Avec Atelier Sophie 2: The Alchemist of the Mysterious Dream, le studio japonais Gust vient enrichir la très longue série des Atelier qui existe depuis 1997. Avec 25 titres à son effectif, la série Atelier propose un système d’alchimie lui permettant de se distinguer avec un univers enchanteur et des personnages plutôt travaillés. Énième suite sans valeur ou coup de fraîcheur sur la série, voyons donc si le titre vous propulse dans un doux rêve ou dans un cauchemar ?
(Test de Atelier Sophie 2: The Alchemist of the Mysterious Dream sur PS4 réalisée via une copie du jeu fournie par l’éditeur)
Qu’est-ce qu’il y a dans le chaudron ?
Soyons clairs, Atelier Sophie 2: The Alchemist of the Mysterious Dream ne réinvente pas la série Atelier, d’autant plus qu’il s’agit d’une suite du précédent opus Atelier Sophie: The Alchemist of the Mysterious Book. Mais, alors, quoi de nouveau à part un énième opus de la série Atelier ? Pas grand-chose, à part un nouveau système d’affrontement dont le topo sur papier est de proposer des combats dynamiques qui viennent compléter la recette magique du rêve.
Les combats au tour par tour essaient tant bien que mal d’apporter du dynamisme en proposant un groupe de six membres scindés en deux, une équipe d’assaut et une équipe de soutien. Les alliés dans l’équipe de soutien vont pouvoir intervenir en suggérant des actions, ou encore les « actions jumelles » impliquant deux personnages permettent d’apporter une plus-value pour faire un maximum de dégâts en peu de tours.
Les éléments du titre fonctionnent plutôt bien ensemble mélangeant l’exploration, les combats, l’inévitable collecte de matériaux et bien sûr l’alchimie, fil conducteur des jeux de la série Atelier. Ajoutez une pincée de jolis paysages et des musiques enchanteresses et ce mélange aurait pu être la bonne recette pour créer un titre idéal, reprenant fièrement le flambeau en allant plus loin.
Hélas, ce n’est pas le cas. Lorsque l’on arrive à une telle bibliothèque de softs (25 !), nous pouvons très bien comprendre que les développeurs se contentent d’un genre qui visiblement marche bien, même si la série est moins connue en occident, la licence fonctionne plutôt bien au Japon. En partant de ce principe, est-ce que le studio Gust a un excès de confiance ou tout simplement ne cherche pas à innover puisque sa recette marche bien ?
En effet, avec Atelier Sophie 2, le studio ne semble plus vouloir trop prendre de risques en repartant sur des bases améliorées du premier Atelier Sophie. On ressent la volonté des développeurs d’avoir plutôt préféré fignoler le gameplay à défaut de l’avoir repensé. Si vous avez joué à plusieurs opus de la série Atelier, dont les derniers avec l’héroïne Ryza, vous avez peut-être remarqué quelques écarts qui n’ont pas forcément bien été accueillis, notamment le système de création et d’alchimie qui avait été complexifié avec des arborescences d’éléments et d’améliorations qui avaient apporté un vent de frais. Même si le système était séduisant, celui-ci avait été jugé un peu trop complexe pour les néophytes de la série.
Avec cet opus, le studio Gust marque également un tournant pour la série et une transition lente vers la modernité avec les environnements des zones d’explorations qui sont un peu plus détaillés : l’ensemble reste travaillé même s’il ne faut pas s’attarder sur certains détails. De même, on retrouve la fantaisie à la japonaise dans Atelier Sophie 2, car ne l’oublions pas, il s’agit d’un J-RPG avec ce que cela implique. Même si certains thèmes moralisants ou larmoyants peuvent revenir, nous pouvons toujours nous attendre à de l’humour avec des personnages atypiques, surtout l’humour qui est la marque de fabrique de la série. Dans le dernier Atelier Ryza 2, le studio s’était écarté de ce fil rouge avec des dialogues bourrées de banalités et un ton qui était beaucoup trop candide poussant le joueur à passer les dialogues. Ce n’est plus le cas dans Atelier Sophie 2 et qu’est-ce que c’est plaisant d’avoir des dialogues davantage réfléchis avec de réels enjeux, des personnages qui sont davantage réfléchis et construits.
Une nouveauté qui est la bienvenue dans cet opus est la disparition des chargements lorsque l’on entre dans un combat, cela permet d’engendrer beaucoup moins de ralentissements et se faisant, de ne pas briser l’immersion du joueur permettant une grande fluidité entre les phases d’explorations et de combats.
Le rêve, un moment de relaxation
Si vous êtes à la recherche d’adrénaline, nous vous conseillons de passer au rêve suivant. Dans Atelier Sophie 2, grâce notamment à des paysages de rêves emplis de magies et de couleurs chatoyantes, ainsi que des musiques merveilleuses, vous allez pouvoir passer un moment de détente et concocter vos meilleurs objets et diverses potions.
Ce moment de détente est renforcé notamment avec des mécaniques de jeux simples et des combats très vite automatisés pour, finalement, hormis les combats de boss, n’être présents que pour que vous puissiez récolter des ressources afin d’imaginer des recettes et les réaliser. D’ailleurs, pour un moment de détente idéal, posez votre cerveau car dans Atelier Sophie 2, pas besoin d’adopter une stratégie de combat très élaborée pour s’en sortir. Pour ce qui est des « combats de boss », ce ne sont pas tellement des combats uniques avec des créatures spécifiques, ce sont, pour la plupart des monstres avec une aura particulière les rendant à peine plus coriaces que leurs congénères.
En parlant des mécaniques de jeu simple, on peut évoquer la simplicité avec laquelle le joueur peut utiliser le chaudron et réaliser les recettes grâce à une alchimie très intuitive. Cette dernière offre la possibilité au joueur de ne pas être frustré par l’élément principal d’un jeu dit « Atelier ».
De plus, toute cette facilité résulte d’une aisance à suivre le scénario mystérieux et qui, malgré des mécaniques qui pourraient nous lasser, parvient à intriguer et donne envie de continuer à jouer pour en découvrir plus sur l’histoire de nos protagonistes.
Ré-enchanter le rêve Atelier ?
Atelier Sophie 2: The Alchemist of the Mysterious Dream est le 25e opus anniversaire de la série Atelier. Au bout de 25 titres d’existence, nous pouvons nous demander s’il ne serait pas temps de ré-enchanter le rêve Atelier en réinventant la licence sans altérer l’identité principale des titres. Ainsi, pour un éventuel prochain opus qui sortirait sur la nouvelle génération de consoles, les développeurs pourraient changer quelques ingrédients de la recette « Atelier » en commençant tout simplement avec les combats qui pourraient être moins automatisés avec des vraies mécaniques de stratégies et de réflexion en utilisant à bon escient les compétences et l’arsenal de chaque personnage.
Il s’agirait de conserver ce système d’équipes d’assaut et de soutien mais de le dynamiser et de le rendre quasiment indispensable en renforçant le côté tactique et surtout en augmentant la difficulté. Nous pourrions envisager également un système d’alchimie, centre névralgique de la série « Atelier » qui serait davantage poussé et réfléchi au-delà d’une simple entraide entre personnages et de sorte de puzzles.
Au-delà de ça, nous n’oublions pas que la série « Atelier » vise un type de public particulier, c’est sûr que si vous êtes un adepte des Souls-like, vous allez vous ennuyer. Le jeu est destiné à une cible de joueurs et de joueuses qui ne jouent qu’occasionnellement et qui, quand ils prennent la manette, n’ont pas spécialement envie de réfléchir et peut-être juste d’échapper à un quotidien angoissant en se plongeant dans un monde magique.
Avec un univers enchanteur et une bande son magique, Atelier Sophie 2: The Alchemist of A Mysterious Dream saura vous happer dans une épopée colorée et dans un moment de détente. Pour autant ce moment de détente pourrait être altéré par la lassitude vis-à-vis des mécaniques de jeu faciles voir même simplistes qui viendraient nuire à votre expérience de jeu.
Il est difficile pour une suite de se distinguer des précédents opus, d’autant plus lorsque l’on prend en compte l’énorme bibliothèque que propose la série « Atelier ». Si l’on met de côté la cible à quelle le titre s’adresse, il serait peut-être le temps pour le studio japonais Gust de ré-enchanter le rêve Atelier en revisitant le genre et proposer quelque de frais sans pour autant mettre de côté le style JRPG et l’identité de la série.