Voilà près de dix ans qu’un nouvel épisode de The Legend of Zelda en 2D n’a pas vu le jour. Depuis 2013 et la sortie de A Link Between Worlds, plus aucune trace ni même évocation d’une nouvelle aventure héritée du troisième opus, si l’on excepte bien sur le remake de Link’s Awakening. Un manque qu’ont tenté de combler, plutôt avec succès, les équipes du studio canadien Castle Pixel en 2017 avec une nouvelle licence qui voit aujourd’hui une suite débarquer sur Switch : Blossom Tales 2: The Minotaur Prince.
Mais pour pouvoir surpasser l’un des maîtres du jeu d’aventure, il faut se lever tôt, et si Blossom Tales: The Sleeping King était une belle bouffée d’oxygène et bénéficiait de l’effet de surprise, elle restait au final une copie bien inférieure à son modèle. Annoncé comme plus ambitieux, Blossom Tales 2: The Minotaur Prince réussit-il à dépasser le statut de simple clone de son aîné ?
(Test de Blossom Tales 2: The Minotaur Prince sur Switch réalisé via une copie fournie par l’éditeur)
Il était une fois…
Comme le premier épisode, Blossom Tales 2: The Minotaur Prince débute alors que le grand-père de Lily et Chrys s’apprête à leur raconter une histoire autour d’un feu de camp en forêt. Un conte dans lequel ses petits-enfants sont les héros. On assiste donc, tout au long de l’aventure, à l’épopée de Lily, partie à la recherche de son frère enlevé par l’horrible roi Ganon Minotaure. De quoi exacerber la jalousie classique d’une fratrie et nous offrir quelques dialogues savoureux à suivre.
Car Lily est encore une fois l’héroïne de l’histoire, ce qui n’est pas vraiment au goût de son frérot qui ne manquera pas une occasion de la rabrouer ou de vouloir retourner l’histoire selon ses propres desiderata. Des débats endiablés que nous avons la possibilité de trancher. Et si ces séquences n’ont hélas pas de réel impact, elles permettent d’offrir un cachet supplémentaire au jeu et ont le mérite de nous faire nous attacher aux protagonistes.
Heureusement que ces petites pastilles sont présentes d’ailleurs puisqu’elles seront quasiment le seul point d’originalité du récit. L’écriture a beau être très sympathique, avec des touches d’humour distillées ici et là, elle peine à camoufler la faiblesse de l’histoire dont on devinera pratiquement tous les pans après quelques minutes de jeu seulement.
Alors certes, l’aspect scénaristique n’est pas vraiment le premier intérêt d’un Zelda-like, mais pour Blossom Tales 2: The Minotaur Prince, il sonne un peu comme un rendez-vous manqué dans l’optique de se démarquer. Pire encore, on est pratiquement sur une copie carbone d’une aventure de Link. Et autant pour le jeu, cela peut se tenir, avec ce papy qui invente une histoire en s’inspirant d’un jeu auquel il aurait pu jouer dans sa jeunesse, autant du point de vue du joueur, on pourra pester face au manque de créativité ou même seulement d’envie des développeurs de proposer autre chose.
On aurait pu par exemple imaginer jouer alternativement Lily ou Chrys, ou même avoir un quelconque impact sur le déroulé de l’histoire, au-delà des quelques choix sans grand intérêt auxquels nous avons eu droit. Dommage. On doit donc se contenter d’une aventure vue et revue alors que la place était béante pour vraiment surprendre.
…Link avec un nœud rose
Ce qui compte réellement lorsque l’on se lance dans un jeu d’aventure de ce type, ce sont les péripéties que l’on va vivre au fil des heures, les donjons à explorer et leurs énigmes retorses ainsi que les moults secrets à découvrir sur la carte. Sur ces points, Blossom Tales 2 a de belles qualités à faire valoir en se rapprochant beaucoup – et c’est un euphémisme – de The Legend of Zelda: Link’s Awakening.
Le plaisir reste néanmoins constamment présent. Le rythme du jeu n’a jamais faibli pendant la quinzaine d’heures qu’il nous a fallu pour en voir le bout et chacun des donjons s’est révélé particulièrement plaisant à explorer. C’est à notre sens la plus belle qualité du jeu, d’ailleurs. La difficulté des énigmes est très progressive et leur résolution est très gratifiante. On peut louer le travail des équipes de Castle Pixel qui ont réussi à proposer un excellent équilibre dans la difficulté des puzzles rencontrés.
Malgré cela, on ne peut empêcher à ce sentiment de déjà-vu d’être omniprésent. Les références au hit de Nintendo sont légion et pas très subtiles. Dès la première seconde de jeu jusqu’à la dernière, on a presque l’impression de jouer à un jeu créé par des fans de la saga qui risquent de recevoir à tout moment une lettre des avocats de Big N. Entre les équipements, les quarts de cœur à collecter, certains personnages clairement copiés, les animations de Lily, et on en passe, Blossom Tales 2: The Minotaur Prince ne cherche même pas à cacher sa filiation.
Alors oui, il y a bien quelques timides tentatives pour se différencier, comme avec cette barre d’endurance qui permet d’esquiver les ennemis ou d’utiliser les objets (bombes, flèches…) à l’infini sans se soucier d’un quelconque inventaire. C’est dommage, car il y avait tellement de choses à faire.
Ce qui est surtout rageant, c’est que Blossom Tales 2: The Minotaur Prince ne se donne même pas le peine de corriger certains problèmes de l’époque Game Boy Color ou Super NES. On pense notamment à la gestion de nos équipements. Alors que les gâchettes auraient pu être mises à profit pour y assigner certains objets dont on a très souvent besoin, comme la pelle ou la canne à pêche, celles-ci restent inutilisables et on se retrouve à régulièrement aller dans le menu pause pour modifier nos deux seuls boutons modifiables.
Le spectre de The Legend of Zelda: Link’s Awakening plane au-dessus de Blossom Tales 2: The Minotaur Prince. De A à Z, on a l’impression de se retrouver face à un clone sans ambition du titre de Nintendo. On est amené à regretter très souvent le manque de créativité et d’originalité du jeu, laissant penser que les équipes de Castle Pixel ont un peu trop pris au pied de la lettre le côté Zelda-like.
Heureusement, l’ensemble reste d’excellente qualité et les différents donjons, même s’ils restent structurellement plus simples que ceux explorés par notre Hylien préféré, ont vraiment réussi à nous convaincre. Même la carte du monde, plutôt petite de prime abord, se révèle particulièrement dense avec de nombreux secrets à découvrir. Les fans chevronnés de The Legend of Zelda pourront éventuellement y trouver leur compte, quoique, malgré l’humour d’une narration agréable à suivre, une certaine frustration pourrait rapidement poindre.
De là à dire que Blossom Tales est à la série The Legend of Zelda ce que Tingle est à Link, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Quoi qu’il en soit, comme c’était le cas avec le jeu sur Tingle (Freshly-Picked : Tingle’s Rosy Rupeeland sur Nintendo DS), Blossom Tales 2: The Minotaur Prince, malgré ses soucis, nous a offert une agréable aventure.