Hearthstone, les filles aussi.
Petit tremblement de terre dans le monde de l’eSport : une fille vient de remporter l’équivalent des championnats du monde d’Hearthstone, les Grandmasters Global Finals, lors de la dernière BlizzCon ! C’est la joueuse chisoise Li « VKLiooon » Xiaomeng qui a signé cet exploit en écrasant son adversaire male américain Brian « Bloodyface » Eason avec le score sans appel de 3 à 0 ! « Bloodyface« , c’est celui qui le dit qui l’est…
Avec cette victoire, VKLiooon réussit non seulement l’exploit d’être la première fille à remporter une finale d’Hearthstone, mais aussi la première fille à remporter un championnat à la BlizzCon tous jeux confondus ! C’est un événement dont il faut à la fois se réjouir et s’attrister. En effet, les compétitions eSports sont mixtes, et les compétences que la discipline exigent devraient largement permettre aux filles de s’imposer au même titre que les garçons (la preuve avec la victoire de VKLiooon). Cependant, les faits nous montrent que ce n’est pas aussi facile.
La faute à l’industrie, d’abord, qui depuis presque 50 ans qu’elle existe s’est presque toujours adressée aux garçons (ou, quand elle tentait quelque chose de féminin, c’était souvent pour se foutre de la gueule du monde – voir la série des Léa Passion…). Les choses changent doucement, il devient de plus en plus systématique de pouvoir choisir son genre au début d’un jeu, par exemple, mais on n’efface pas 50 de mauvaise éducation en quelques mois…
Mais aussi la faute à la communauté, souvent toxique. On ne reviendra pas sur le Gamer Gate, l’affaire Weinstein des jeux vidéo, qui montre bien qu’il est encore difficile pour une joueuse de se faire sa place dans ce milieu particulièrement phallocrate. Les commentaires graveleux et misogynes qu’essuient régulièrement les joueuses en ligne sur les canaux de discussions ne doivent pas non plus les inciter à s’impliquer plus en avant. Résultat attendu, il y a bien moins de filles dans les compétitions que de garçons, et du coup bien moins de gagnantes…
En France, pays qui a écrit « égalité » sur le fronton de toutes ses mairies, ainsi que sur chacun de ses documents officiels, on a une équipe nationale d’Overwatch… 100% masculine ! Même constat chez la Team Vitality, qui revendique le titre de leader de l’eSport français, et qui avec 10 équipes différentes dans son pool et près de 50 joueurs n’accueille pas une seule fille dans les rangs de ces derniers…
Pour lutter contre ce déséquilibre aux allures de discriminations, de nombreuses compétitions ont mis en place des tournois féminins, plus sécurisants pour les filles, et pour lesquels les inscriptions sont souvent associées à une participation au tournoi mixte. Une façon de forcer un peu le destin. La victoire de VKLiooon sera peut-être aussi un coup de projecteur qui montrera aux filles qu’elles ont toute leur place dans le milieu. C’est en tous cas le message qu’elle a voulu faire passer :
« Et maintenant que j’en suis là, grâce au soutient des fans, je voudrais dire à toutes les filles qui rêvent d’eSports, de compétition, de victoire, si vous le voulez et si vous y croyez, oubliez votre genre et foncez ! » – Li « VKLiooon » Xiaomeng, Championne du monde d’Hearthstone.