On vous avait déjà averti dans nos lignes qu’Insomniac Games avait été pris en otage par des personnes mal intentionnées souhaitant révéler au grand public des documents confidentiels et des travaux en cours sur le prochain Wolverine. Les menaces des black hats ont été mises à exécution cette semaine et plusieurs informations circulent désormais librement sur l’Internet sauvage.
Un effet Streisand certain et une soif de visibilité sur les réseaux sociaux, tristement systématique, ont donné lieu à une trop grande exposition du leak de chez Insomniac. Sans vouloir participer ici à une forme de relais et récompenser la malveillance de hackers, nous nous essaierons à un réel travail de funambule : faire notre travail sans endosser le rôle du vautour picorant les informations de la dépouille.
Vous ne trouverez ici aucun spoil, car nous n’avons pas cherché à en savoir plus sur les images dérobées par Rhysidia, le groupe de hackers. Néanmoins, quelques informations intéressantes sur la relation entre Insomniac Games et Sony, le ressenti de Sony sur le modèle économique du Game Pass et la perception globale de la concurrence valident les vagues idées que l’on pouvait avoir de la politique de Sony. Car on peut déjà dire ici, en guise de préambule, que pour peu que vous suiviez les événements de l’industrie du jeu vidéo, vous ne tomberez pas de votre chaise.
On sait qu’Insomniac est un allié de taille pour Sony. Le studio est un pilier historique sur lequel Sony se repose de plus en plus. Si l’on retrace son histoire, on voit que les jeux du studio sont emblématiques pour la console nipponne : Spyro, Ratchet & Clank, et pour finir Marvel’s Spider-Man (2018). Resistance 3 (2011) ? Disons que tout le monde a le droit de se louper et que le jeu aura le mérite d’être à l’image de sa console : oubliable.
Si Spyro est avec Crash Bandicoot une des mascottes de la PS1, Ratchet & Clank (2002) est lui aussi un des premiers jeux de la PS2. L’histoire se répète vingt ans plus tard avec Ratchet & Clank: Rift Apart (2021) qui fut un des jeux de lancement phare de la PS5, petit clin d’œil aux fans nostalgiques de l’aura de la PS2 ? Sans nul doute.
Marvel’s Spider-Man sera, quant à lui, l’un des jeux les plus vendus de la génération PS4 (20 millions d’exemplaires vendus, ex aequo avec GTA 5) et clôt sereinement la génération, même si la bascule entre les générations PS4 et PS5 reste encore timide, et ouvre la voie vers la PS5 avec un stand-alone solide sur ses appuis intitulé Marvel’s Spider-Man: Miles Morales (2022).
Insomniac se révèle donc un allié de choix, aussi bien sur le long terme que sur des générations de consoles différentes. Le studio est populaire et les talents solides : Sony capitalise et solidifie les liens.
Depuis le récent Spider-Man 2 (2023), les fans rêvent doucement non pas d’un MCU, mais d’un MGU (pour Marvel Gaming Universe) délivré par le studio nocturne. Le projet Wolverine confirme l’hypothèse et le succès encore retentissant du dernier jeu de l’homme araignée, et souligne la probabilité du projet. Pourtant, les documents volés restent en demi-teinte.
Ils soulignent avant tout la complexité des droits de propriété intellectuelle Marvel, mais démontrent une réelle limitation de la concurrence de la part de Sony. Marvel ne peut sortir des jeux affiliés à son univers 45 jours avant et après une sortie d’un jeu Insomniac Games Marvel et Marvel se retrouve limité à la réédition de jeux anciens et tournés vers les enfants.
En échange, Marvel récolte des royalties assez conséquentes à chaque vente de jeux Insomniac Games Marvel (aux alentours de 25%). Tout le monde s’y retrouve. On retrouve quelques exceptions ici et là sur des exclusivités chez Xbox, mais la poule aux œufs d’or semble avoir définitivement élu domicile chez PlayStation, car des jeux Venom, Wolverine et X-Men seraient en gestation.
Les documents du leak de chez Insomniac nous apprennent les coûts de production de Spider-Man 2 (on vous avait promis que vous ne tomberiez pas de votre chaise, mais accrochez-vous tout de même pour cette perturbation : 300 millions de dollars), l’incrédulité de Sony face au Game Pass, les conclusions des ventes sur Steam et une analyse de la concurrence notamment par rapport à Google Stadia.
Concernant le Game Pass et le PlayStation Plus, Sony mise avant tout sur une fraîcheur payée au prix fort plutôt que sur la cannibalisation d’une offre mensuelle comme le Game Pass qui permet l’accès à des jeux day one pour un prix dérisoire. Deux stratégies fondamentalement différentes qui donneront forcément raison à l’un des deux belligérants tôt ou tard. On relève également la trace d’inquiétudes quant au rachat d’Activision Blizzard King à l’horizon 2027, qui influencerait négativement leurs ventes de consoles et l’attractivité de leur abonnement.
Pour finir, douce époque, on a pu relever de grandes quantités de fake news jointes à ce leak. On parlera ici d’un jeu Wolverine jouable sur Xbox, là d’exclusivités Sony à 100 € pour le jour du lancement et d’autres bizarreries. Douce époque toujours où il est apparemment de bon ton de tirer à boulets rouges sur Microsoft quand on est détenteur d’une PS5 et où reprocher une baisse de 5 FPS sur la console adverse relève du sacerdoce, quitte à arrondir les angles ou mentir éhontément. Tout ça mis bout à bout, on se rend compte qu’on est bien chez New Game Plus, non ?
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