Foundryside est le premier volume d’une trilogie en devenir, dont le tome 2 est sorti au printemps dernier, tout pile pour nous aider à faire face au confinement. Le roman s’inscrit dans le genre fantasy, mais a le bon goût d’emprunter à d’autres genres de la littérature de l’imaginaire : le steampunk, avec sa technologie rétro imaginaire à la limite de la magie, le cyberpunk et ses corporations toutes puissantes qui ont phagocyté les gouvernements, et le polar, avec son scénario à rebondissements ayant en arrière-plan, discret, mais bien présent, la critique d’une société inégalitaire qui ressemble parfois à la nôtre…
Dans Foundryside, on n’a pas d’électricité, mais une technologie ancienne partiellement maîtrisée qui permet de tordre la réalité en commandant aux objets. Par exemple, on peut « faire croire » à un objet que la gravité a moins de prise sur lui que la normale pour le faire s’envoler. On peut poser une balise à un point, et indiquer à un chariot, par exemple, qu’il est comme aimanté à cette balise pour qu’il rejoigne automatiquement ce point. On peut commander à une porte de ne s’ouvrir qu’en présence d’un certain individu…
Cette technologie particulière s’utilise en gravant des ordres sur une petite plaque qu’il faudra fixer à l’objet qu’on souhaite contrôler. La maîtrise de la grammaire de ces ordres, et la capacité à les graver est un talent très recherché à Tevanne, la grande cité où se passe l’histoire.
Les armoiries des grandes Maisons de Tevanne.
Sancia, l’héroïne de l’histoire, ne possède pas ce talent. Mais elle est capable de « lire » mentalement les ordres donnés aux objets. Cette perception des choses, dont elle l’ignore l’origine, fait d’elle une voleuse extraordinaire : en posant simplement le doigt sur le mur d’une maison, elle saura où est chaque objet possédant une plaque gravée, et son effet. Elle sera aussi capable de voir les armes gravées des soldats, se faisant une idée assez claire de leur position. Elle saura ainsi pénétrer des lieux, s’emparer de son butin, et disparaître sans même être aperçue… quand tout se passe bien.
Au début de l’aventure, Sancia sera chargée de voler un coffret. Ce qu’elle fera très facilement grâce à ses dons. Cependant, curieuse, elle ira à l’encontre des indications qui lui ont été données et s’intéressera au contenu de la boîte, pour découvrir un mystérieux artefact qui lui « parlera » à travers sa compétence particulière. Et cela ne sera que le début d’une grande aventure où seront convoqués les seigneurs de Tevanne, des dieux, et même le Temps !
Pourquoi a-t-on besoin d’un jeu basé sur les romans Foundryside ? Tout simplement parce que cette histoire possède tous les ingrédients nécessaires au développement du meilleur Assassin’s Creed-like possible ! La grande cité de Tevanne, avec les forteresses des grandes Maisons (les « corporations ») et leurs politiques propres, mais aussi son port et ses quartiers pauvres serait un incroyable terrain de jeu. Mais surtout, cette technologie quasi-magique est un véritable champ des possibles en termes de gameplay.
Tout en respectant à la lettre l’univers des romans de Robert Jackson Bennett, le joueur pourrait apprendre différentes gravures au fur et à mesure du jeu, complexifier celles qu’il maîtrise déjà pour affiner un style de jeu (offensif, discret, au contact, à distance, etc.). Renforcer sa hache pour la faire frapper cent fois plus fort et défoncer cette porte d’entrée, ou graver une clé pour lui faire croire que chaque serrure est celle qu’elle ouvre, et en faire un vrai passe-partout ? Ou graver ses bottes pour qu’elles nous portent au-dessus de cette muraille… Mais oups ! On n’avait pas pensé à l’atterrissage…!
Des choses que certes, on connaît déjà, mais qui iraient tellement bien au monde de Foundryside. Et puis, la réussite de Ghost of Tsushima nous a montré ce que ces fondamentaux pouvaient être aussi fun qu’ils sont déjà vus, à condition d’être maîtrisés et bien utilisés.
En attendant qu’un studio entende notre appel, on ne peut que vous conseiller de vous plonger dans la lecture de Foundryside, l’un des meilleurs romans de fantasy qu’il nous a été donné de lire ces dernières années. Petit bémol : les deux tomes parus ne disposent pas encore de traduction, et il faudra les lire en anglais. Si un éditeur français a bel et bien déjà acheté les droits, il semblerait qu’il attende la livraison de la trilogie au complet pour se lancer dans la version française… Alors pour les anglophobes, du même auteur, American Elsewhere est un roman fantastique situé dans un tout autre univers, qui commence comme un policier et finit comme un Lovecraft ! Là encore, parfait pour la terrasse ou pour la plage !