite console, quand même !
Alors certes, cette version mobile souffre de quelques soucis plus ou moins barbants (bugs, aliasing, lisibilité…). Mais c’est un délice de retrouver ce jeu vaste, profond, doté d’originalités qui lui permettent de se démarquer des concurrents (les boss, le système d’alliés munis d’une IA de qualité…).
Pour résumer tout ceci, sachez que si vous ne connaissez pas Dragon’s Dogma, c’est le bon moment de s’y mettre. Ceci dit, même si on aimera les deux, soyez bien sûr que vous le savourerez nettement plus sur votre canapé alors qu’un orage gronde derrière la fenêtre que sur le strapontin de la ligne 4 Clignancourt – Orléans.