En complément du test de Dark Souls 2: Scholar of the first Sin et de Dark Souls 3 sur PlayStation 4, je vous propose aujourd’hui un article un peu spécial consacré à la série Dark Souls. Ici, on va sortir un tant soit peu du cadre des tests traditionnels pour se pencher sur une expérience de joueur et un vécu personnel. On va s’attarder sur l’expérience Dark Souls dans sa globalité et ainsi tenter d’apporter, au passage, quelques explications sur son succès. Car oui, au fil des épisodes, From Software s’est forgé une véritable communauté de joueurs. J’ai toujours prôné que le jeu vidéo était avant tout une expérience à vivre et Dark Souls en représente un exemple parfait. Alors, on s’installe confortablement à côté du feu de camp et on écoute attentivement tout en reprenant quelques forces.
Petite précision avant de débuter, Quand je mentionne Dark Souls, je parle évidement au sens large et je vise précisément non pas un unique jeu mais bien quatre différents, à savoir Demon’s Souls, Dark Souls, Dark Souls 2 et Bloodborne, bien qu’on s’attardera véritablement sur Dark Souls et Dark Souls 2.
Quand le crépuscule a élu domicile
Par où commencer ? Il y a tellement à dire, tellement à explorer ! Après réflexions, je pense que l’expérience Dark Souls peut être scindée en quatre points bien distincts : son univers, sa difficulté, son équipement et son aspect communautaire.
Hidetaka Miyazaki : ce nom doit être familier pour certains, complètement inconnus pour d’autres, et pourtant derrière cet homme se cache tout l’univers de Dark Souls ! En effet, Hidetaka Miyazaki est l’actuel directeur du studio japonais From Software (notre homme a travaillé également sur pas mal de titres de la série Armored Core). Il est ce qu’on appelle un perfectionniste et a la particularité de laisser champ libre à ses artistes. Ainsi, chaque collaborateur peut exploiter à son maximum ses idées pour en proposer le meilleur. En réalité, la méthode de travail est simple : Miyazaki dicte dans un premier temps des concepts abstraits constituant en quelque sorte des directions. Les artistes ont plus qu’à imaginer le reste et un échange constructif se met en place.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce système fonctionne car le level-design de Dark Souls est l’un des plus beaux et des plus profonds jamais réalisés. Chaque partie devient alors une exploration dangereuse où chaque pas peut vite devenir le dernier. Passages secrets, pièges mortels, couloirs étroits, tout est étudié afin de donner du fil à retordre au joueur. Et c’est sans mentionner la beauté des décors qui frisent à plusieurs reprises le chef d’oeuvre visuel. C’est bien simple, Dark Souls fait partie des jeux où l’on peut arrêter notre progression juste pour admirer le paysage. Il suffit de jeter un œil à la mythique cité d’Anor Londo pour s’en rendre compte. Dark Souls ne serait pas Dark Souls sans ses niveaux diaboliquement travaillés sur leur fond et divinement somptueux sur leur forme.
En parcourant ces terres hostiles, un sentiment inconnu se fait sentir, un troublant mélange d’excitation et de crainte. Dark Souls propose de s’aventurer dans un monde isolé où la mort rôde. Les survivants se font rares et n’accordent pas leur confiance au premier venu. On ne pourra alors compter que sur soi-même, après tout, Dark Souls est un perpétuel duel contre la mort. Le moindre faux pas est fatal. Cette mort omniprésente est également illustrée à travers les zones du jeu : vides, sinistres et sombres. On aura souvent cette impression de visiter un lieu juste après le passage d’une terrible guerre, comme si une bataille sanglante venait de se terminer.
De plus, bon nombre de lieux affichent une lumière vacillante, un soleil au bord du gouffre, un crépuscule éternel. Comme si tout espoir était perdu et que l’ombre et ses ténèbres s’apprêtaient à envahir. Dark Souls dispose d’un univers passionnant doté d’une identité unique en son genre. Dark Souls s’inspire de multiples contes et histoires nordiques pour former un périple froid et cohérent. On notera toutefois quelques imperfections scénaristiques notamment au niveau de la transition entre Dark Souls 1 et 2. Je ne m’attarderai pas davantage sur l’histoire du titre. Pour ceux ou celles qui souhaitent en apprendre plus sur le sujet, je vous invite à consulter le fantastique article de Chroniques Ludiques qui a réussi à détailler le sujet avec brio. Même si elle se veut assez discrète, la musique dans Dark Souls occupe une place importance et renforce le côté dantesque du titre et notre immersion. Motoi Sakuraba est aux commandes de cet OST qui retranscrit à merveille ce monde ravagé. Je vous mets un extrait mémorable juste en dessous.
Passons maintenant au deuxième aspect de Dark Souls : sa deadly difficulté.
La mort vous va si bien
Quand on parle de Dark Souls, on pense directement à sa difficulté corsée. Pour les néophytes de la série, sachez que le titre est ce qu’on appelle un die and retry (également appelé trial and error). Ce genre de jeux propulsé par l’horrible Dragon’s Lair offre un gameplay stricte et intransigeant où le joueur devra mourir pour comprendre. En d’autres termes, il faudra mourir un paquet de fois pour parvenir à passer un passage précis du jeu. Comment savoir qu’un piège mortel nous attend ici ? Comment connaitre le point faible du boss ? Simple, il faut mourir, mourir et encore mourir pour apprendre, comprendre, essayer, se perfectionner et enfin triompher. La mort vous va si bien.
En réalité, Dark Souls a marqué d’une pierre blanche le jeu vidéo par sa difficulté atypique pour l’époque (on remarquera toutefois une légère baisse de celle-ci au fil des épisodes). Attention, je ne rentrerai pas dans le fameux débat « les JV étaient plus difficiles avant » mais Dark Souls reste un défi de taille dans lequel le joueur devra s’investir pour en venir à bout. Patience, discipline et acharnement seront des alliés précieux dans ce combat contre la grande faucheuse.
Mon épée est la plus belle !
La force de Dark Souls réside également dans son équipement varié qui change directement les capacités et l’apparence physique du joueur. Masse d’arme, armure lourde, fouet ou encore faux, tout y est pour créer votre guerrier à votre image. C’est ainsi que le joueur à l’affût des meilleurs pièces d’équipement s’engouffrera dans tous les donjons et dans leurs moindres secrets dans le but de dénicher les trésors les plus rares.
La magie suit exactement le même procédé, il faudra parcourir le jeu de long en large pour acquérir les sorts les plus dévastateurs. Je pense précisément au sort « boule de feu du chaos » de Dark Souls 2, il faudra faire le jeu trois fois pour apprendre cette technique ! Cette obsession de l’équipement est à mettre en liaison avec le mode en ligne du jeu. En effet, Dark Souls dispose d’un mode multijoueur atypique poussant les joueurs à être le plus fort. Explications dans le dernier paragraphe.
Ami ou ennemi ?
Dans le monde intrépide de Dark Souls, personne ne vous entendra crier… enfin presque. Tous les univers sont connectés et chaque joueur peut interagir avec le monde de son voisin par différents moyens. Tout d’abord, il est possible de laisser des messages écrits sur le sol, ces indications générées par la communauté permettent de donner des indices du genre « Attention piège droit devant ! » et ainsi aider son prochain. Ces écrits peuvent également être signes de danger. Des joueurs mal intentionnés essayeront de vous duper en vous donnant de fausses informations : « zone sûre droit devant » et hop on tombe sur un piège mortel alors que notre vigilance était à zéro. Il y a de tout dans Dark Souls et il faudra se montrer prudent. De même, des fantômes rouges apparaissent et révèlent les derniers instants de survie des joueurs.
Ainsi, nous pouvons voir comment ces derniers sont morts. D’autres interactions plus directes sont possibles. En effet, nous pouvons invoquer des joueurs alliés pour venir à bout d’un boss ou tout simplement d’un passage ardu. Un vrai travail d’équipe se construit et Dark Souls révèle une autre de ses facettes basée sur la coopération et l’entraide. D’ailleurs, From Software a bien compris l’importance de ce point en l’accentuant au fil des épisodes. Mais là où la bonté est de mise, le danger n’est jamais loin. Il est également possible d’envahir des mondes de joueur. Ici, pas d’aide, juste un duel entre deux guerriers. Les invasions peuvent survenir à n’importe quel moment (du moment où l’envahi est humain). Déjà le jeu est dur de base, si en plus on rajoute des joueurs ennemis avides de sang…
Dark Souls : une expérience unique
Vous l’aurez compris, Dark Souls est une véritable expérience à vivre manette en main. Grâce à son level-design de maître, sa difficulté corsée, son univers profond et son aspect communautaire original, le titre signé From Software a su marquer d’une trace indélébile le vaste monde du jeu vidéo. Finalement, on sympathise avec cette mort au départ pénible. Je vous recommande vivement de jouer à un titre de la saga, partez explorer de sombres donjons, partez combattre des créatures colossales, partez découvrir les merveilles et les horreurs de Drangleic et triomphez de ses multiples dangers. Promis, on en revient satisfait et plus fort.
Je finirai cet article par mon souvenir le plus mémorable que j’ai de Dark Souls. Lors de mon dernier périple sur Dark Souls 2: Scholar of the first Sin, j’ai affronté un boss nommé Chaos (dans le DLC « Crown of the Ivory King »). Ce dernier est redoutable et a la particularité de générer des mobs assez puissants. Ainsi, on se retrouve très vite à un contre 6, dans ce combat, la mort est la seule issue. Il faudra alors compter sur la communauté pour vous venir en aide. J’ai alors invoqué quatre joueurs dans ma quête ultime. Il s’est alors déroulé le combat le plus épique que j’aie vécu dans toute ma vie de joueur. Il y a eu des pertes côté allié mais le combat fut finalement gagné après plusieurs minutes. Un sacré souvenir.