Jusqu’où iront-ils pour ponctionner nos comptes en banque ? Voilà une question qui résonne hélas bien trop souvent depuis quelques années quand on observe les pratiques des grands studios et éditeurs de jeux vidéo. À peine avons-nous digéré une attaque, souvent justifiée par des arguments hautement discutables (ici une hausse du prix des jeux et des consoles, là une mise à jour annoncée gratuite finalement facturée ou encore récemment une hausse de plus de 25 % du prix d’abonnements sans plus-value, etc.) qu’une autre pointe le bout de son nez. Et c’est donc au tour des Early Access de passer sur le gril des services marketing.
Pourtant, le principe paraît bénéfique sur le papier, aussi bien pour les joueurs que pour les studios. Ces derniers, en mettant à disposition une version en cours de développement de leurs jeux, obtiennent de précieux retours d’utilisateurs ainsi que des fonds supplémentaires leur permettant de terminer leur jeu plus sereinement tandis que les bêta-testeurs ont pu s’offrir le titre à un prix préférentiel. Mais voilà, c’était trop beau pour durer et cette boucle vertueuse est en passe d’être détruite par quelques cupides financiers.
Nous avions évoqué ce risque lors de la sortie d’Hogwarts Legacy en début d’année, avec les versions collectors embarquant un accès anticipé au titre de quelques jours. Et malheureusement, ce que l’on redoutait se produit à présent à grande échelle. Dorénavant, la plupart des jeux conséquents, de Starfield à Baldur’s Gate 3 en passant par Mortal Kombat 1, ou encore Lies of P, proposent aux joueurs de débourser une dizaine d’euros, au moins, pour pouvoir partir à l’aventure avant le reste de la plèbe.
Ainsi, sous couvert du prétexte de « faire plaisir » à une partie de sa fanbase, l’éditeur y trouve d’autres intérêts, bien plus concrets. Au-delà du fait que ce soit une source de rémunération ne lui coûtant absolument rien, c’est aussi une attaque supplémentaire envers le format physique (et par ricochet envers le marché de l’occasion), ces Early Access étant très majoritairement vendus par le biais des stores numériques. Pas besoin de chercher bien loin un exemple, Lies of P, dont la sortie est programmée pour le 19 septembre prochain, dispose d’une édition deluxe exclusivement numérique permettant d’y jouer trois jours en avance.
Et ce qui devait être une forme d’altruisme réciproque joue à présent sur la jalousie et l’impatience des gens pour générer toujours plus d’argent. L’avènement des influenceurs et des réseaux sociaux y est pour beaucoup. Nombre de personnes, voyant leur voisin du web déjà jouer à un titre convoité, ont de bonnes chances de se laisser influencer, voire abuser, et d’eux-mêmes passer à la caisse (quel drame de ne pas pouvoir être dans les premiers à y jouer).
Voyez à quoi nous en sommes réduits. Et Microsoft l’a bien compris en allant même un peu plus loin avec Starfield et son Early Access vendu 35 € (!), offrant un accès au jeu (sous réserve de disposer, en plus, d’un abonnement au Game Pass) une petite semaine en avance tout en vendant déjà le futur DLC Shattered Space sur lequel on ne sait encore rien. Rarement le vent et les promesses ont été vendues aussi chères. Une pratique qui ouvre d’ailleurs la porte à la fin d’une autre promesse.
Rappelons-nous le concept du Game Pass : tous les jeux first party de Xbox sont proposés day one et sans surcoût aux abonnés. Cette parole est-elle toujours tenue alors qu’un Early Access de plusieurs jours est, quant à lui, vendu en plus de l’abonnement ? Clairement, le constructeur joue là sur la sémantique, car il parle bien d’accès anticipé et non de sortie, mais concrètement, il y a matière à débat, le Starfield du 1er septembre étant rigoureusement identique à celui du 6 septembre.
D’autant qu’il pourrait ne s’agir là que d’une première étape. Avec une mise à disposition d’à peine une semaine, la pratique peut rester tolérable, même si elle joue avec la ligne rouge, mais ce différentiel de disponibilité ne pourrait-il pas s’élargir encore, justifiant des tarifs de collectors et deluxes déjà particulièrement prohibitifs ? Et sommes-nous si loin d’un Xbox Game Pass Ultimate Premium, un nouvel abonnement, plus cher, ajoutant un accès anticipé à tous les jeux propriétaires du constructeur ? Que resterait-il alors de la promesse initiale du Game Pass ?
Bêta, accès anticipé, version gold… Quelles différences ?
Tortuga76ers
Test Starfield – Une démesure universelle
Léo Delacroix
PS Plus – Augmentation des tarifs et une fournée encore décevante
Al