Fraîchement annoncé lors de la dernière conférence EA Play, le remake de Dead Space a clairement été la star de l’événement en ligne. Pourtant, nous n’avons rien vu ou presque, et hormis les supports de sortie, nous n’avons rien appris de bien croustillant non plus. Il a fallu attendre la sortie d’une interview du producteur et du directeur créatif sur IGN quelques minutes après pour en apprendre un peu plus sur ce Dead Space nouvelle génération.
Frostbite Engine, audio 3D, aucun temps de chargement, scénario reprenant du lore de la trilogie originale, gameplay modernisé et séquences inédites seront donc au programme du remake avec en plus la promesse de retrouver une atmosphère proche de celle à laquelle on a eu le droit il y a douze ans avec plus de peur et de gore.
Voilà qui met l’eau à la bouche et qui nous permet de placer de gros espoirs dans cette nouvelle version, même si la question de la nécessité de faire un remake de Dead Space demeure selon nous. On vous propose là un petit retour douze ans en arrière avec en prime notre avis sur l’annonce de ce remake d’ores et déjà très attendu.
12 ans et toujours aussi fou
Dead Space est sans conteste LE survival horror AAA de la septième génération de consoles. Développé par Visceral Games, il nous proposait d’incarner un ingénieur du nom d’Isaac Clarke se rendant avec une petite équipe de sauveteurs à bord de l’USG Ishimura, un vaisseau brise-surface errant en orbite d’une lointaine planète et avec lequel toute communication a été coupée.
Très vite, tout ce petit monde se rend compte que l’engin est déserté de toute vie humaine, dans un état plus que déplorable et que des créatures assoiffées de sang et de chair y ont élu domicile. Loin de nous l’idée de vous dévoiler outre mesure l’histoire du jeu, car si elle n’est pas fantastique et est même plutôt classique, l’intrigue et ses retournements restent tout de même plaisants à suivre.
Ce que l’on peut en dire, en revanche, c’est que digne descendant spirituel d’un certain Resident Evil 4, Dead Space adoptait une caméra à l’épaule qui nous mettait d’emblée dans le cœur de l’action, et misait aussi bien sa réussite sur son ambiance horrifique que sur ses séquences de shoot parfois très intenses, le tout accompagné de quelques énigmes très correctes.
L’USG Ishimura était et est toujours aujourd’hui un espace de jeu au level design inspiré, à l’atmosphère froide, glauque, effrayante, d’une morbidité à en faire pâlir les morts. Les monstruosités déformées qui y résident arrivent de partout, de derrière, de devant, d’en haut, d’en bas, ou même des nombreuses gaines de ventilations qui peuplent le vaisseau. On est constamment sous pression, sur le qui-vive, et le sursaut n’est pas rare.
Le travail effectué sur le sound design y est de même pour beaucoup, avec d’innombrables bruits d’ambiance qui donnent l’impression que le vaisseau est vivant, le tout accompagné de râles et cris inquiétants résonants dans les coursives et de thèmes discrets, mais en totale adéquation avec le genre horrifique plongé dans un univers de science-fiction, et l’influence du long-métrage Alien et de sa bande-originale signée Jerry Goldsmith ne passe d’ailleurs pas inaperçue. Tout en sachant aussi partir vers d’autres horizons avec des symphonies très cuivrées et graves.
Nul intention de notre part d’en dire plus, nous ne sommes pas là pour refaire Dead Space de A à Z et en réécrire un test, mais vous l’aurez compris. Si le jeu a certes vieilli, il n’en reste pas moins encore aujourd’hui ultra efficace. Son gameplay a un peu pris des rides certes, est devenu un peu lourd, même vis-à-vis de sa suite directe, mais très sincèrement, il n’est en rien une barrière au jeu.
L’une des meilleures idées du titre tient d’ailleurs du fait que la pause est active, comme dans un Souls, se promener dans l’inventaire ne vous empêche pas de vous prendre une tatane dans la tronche par un visiteur venu d’ailleurs passant dans le coin. Chose qui sera reprise dans nombre survival horror par la suite.
De même que les séquences en zéro G, qui seront bien meilleures dans les suites, ont le mérite d’être originales et novatrices, à défaut d’être toutes passionnantes. Néanmoins, dès ce premier épisode, on ressentait la volonté des développeurs, le fantastique et défunt studio Visceral Games, de proposer de la diversité et d’exploiter le potentiel S-F de la licence et pas seulement le côté horrifique.
Des influences marquées
Dead Space est une licence très appréciée par les fans de survival horror et d’œuvres horrifiques en général. Non seulement parce qu’elle transporte la peur dans l’espace, mais aussi parce qu’elle renvoie à de nombreuses œuvres cinématographiques et littéraires cultes.
Alien (l’imagerie orangée du troisième film de David Fincher ayant même servi de source d’inspiration pour certaines séquences) , The Thing, Event Horizon sont des influences visibles et notables, mais on peut aussi mettre en avant Désolation de Stephen King (pour une partie du scénario) et les écrits de H.P Lovecraft, notamment pour la « secte » Unitologue et son culte du Monolith.
Beaucoup de terrains sur lesquels les développeurs ont puisé des ressources artistiques, thématiques et même auditives, sans pour autant que Dead Space en abandonne son identité. Le jeu en possède une qui est forte et unique en son genre dans l’écosystème du survival horror, si bien qu’aucun jeu tentant de singer son expérience n’a réussi à lui arriver à la cheville.
Dead Space a su créer sa propre mythologie, imposer ses codes narratifs aussi en s’inspirant là du survival horror, mais également de Bioshock et ses journaux audios par exemple. Et malgré un scénario un tantinet paresseux et un Isaac muet dans ce premier épisode, le jeu installe très facilement une ambiance glauque et pesante grâce à un univers bien construit et cohérent.
Alors, pourquoi un remake de Dead Space ?
C’est la question que nous nous sommes posée, une fois la grande joie passée suite à l’annonce. On est face à un chef-d’œuvre de l’horreur et il sera difficile pour EA Motive, studio qui relève le défi, de surpasser l’œuvre originale. Pourtant, il y a matière à être optimiste.
Pourquoi ? Tout d’abord parce que les personnes en charge du remake, au moins certaines, sont de vrais fans de la licence, comme le producteur du jeu Philippe Ducharme. Son ambition, et celle de son équipe, est de nous offrir un remake fidèle au jeu de base, tout en allant plus loin que ce dernier en nous proposant une aventure plus immersive, plus intense, plus horrifique et gore, ou encore en incorporant des éléments scénaristiques et de gameplay des épisodes qui ont suivi le premier dans ce remake.
Cela ne vous rappelle rien ? Eh bien, pour nous, cela ravive le souvenir du remake d’un certain Resident Evil 2, dont le matériel de base était certes beaucoup plus vieux, mais qui affichait la volonté double de vouloir moderniser tout en restant le plus fidèle possible à l’original.
Le remake de Dead Space semble prendre le même chemin. Le court teaser diffusé va d’ailleurs en ce sens et dès la première image, l’on reconnaît aisément les coursives de l’Ishimura et même les quelques bruitages nous renvoyant directement 12 ans en arrière. On s’attend donc réellement à vivre la même expérience sublimée, améliorée et modernisée, ce qui n’est pas pour nous déplaire finalement.
Mais si on se pose la question de la pertinence du remake, c’est au vu de l’âge des premières aventures d’Isaac Clarke, mais aussi de la stratégie d’Electronic Arts vis-à-vis de la licence. On sent là comme une retenue de la part du géant américain dans sa volonté de relancer sa licence survival horror, comme si les échecs commerciaux répétés étaient toujours présents.
Nous doutons même que sans les réussites qu’ont été les deux derniers remakes de Resident Evil, celui qui nous intéresse aujourd’hui aurait été lancé. Il apparaît clair que sans Capcom, il aurait été peu probable de voir revenir sur le devant de la scène la licence Dead Space de la sorte, et si on trouve cela un peu frileux, on peut comprendre le mouvement.
Car en la relançant sans réelle prise de risque, un remake satisfera au moins les vieux à défaut de séduire une nouvelle caste de joueurs, et capitalisera donc sur l’aura d’un jeu considéré comme culte par beaucoup. De plus, se planter au vu du matériel de base serait un véritable accident industriel de notre point de vue.
On peut alors comprendre la démarche. On tâte le terrain, et on prend la température avant de relancer une licence laissée pour morte il y a des années faute de retour sur investissement satisfaisant. Dead Space 2 est encore l’un des quinze jeux les plus chers (en prenant en compte ses coûts marketing) jamais produits, devant même un certain GTA IV.
EA pourrait donc avec ce remake voir si oui ou non la demande est bien réelle pour le retour de cette licence et si oui, il ne fait aucun doute que d’autres titres, inédits cette fois-ci, émergeraient par la suite. Une sorte de dernière chance est donc offerte à la saga et on espère que le remake sera à la hauteur, le succès au rendez-vous, car on l’aime, nous, cette chasse aux monstres spatiaux.