Le registre militaire ne surprend plus quand on parle de Eugen Systems. Après une bien longue escapade dans le XXème siècle avec la série Wargame et R.U.S.E, l’équipe française revient avec un titre qui nous est contemporain ou un poil futuriste : Act of Aggression. Le nom du jeu ainsi que son contexte ne sont pas sans rappeler Act of War: Direct Action sorti 10 ans plus tôt et conçu par les mêmes développeurs. Ayant passé quelques dizaines d’heures sur ce dernier ainsi que sur Command & Conquer: Generals, j’étais assez impatient de me lancer dans Act of Aggression, tant il paraissait être une remise au goût du jour de ces deux excellents RTS.
Test de Act of Aggression sur PC
Fuck yeah U.S.A
Passons rapidement sur le scénario d’Act of Aggression qui n’est certainement pas le point fort du jeu. En 2025, un puissant groupuscule, appelé le Cartel, a déjà mis à genoux deux des plus grandes puissances mondiale (la Chine et la Russie) et décide maintenant de s’attaquer aux USA. On se retrouve alors à la tête de la Chimera, une sorte de force armée financée par l’ONU chargée de mettre un peu d’ordre dans cette situation franchement compliquée. Bien évidemment, cette organisation n’a pas du trouver bon de prendre en chasse le Cartel avant que celui-ci ne s’attaque à l’Oncle Sam, qui constituera d’ailleurs la troisième faction du titre. Les americanophobes seront toutefois contents d’apprendre que seulement deux arcs sont disponibles dans la campagne : Le Cartel et la Chimera. On vivra, en fait, le scénario du jeu depuis les deux points de vue, ce qui est une ficelle classique mais sympathique pour vivre l’histoire d’Act of Aggression, sans pour autant la rendre inoubliable. En effet, malgré l’utilisation répétée de faux flashs d’information et de briefings assez verbeux, celle-ci peine à impliquer le joueur lors de la grosse dizaine d’heure nécessaire à sa complétion. On appréciera tout de même les objectifs certes classiques mais variés proposés par la campagne : escortes, nettoyages de zones, sécurisation, etc. On apprend naturellement le gameplay, de nombreux tutoriels sont présents, et les approches proposées par le jeu évolueront en même temps que le niveau du joueur : de l’infanterie, on passera aux véhicules blindés puis aux hélicoptères. Quelques super-armes, malheureusement finalement peu puissantes, sont également disponibles. On aura donc le plaisir de balancer une volée de missiles sur la base ennemie pour finir de la détruire. Chaque mission bénéficiera d’un ou deux objectifs secondaires. Souvent ardus, seuls les chasseurs de succès prendront le temps de recommencer 2 ou 3 fois une mission pour finalement les réaliser. Le mode solo d’Act of Aggression se laisse donc jouer tranquillement, sans vraiment nous offrir la meilleure expérience vidéoludique de ces dernières années. En réalité, il s’agit plus d’une grosse mise en bouche pour le plat principal : le multijoueurs.
Heavy Metal
Dès qu’on passe sur le de mode multijoueurs du jeu, sa richesse est assez étonnante. On a ainsi la joie de se mettre sur la tronche contre une IA et/ou contre des joueurs sur 20 cartes différentes. Un mode classé en 1VS1 ou 2VS2 est disponible et chaque profil bénéficie d’un grade lié à ses performances ainsi que d’un niveau. Le chat, accessible depuis le menu principal, est idéal pour trouver un adversaire et la communauté, vraiment très accueillante, semble toujours prompte à vous aider ou à vous exterminer.
Toutefois, contrairement au mode solo, il ne s’agira pas d’immédiatement aller compter fleurette à coup de missiles à vos adversaires. Il faut donc passer par l’inévitable phase de macro-gestion en début de partie. Trois ressources sont présentes : pétrole, aluminium et terre rare. Toutes disposées aléatoirement sur la carte en début de partie, il s’agira de sécuriser les zones les plus riches en ressources le plus vite possible pour voir notre QG apparaitre et donc commencer la construction de notre base, et surtout de notre armée. Cependant, une variante bienvenue, également présente en campagne, rythme bien plus le début de partie : la présence d’une banque. En effet, lorsque elle est sous votre contrôle, elle apporte régulièrement du pétrole, ressource de base du jeu et avantage visuel non négligeable. Eugen Systems réussit donc à lier la variable ressource à la variable contrôle, et la banque devient très rapidement le lieux d’affrontements stratégiques entre les joueurs. Act of Aggression donne beaucoup de paramètres à prendre en compte mais reste accessible aux newbies sans pour autant laisser les hardcore gamers sur le carreau. Si on se prend défaite sur défaite lors des premières parties on finit par s’habituer au gameplay, et à prendre les réflexes nécessaires pour arracher la victoire. Pas besoin, donc, d’être à 250 actions par minute pour gagner. On remerciera d’ailleurs les développeurs d’avoir créé trois factions réellement équilibrées et ouvertes à divers styles de jeux. On ne pourra s’empêcher, cependant, de s’énerver sur certains choix de design discutables. Les amateurs de StarCraft mangeront probablement leurs chapeaux lorsqu’ils verront sur leur écran des unités pouvant se rendre invisibles.
Coup bas
Alors qu’Act of Aggression nous offre des batailles à grande échelle visuellement intenses, rien, en réalité, n’encourage les attaques massives tant elles sont coûteuses en énergie et en hommes. On préférera réaliser plusieurs petites escarmouches pour prendre en tenailles un groupe ou une base ennemie, positionner ses snipers pour affaiblir un convoi plutôt qu’envoyer une dizaine de chars en combat frontal. Cette manière de jouer, bien plus gratifiante qu’un rush zerglings, atteindra toutefois son apothéose lorsqu’on détruira un point économique adverse via une frappe aérienne, ou plus simplement lorsqu’on quittera sa base en ruines.
Peut-être un peu trop exigeant techniquement pour ce qu’il affiche, Act of Aggression nous offre toutefois un joli tableau. On se plaira, en effet, à zoomer pour mieux observer nos unités bien détaillées ou pour simplement mieux remarquer le rapport de forces sur le terrain, l’échelle de base étant un poil trop élevée. Peut-être un peu trop austère, le design graphique global permet cependant de facilement faire la différence entre chaque unité et chaque faction et ainsi ne pas se perdre dans l’action. Peut-être un peu trop omniprésentes, les explosions sont très réussies mais auront tendance à cacher certaines unités, ce qui peut être décisif lors de certaines escarmouches. Enfin, les francophiles seront déçus d’apprendre l’absence de localisation française tandis que les mélomanes se plaindront d’une musique kitsch, qui ne convient pas forcément à l’action du jeu.
Conclusion Act of Aggression
Si l’âge d’or du RTS n’est pas de retour, contrairement à ce qu’affirmait Eugen Systems, les développeurs français accouchent ici d’un jeu plaisant à prendre en main, accessible pour les néophytes mais pas inintéressant pour les habitués du genre. Malgré une campagne en demi-teinte, Act of Aggression nous offre un multijoueurs réellement accrocheur qui saura satisfaire les nostalgiques de Command & Conquer: Generals.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à vous rendre sur le site officiel d’Act of Aggression.