Depuis le 2 mai dernier, la WGA (Writer’s Guild of America) a annoncé la mise en route d’une grève après l’échec des négociations entre eux et les principaux diffuseurs de séries issues de la télévision traditionnelle, mais aussi des plateformes de SVOD. Les revendications principales concernent la rémunération, jugée trop faible par le syndicat, mais sont également évoquées la menace de l’intelligence artificielle de plus en plus performante. Alors que les coûts alloués à la production sérielle sont en hausse de manière exponentielle (voir la série The Rings of Power), ceux dédiés à l’écriture sont en revanche en baisse.
Voilà pour le monde du cinéma et de la télévision. Pour ce qui est du monde du jeu vidéo, cette grève a surtout mis en lumière les disparités existantes entre les deux médiums et leur vision du métier de scénariste. La première raison étant que les scénaristes de jeux vidéo ne font tout simplement pas partie de la WGA, mis à part peut-être certain(es) qui seraient passés de la télé au jeu vidéo et auraient obtenu leur précieux sésame entre-temps. Cette dernière a même décidé en 2019 de supprimer la catégorie récompensant l’écriture vidéoludique, une catégorie existant depuis 2008.
Si la grève a certainement créé un élan de solidarité et de fraternité entre les scénaristes de la WGA, les scénariste de jeux vidéo se plaignent en revanche d’une vision caricaturale de leur métier. Mary Kenney s’en est d’ailleurs récemment amusé sur son compte Twitter. La scénariste du prochain jeu dédié au glouton Wolverine pour Insomniac raconte recevoir de plus en plus de demandes de scénaristes traditionnels voyant dans le jeu vidéo un potentiel échappatoire. Malgré cela, ces derniers n’ont pas pu s’empêcher d’évoquer une suite de poncifs témoignant d’un véritable mépris pour le milieu.
Il est vrai que le métier de scénariste de jeux vidéo est particulier. Il ne s’applique pas à tous les types de jeux et peut parfois être confondu et/ou mélangé avec des postes de game designer ou même de narrative designer. Cette classification professionnelle est encore embryonnaire et se trouve aussi au cœur de nombreux débats vidéoludiques acharnés sur la meilleure manière de raconter une histoire entre le gameplay et les cinématiques. Malgré ce flou sémantique, de nombreux jeux ont su se distinguer grâce à leur qualité d’écriture, que ce soit The Witcher 3, The Last of Us ou encore What Remains of Edith Finch pour ne citer qu’eux.
À l’heure où la question du crunch au sein des studios n’est toujours pas complètement réglée et où la question de la création de syndicats puissants pour les acteurs du jeu vidéo en est encore à ses débuts (les premiers syndicats ont été créés en 2022), on pourrait attendre de la part d’autre créateurs d’œuvres artistiques un élan de solidarité ou du moins une considération pour d’autres travailleurs aussi sous le joug d’entreprises surpuissantes.
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