Sur le gong ! Microsoft avait jusqu’au 18 juillet pour conclure son accord avec Activision-Blizzard-King, sans quoi, l’affaire devait être revue et renégociée, et on repartait pour un tour. La FTC, l’organe américain de contrôle de la concurrence, qui était opposée à l’acquisition, a tenté un coup de poker en réussissant à obtenir un blocage temporaire de l’accord jusqu’à ce que le procès qu’elle avait intenté soit jugé. Hélas (pour les oppositions)/Tant mieux (pour les supporters), l’affaire a pris bien moins de temps que l’on ne l’imaginait, et la décision a été rendue hier : la FTC est déboutée de sa demande de blocage, et le rachat d’Activision-Blizzard par Microsoft est validé sur le territoire américain.
Une décision qui intervient après que de nombreuses administrations ont validé l’acquisition, en posant plus ou moins de conditions : la Chine, le Japon, l’Union Européenne, et encore récemment la Corée du Sud avaient accepté que le constructeur américain s’offre l’éditeur. Seul le refus des autorités britanniques avait fait parler de lui. C’est d’ailleurs la prochaine étape avant que l’accord soit définitivement entériné : gérer le « problème anglais ».
Microsoft a fait appel de la décision de la CMA (Competition and Market Authority), mais on ne sait pas quand l’audience pourrait avoir lieu. Certains observateurs imaginent que le constructeur américain pourrait contourner le refus du Royaume-Uni en séparant ses activités actuelles de celles d’Activision-Blizzard sur le territoire britannique. Cela signifierait, par exemple, que les jeux ActiBlizz n’apparaîtraient pas au catalogue du Game Pass pour les résidents du Royaume-Uni. Du moins, le temps que l’appel ait lieu.
Une stratégie de contournement qui permettrait à Microsoft de mettre immédiatement à profit le rachat partout ailleurs, et ainsi d’intégrer des jeux Activision au Game Pass : Call of Duty, évidemment, dont on aura beaucoup parlé, mais aussi Crash Bandicoot, Sekiro, Tony Hawk, ou encore Overwatch ou Diablo. On se souvient que le rachat de Bethesda avait été immédiatement célébré par une salve de jeux mis à la disposition des abonnés au Game Pass. Il faut néanmoins garder à l’esprit que la grosse actualité de rentrée pour Xbox sera la sortie de Starfield, une sortie que Microsoft ne voudra probablement pas amoindrir en la polluant d’autres annonces.
Et pour les autres ? Microsoft s’est engagé à continuer à publier des jeux Activision-Blizzard sur les autres plateformes. Si les promesses n’engagent bien entendu que ceux qui y croient, on imagine bien qu’Xbox peut trouver un intérêt à continuer à vendre des palettes de Call of Duty aux joueurs PlayStation. D’autant qu’il gardera un avantage de poids : on pourra jouer à CoD sur Xbox dès 10€ (le prix de l’abonnement au Game Pass), en ayant en plus accès à tous les autres jeux du catalogue, contre 80€ pour le jeu seul sur PlayStation… On imagine aussi, par contre, que certains jeux Activision-Blizzard, et notamment d’éventuelles nouvelles licences, pourraient devenir exclusives à l’écosystème Microsoft.
Et cette situation qui pourrait permettre à Xbox de regagner quelques parts de marché pourrait (devrait ?) aussi faire réagir PlayStation, qui déçoit passablement en termes d’exclusivités depuis la sortie de la PS5, et pousser le constructeur japonais à redoubler d’efforts pour décupler son offre vidéoludique. C’est en tout cas ce qu’on espère. Les mois qui viennent s’annoncent mouvementés et passionnants.